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On a beau ne pas en comprendre tout les rouages, Margin Call est un film dont on saisie l'essentiel. Pas vraiment une vulgurisation du monde la Finance, mais une plongée dans un univers opaque qu'on voudrait rendre plus accessible. Sans doute moins romanesque qu'un "Wall Street", J.C. Chandor ne cherche pas à rendre ses personnages attachants malgré leurs faiblesses, on est donc pas dans le même schéma que les films d'Oliver Stone . Un réalisme qui apporte son charme, bien que rendant le tout parfois un peu trop froid. D'ailleurs, on peut trouver un poil exagéré certaines critiques ultra-positives entourant le film. J'avais entendu parlé d'un scénario bien écrit, d'une mise en scène "attention, vous allez voir ce que vous allez voir". Et finalement non, rien de tout ça. L'histoire tient la route et réussit à ne sacrifier aucun de ses personnages, tous, même les plus petits, ayant de l'importance. Mais sortie d'un huis-clos où des gens taillent le bout de gras en se disant qu'ils sont, ma foi, bien dans la merde et que ça serait bien d'en sortir, il ne se passe finalement pas grand chose. Un enjeu finalement extrement simpliste et qui se trouve étiré sur la longueur comme pour masquer qu'on aurait sans doute pu faire un court-métrage avec la même matière. La réalisation pour sa part est propre, soignée mais se prend un peu les pieds dans le tapis lorsqu'elle tente de se montrer un peu plus élaboré que poser la caméra dans la pièce. On ne peut pas nier que Chandor a un talent pour rendre son oeuvre pas du tout ennuyeuse, chose qui tient de l'exploit avec un sujet si mince et qui aurait pu être abscons pour le commun des mortels, néanmoins on reste plus réservé sur sa façon de manier les allégories avec la finesse d'une tractopelle. Les boursicoteurs et leurs casques sur la tête, signe qu'ils sont coupé du monde qui les entoure, le chien de Kevin Spacey qu'on enterre dans le jardin, symbole du système qui s'effondre... . Toutes ces petites idées auraient gagné à ne pas être présente, tant elles ne font que remettre un coup de stabilo sur des textes écrits en gras, pour le coup, on a un peu l'impression d'être pris pour des débiles à qui on voudrait faire rentrer certaines idées de force.

Pourtant, si on trouve facilement certains défauts, le gros point fort de Margin Call vient de son casting en beton armé. Chaque personnage est interprêté avec beaucoup de justesse, je pense notamment à Kevin Spacey qu'on attendait comme le grand vilain vu son cursus et qui se trouve sans aucun doute être le plus humain des différents protagonistes. Mais il y a aussi Paul Bettany, Zachary Quinto, Stanley Tucci, sans oublier Demi "Ultimate MILF" Moore. Et puis il y a aussi Simon Baker qui depuis "Mentalist" semble avoir trouvé son registre de bonhomme sournois, manipulateur mais aussi capable de vous cracher à la figure les pires atrocités avec un sourire de représentant Colgate. Enfin vient Jeremy Irons, dont le machiavelisme et le manque de considération pour l'espèce humaine ferait passer Gordon Gekko pour un jeune puceau. Ce n'est pas le personnage le plus présent à l'écran mais il bouffe chaque scène où il apparait, on à l'impression que viennent avec lui les multiples licenciements et faillites dont il est à l'origine. Belzébuth rentrerait à sa place dans la pièce qu'on se sentirait pas autant mal à l'aise et c'est vraiment agréable, ou pas, de sentir un acteur pouvoir dégager cette impression en, allez, quinze minutes de présence à l'écran à tout casser.

Du coup, si on peut emettre certaines réserves poussant à ne pas nous enflammer autant que d'autres concernant le génie de J.C. Chandor, on retiendra tout de même qu'il sait offrir à ses comédiens la matière à des vrais numéros. L'ensemble est sans doute un peu trop faiblard pour faire de ce Margin Call un chef-d'oeuvre, mais il en résulte qu'il arrive à nous passionner pour une histoire pas du tout glamour à la base ou alors autant que le JT de l'éco sur I-Télé. Mais bon, avouons le aussi, sortir d'un film en ayant l'impression d'avoir compris toutes les ficelles du système boursier et les raisons de la Crise, ça caresse suffisament l'égo pour être aussi un minimum indulgent avec quelques faiblesses.