Une famille composée d'un couple et de leur fils passe ses vacances au bord d'un lac. Deux jeunes hommes leur rendent visite sous un prétexte futile. Ils les séquestrent et leur font vivre un enfer...SPOILERS INSIDEGlaçant ce film! Comme si l'on nous menaçait silencieusement avec une guillotine prête à nous achever à tout moment.
Totalement froid et fortement intense, ça part de rien (un gamin timide et coincé qui demande des œufs), puis fait tomber "accidentellement" le portable dans de l'eau, lui et son copain devenant de plus en plus présents, tout à fait à l'aise et aboutissant à la domination sans vraiment qu'il y a ait de déclic radical.
Un cauchemar sans raison, ce qui est plutôt flippant, qui ne nous lâche absolument pas. Et c'est fou comme ce film est inattendu. On pourrait croire que le reste du film resterait dans la maison, que les tueurs resteront. Pourtant non, le film est parsemé de moments d'espoirs avec une fuite ou un départ, de l'espoir auquel on accorde beaucoup d'importance, et même si on y croit, on se demande vraiment comment on va s'en sortir. L'espoir est comme hissé tel un château de cartes, fragile et pouvant aller très haut, mais c'est pour mieux la faire chuter en la bousculant très facilement (j'ai jamais eu peur d'une balle de golf, en voir une atterrir pour la dernière partie du film m'a fait l'effet de tout un anéantissement brutale en un quart de seconde). Et la seule domination que l'on y trouve, ce sont celles des tueurs.
Arno Frisch, j'ai hâte de te revoir dans un film, tu es génial en tueur froid, calme, poli, supérieur et effrayant. Tu m'auras impressionné jusqu'au bout, t'auras beau parler longtemps, tu installes une tension à la limite du soutenable sans jamais diminuer. Frank Giering tout aussi impeccable en garçon capable du pire et qui pourtant parait ridicule et pleurnichard.
Et Haneke qui nous sert des plans forts (le long plan quasi fixe où l'on voit Anna se détacher et aider Georg après que les tueurs soient partis force le respect). Un sans-faute pour ce film dont la fin et aussi le début montrent la boucle infernale des tueurs aux jeux malsains et humiliants.
j'ai pas revu le début mais je me souviens bien que les voisins répondaient avec retard et ne bougeaient absolument pas quand la famille s'arrête à leur portail, alors qu'on ne se doutait de rien.
Quant à la scène de la télécommande, je vois ça comme un jeu d'Haneke, et nous sommes ses victimes.
En tant que spectateur, on s'attend à des règles et Haneke nous domine en cassant ces règles parce que c'est lui le réalisateur alors bon, et puis on a choisi de voir le film, alors il va nous surprendre jusqu'au bout. Les tueurs entrent dans une propriété privée et dominent ceux qui y habitent.
Déjà le tueur s'adresse à nous directement, citant carrément le fait que ce soit un long-métrage, alors que nous sommes totalement en dehors de l'histoire.
Et s'attendant à du réalisme pur, Haneke nous livre une scène qu'on pourrait croire sortie d'un film de science-fiction. Je ne vois pas trop comment l'interpréter mais je dirais qu'il nous laisse voir ce qu'on imagine ou aimerait voir mais reprend vite son film parce que c'est lui le maître. Ou alors il nous laisse juste voir ce que l'on veut, nous montrant alors de l'espoir mais bon, comme c'est un film sadique qui finira et que nous sommes les victimes, il nous laisse de l'espoir pour le casser ensuite.
Ou alors il nous accuse de voyeurisme, on a souffert le long du film et pourtant ça nous fait du bien de voir un des gars se faire buter sauvagement, il nous montre le bien que ça peut nous faire, montrant alors que nous aussi pouvons voir souffrir pour la plaisir. Mitigé je suis!
Et pour le dialogue final, je dirais qu'en fait, c'est juste 2 ados qui s'imaginent un monde où ils font tout ce bon leur semble, comme dans un rêve où ils contrôlent tout selon leurs volontés. Dans l'original, j'ai eu l'impression que ce dialogue a été enregistré en post-prod, il n'y a quasiment pas de synchronisation, laissant croire qu'en fait, tout ici est irréel.

Je serais très curieux de voir le remake maintenant, non seulement parce qu'on me dit que le copié-collé identique est impressionnant, mais aussi que l'effet est le même, et pour une puissance pareille, c'est plutôt fort.