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Sous prétexte de les guérir de leurs insomnies, le docteur David Marrow a invité à "Hill House" trois de ses patients, Theo, jeune femme belle et élégante; Luke, cobaye professionnel qui est venu pour gagner un peu d'argent ; et Lili, fragile, sensible et vulnérable. En réalité, le docteur conduit une expérience sur les mécanismes de l'angoisse. Or, le château de "Hill House", lugubre résidence construite au XIXe siècle par le richissime industriel Hugh Crain, homme cruel et tourmenté, a la reputation d'être hanté.
Source: allociné
"Hantise" c'est l'angoisse pour petits et grands, l'horreur à portée de tous. Abusant d'effets spéciaux et de situations usés jusqu'à la corde, le film fait penser à une visite dans la maison hantée d'une fête foraine aux portes de la faillite, où le seul objet visant à susciter l'effroi serait Dudule, le squelette en plastique qui traine au bout du couloir. Pour sauver le tout, j'aimerais croire que le long-métrage a été réalisé au second dégré ou du moins, se voudrait dans la tradition d'un "SOS Fantomes" où le but ne serait pas vraiment d'effrayer, mais de s'amuser dans un contexte un peu horrifique. Mais l'absence d'humour vient rapidement balayer cette idée, laissant à penser que le but était bien de faire peur ce qui, en soit, est sans doute la chose la plus terrifiante du film. Complétement dépassé par les événements et pas du tout l'homme de la situation à en juger par son cursus, Jan de Bont promène sa caméra de décors en décors sans donner l'impression d'être concerné par ce qu'il tourne. Ou alors, filmant l'effroi comme on filme l'action ce qui vient désamorcer les moindres situations voulant entrainer un jump scare, lesquelles de toute façon n'avait que peu de chance de fonctionner, le scénario alignant une brochette hallucinante de clichés sentant la naphtaline. A ce point, on regrette que Wes Craven ou l'attelage Steven Spielberg / Stephen King se soient désintéressé du projet car il n'y avait pas besoin d'être en grande forme pour faire mieux. Les acteurs, abandonnés à leurs sorts, font ce qu'ils peuvent et seul surnage à peu près Liam Neeson et encore, on le sent un peu accablé lors de certaines scènes. Pour le reste, c'est la bérézina entre Lili Taylor à côté de ses pompes, Owen Wilson qui a visiblement oublié qu'il n'était pas dans une comédie et une Catherine Zeta-Jones encore bankable, ce qui nous rappelle au passage que le film à plus de dix ans. Il faut dire pour leurs défenses que les personnages qu'ils ont a joué sont très peu développés, ressemblant plus à des incarnations d'un trait de caractère marqué qu'à des véritables personnalités. En plus, il y a cette sensation étrange que les rôles ont été écrit pour des comédiens ne dépassant pas la vingtaine, ce qui en soit n'aurait rien d'étonnant. Nous sommes en effet trois ans après la vague Scream qui amena dans son sillage tout un tas de teen-horror movie de qualité variable. Du coup, "Hantise" offre à ses personnages les réactions habituelles de ce genre de film, les comportements aussi, avec la fille trop superficielle qui semble prêt à coucher avec tout ce qui bouge, la nunuche un peu timide, le gars blagueur... sauf que comme le casting est un peu agé, ça donne surtout le sentiment de voir une bande de demeurés bien trop vieux pour ce genre d'âneries.
Récoltant cinq nominations aux Razzie Awards 99, ce qui ne veut pas dire grand chose lorsqu'on sait que durant la cérémonie, "Showgirls" obtint le titre de pire film de la décennie (sans être un grand cinéphile, je peux affirmer sans me tromper qu'il y a nettement pire) on ne sait trop comment ce remake de "La maison du diable" a réussi à rentrer dans ses frais. Toujours est-il que le résultat final est un foirage complet mais qui, hélas, ne sombre pas dans la nanardise. Car si on peut bien sourire de quelques situations téléphonées et d'une volonté stupéfiante de vouloir rendre accessible au plus grand nombre un matériel de base pas vraiment tout public (un peu comme si Disney rebootait "Massacre à la tronçonneuse"), le tout est bien trop navrant pour mériter cette ultime planche de salut. Du coup, si votre périple vous mène un jour devant le manoir Crain, je ne saurais trop vous conseiller de passer votre chemin. Si vous êtes là pour passer un bon moment de Cinéma et/ou avoir les pétoches, nul doute qu'il doit bien avoir d'autres baraques hantées dans le secteur.

Une affiche française qui nous apprend une chose: certains picolent dur à "l'écran fantastique".