Vampyros Lesbos
1970
Allemagne, Espagne
86 Min.
Réalisateur : Jess Franco
Avec : Soledad Miranda, Dennis Price, Paul Muller, Ewa Stroemberg ....
DVD Synapse Films - 1999
Et si Blade Runner s'était appelé Do Androids dream of electric sheep ?
Et si 2001 L'odyssée de l'espace s'était intitulé Pour une valse avec toi, je ferais n'importe quoi ?
Et si Seven s’était appelé La tête dans le carton à chapeau ?
Eh bien, si Vampyros Lesbos s'était appelé Miss Dracula à Istanbul, la salle de la Cinémathèque soir-là aurait été vide. Mais pour Vampyros Lesbos, curieusement, c'était plein, du 1er rang jusqu'aux tape-culs des strapontins (un alibi culturel pour mater du cul, cool).
Nous voilà donc en ce lieu réunis pour une curiosité, film de vampires germano-espagnol, millésimé 1970, dont l'action se déroule en Turquie. Action, le mot est peut-être un peu fort… disons que ça consiste essentiellement dans les très softs ébats de jeunes femmes dévêtues assez appétissantes.
L'histoire… à Istanbul, une femme-vampire attire dans ses sexy rêts de jeunes beautés, pour des motifs assez obscurs. Mais en gros le but est de se mettre à poil assez rapidement et de se caresser mutuellement sur des couvre-lits en moumoute rouge, le tout sur une musique psyché, solos d'orgues, petit rythme chaloupé, soupirs languissants, sur les violons, gimmicks technoides – ah, cette préhistoire des synthés, période bénie dont Jean-Michel Jarre ne polluait pas encore l'oxygène…
Et puis ça finit dans le sang, bien sûr : y a pas que le lesbos, faut aussi penser de temps en temps au vampyros, m’enfin.
Si la bande son est kitchissime, le filmage n’est pas moins typique, terriblement daté fin des années soixante : vous voyez la scène du cimetière dans Easy Rider, le côté trip au LSD ? Ici, ce ne sont que métaphores visuelles répétées tout le long du film, image de scorpion dans une piscine, de gouttes de sang sur une fenêtre, de cerf-volant dans le ciel, etc.
Les angles de vue sophistiqués ont pour effet principal de faire s'esclaffer l'auditoire, et le jeu des acteurs évoque les meilleurs moments de Marc et Sophie, sauf que les actrices sont légèrement mieux gaulées que Julie Arnold (dont on n’a plus de nouvelles, d’ailleurs). A la décharge de Jess Franco, il faut bien avouer que la post-synchro en allemand n'aide pas, tout comme les double sous-titres en français + néerlandais, histoire d’être sûrs de bien comprendre.
Pseudo-philosophique, plombé de symboles, Vampyros Lesbos brasse des thèmes universels : comment se baigner dans la mer quand on est une bimbo allemande et qu'on a oublié son maillot (ben, on se met à poil)… comment on évoque symboliquement le vampirisme sur une scène de théâtre, devant un public fasciné (ben, on se met à poil), etc.
Le budget « sang » du film doit correspondre au PIB du Bouthan , mais le budget total du film ne doit néanmoins pas atteindre le prix d’une bonne Twingo d’occase. Malgré ce manque certain de moyens, Franco a le génie d’expérimenter tout l’univers Lynchien, mais si, mais si : une brune et une blonde, des relations saphiques, des symboles partout, un rythme hallucinatoire…
En revanche, pas l’ombre d’un nain à l’horizon, pas de rideau rouge ni de carrelage à damier, mais le décor vaut, lui, son pesant de loukoums, design seventies à donf, plastique esthétique, formes rondes, couleurs criardes ; le plafond Phildar rouge gagne le pompon.
Au final, la qualité principale du film est une mollesse d'ensemble qui n’est pas sans rappeler un conseil des ministres animé par Jipé Raffarin dans ses meilleurs jours. Alors si vous avez une dent contre les vampires amateurs, passez votre chemin ; si vous être plus tolérants, vous mordrez sûrement à l’hameçon, notamment grâce à Soledad.
En cadeau-bonus, parce que c’est vous : la bad girl.
Phénoménale, sexy, étrange... Après recherche, elle est totalement culte (star mystérieuse, destin tragique…).
Hommage donc à Soledad Miranda.
Par la porte entrebâillée
Je te vois rêver
A des ébats qui me blessent
A des ébats qui ne cessent
Peu à peu tout me happe
Je me dérobe je me détache
Sans laisser d’auréole
Les cymbales les symboles
Collent
On se rappelle
On se racole
Peu à peu tout me happe
ps : Cette chronique reste le propriété de notre forumeur Thrillington