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Le petit-fils d'un des leaders noirs ayant milité pour la cause des droits civiques pour sa communauté, Henry Burton, jeune idéaliste, est à la recherche d'une belle et noble cause. C'est ainsi qu'il entre en politique et qu'il se joint à la campagne présidentielle de Jack Stanton, gouverneur progressiste d'un petit Etat du sud des Etats-Unis où ses ancêtres étaient esclaves.
Source: allociné
http://www.allocine.fr/video/player_gen ... =6549.html"La politique, c'est pô propre". Voilà le message de ce "Primary Colors". Un thème mainte fois abordé mais qui réussit à emballer son spectateur. Rapidement, on se passionne pour cette campagne et ses nombreux rebondissements, faits de malchance, coups tordus, squelettes sortis du placard... . Globalement, ça retranscrit assez bien ce que l'on imagine être une course à l'investiture, du bas de l'échelle à la Maison Blanche et ça se veut plus convaincant que par exemple "Les marches du pouvoir" qui avait une trop forte tendance à enfoncer les portes ouvertes. Le casting est pour beaucoup dans l'intérêt qu'on porte à l'histoire avec un Travolta capable de jouer l'honnêteté même une seconde et le fils de pute l'instant d'après (un bon politicien en somme), Emma Thompson royale en femme bafouée mais véritable cerveau de la campagne puis tout un tas de seconds rôles dont Larry Hagman qui nous livre une variation autour de son personnage de JR et surtout Kathy Bates "fouille-merde" officiel de l'équipe dont la principale occupation durant le film sera de deterrer les cadavres des adversaires pour mieux les intimider.
Néanmoins, malgré le bon moment que l'on passe devant ce film, je ne dirais pas qu'il est pleinement réussi, à cause surtout de son manque d'homogénéité. Il y a des passages très porté sur le second degré, la farce, on s'amuse beaucoup sur le plateau et c'est communicatif alors qu'à d'autres, on est dans le sérieux pur et dur, le drame. Je dirais même que le long-métrage est coupé en deux avec une première partie, franchement axé sur la comédie et une deuxième limite malsaine. Un peu comme si le réalisateur ne savait pas vraiment sur quel pied danser. C'est aussi vrai dans le contenu car s'il est évident qu'on nous parle d'un couple qui ressemble beaucoup aux Clinton, ce n'est pas eux non plus, mais tout de même, les similitudes sont trop grandes pour qu'on identifie pas les personnages, de fiction, comme étant de "vrais gens". D'autant qu'une partie de l'intrigue s'inspire de l'affaire Gennifer Flowers, actrice ayant eu des relations intimes avec Bilou. Sauf que d'autres faits sont visiblement de la pure fiction, si bien que le mélange des genres rend le tout un peu malhonnête dans le sens où si Clinton est un coureur de jupons, il n'est peut être pas aussi pourri qu'on nous le "décrit" dans le film. Je ne dis pas que le type est un saint, j'en sais fichtrement rien, mais il y a un sentiment bizarre qui se ressent assez rapidement, comme si on se servait de la fiction pour changer la réalité et qu'on se servait du personnage de Stanton, coupable d'un paquet de saloperies dans le film et que par un jeu d'association on cherchait à faire rentrer dans l'esprit du spectateur que Clinton s'était vraiment comporté de la sorte durant sa campagne. Mélanger fiction et réalité est une chose mais on la nette impression qu'il y a ici un but de nuire et c'est assez dérangeant. Après on va dire que le bouquin dont le film est tiré a été écrit par quelqu'un qui a suivi la campagne de Clinton, donc qu'il y a, forcément, un fond de vérité, chose que je ne nie pas. Mais il y a aussi des choses qui ne sont pas prouvables ou largement remanié du coup, l'équilibre entre vrais infos établis et gros ragots, traités sur un pied d'égalité m'a un peu gêné. La narration est pas top moumoute non plus, il y a des ellipses pas toujours fines, des scènes qui donnent l'impression qu'on a tranché dans le vif au montage, certains personnages disparaissant ou revenant sans prévenir (celui de Maura Tierney est même purement et simplement zappé d'une scène à l'autre sans explications. "Elle est partie", point. Pourquoi ? On en saura jamais rien).
Dans l'ensemble, on peut donc dire que c'est une satire du monde politique agréable à suivre, suffisament bien interprêté et mis en scène pour qu'on ne voit pas passer les 2h15 du film. Après, il y a tout de même une entreprise de mystification un peu sale qui vient gacher le tout... . Disons que si tout est vrai, on fait un film sur les Clinton et on apporte les preuves de ce qui est montré ou alors, on fait quelque chose sur les politiciens en général en mettant bien en évidence que c'est tout de même de la fiction mais que les deux en même temps, ça pose problème. Un peu comme si on faisait un film sur un dénommé Nicolas Zarovsky, président français un peu bling-bling faisait clairement pensé à quelqu'un de connu et qu'entre deux faits connus de tous, on nous disait qu'il était aussi amateur de partouzes avec des enfants ou coupable de meurtre, je sais pas. Même sans aimer le bonhomme auquel on fait allusion, on aurait tout de même la sale impression qu'on a violé sa propre vie tout en cherchant à nous faire croire comme vrais des actes purement romanesques. On aurait beau se dire que ce n'est qu'un film, qu'on peut se permettre de changer un peu la réalité pour l'amour du septième art, le malaise serait tout de même un peu présent au moment du générique.