
A.I. Intelligence artificielle
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Dans un XXIe siècle, où la fonte des glaces a submergé la majorité des terres habitables et provoqué famines et exodes, les robots sont devenus une composante essentielle de la vie quotidienne et assurent désormais la plupart des tâches domestiques.
Pourtant, le professeur Hobby veut aller encore plus loin en créant le premier androïde sensible : un enfant capable de développer un vaste répertoire d'émotions et de souvenirs.
Peu après cette annonce, David, un robot de onze ans, fait son entrée chez Henry et Monica Swinton, un couple dont le jeune fils a été cryogénisé en attendant la découverte d'un remède pour guérir sa grave maladie. Bientôt abandonné par sa mère adoptive, David entame un périlleux voyage à la recherche de son identité et de sa part secrète d'humanité.
Déroutant et déstabilisant. Je ne vais pas allez jusqu'à dire que je devine toujours ce qui va se passer dans un film, mais j'ai le vilain défaut de toujours vouloir anticiper, de réfléchir aux situations qui peuvent en suivre une autre et cela de façon un peu trop systématique. Et là, j'ai apprécié de voir une oeuvre qui prenait systématiquement le contre-pied de ce que j'avais en tête. Les différentes approches, entre le réalisme, la science-fiction et le conte de fées surprennent, il se passe des choses qu'on ne voit pas venir et la façon dont elles sont racontées trouble le spectateur. L'enfant apparaît très inquiétant au début mais cela finit par changer, les rapports entre les personnages ne sont pas gravés dans le marbre... . Le futur dépeint n'est pas non plus caricatural, on a certes vu plein de films d'anticipation avec des androïdes, et on reste dans un terrain balisé et connu mais il y a une identité propre dans les costumes, les couleurs, les éclairages... . Là aussi, on passe d'un décor à l'autre et on se surprend a découvrir un univers cohérent et nouveau. La façon dont les acteurs jouent n'y est pas non plus pour rien. Les robots sont des robots, on le sent dans un hochement de tête, une façon de dire un mot, mais on assiste pas à des prestations mécaniques où on en ferait des tonnes pour bien nous montrer qu'on est sensé être en face d'une machine. Jude Law est excellent, Haley Joel Osment nous fait regretter qu'il n'est jamais su passer le cap de l'enfant star pour continuer une carrière qui s'annonçait prometteuse (rien n'est perdu mais aujourd'hui, il est plus comédien de doublages qu'autre chose). A part ça, c'est aussi une oeuvre qui vous fait beaucoup réfléchir sur qu'est-ce qu'être humain ? Y'a t'il une différence entre un robot et un homme ? Qu'est ce que l'amour ? Autant de questions qui sont au coeur de beaucoup récits de SF mais qui trouve ici un éclairage nouveau, malgré une espèce d'explications universelle en fin de film plutôt mal venue et à côté de la plaque, le reste du film nous laissant finalement répondre à chacune des interrogations, sans que ce soit non plus totalement établis, il n'y a pas de réponse A ou B, mais beaucoup de nuance. Cela dit, l'un des défauts du film vient sans doute du fait qu'il y a énormément de thèmes abordés et qu'on a le temps d'en oublier la moitié avant d'arriver au bout. Il est aussi assez dommage que Spielberg s'échine à faire un film de Kubrick, les multiples références au papa de "Shining" et "2001 l'Odysée de l'espace" ne sonnant pas toujours juste ou tout du moins, semblant hors de propos tant on imagine pas Kubrick faire la même chose s'il avait été derrière la caméra. Il y a une volonté de capter une ambiance, et c'est très bien fait, mais est qu'oncle Stanley aurait décrit un univers ou une scène de la même façon qu'il l'aurait fait dans d'autres de ces films ? Ce n'est pas certain, du coup, le mimétisme de certaines ambiances a de l'intérêt d'un point de vue technique, parvient à son objectif, mais on doute un peu de sa pertinence. Il y a donc parfois quelque chose de, allez osons la facilité, artificielle dans ce film qui nous fait penser à un assemblage d'ingrédients calculés, au détriment d'une certaine émotion. Mais ça reste tout de même un long-métrage complexe et très beau graphiquement.