Je vois déja les béotiens se dire : "Une série policière Française ? Il a déjanté lui ou quoi ?!" Je vous rassures tout de suite, ma santé mentale n'est pas en cause (bien que le visionnage récent de "Blood Freak" m'ait laissé quelques traces, indélébiles je le crains, au niveau de mon subconscient, provoquants une scission irréparable entre mon moi profond et mon surmoi. Mais là n'est pas le propos. Habitué par Papi-Mami au visionnage de Navarro, et autres Commissaire Moulin, j'ai une vision très "manichéenne" des séries policières hexagonales : à savoir, un gros bouzin, dont le sens du rythme n'aurait rien à envier à celui d'une clé à molette rouillée. Ainsi donc, quand ma môman m'a dit "regarde Engrenages, c'est une très bonne série... Française" J'ai doucement souri, en croyant qu'elle s'était mise au nanar sérié. Espérant une bonne tranche de rire devant des situations grotesques et des héros sous respirateur artificiel, je me précipitais sur l'épisode du moment, en évitant soigneusement de lire tout avis ou critique sur la série ! Mauvaise pioche ! Oui, car Engrenages est de ces séries qui montrent que les Frenchies savent aussi faire des choses d'excellente qualité : - Engrenages c'est avant tout des acteurs au top : Caroline Proust en Capitaine de Police Judiciaire désabusée, Grégory Fitoussi en Jeune procureur idéaliste constamment rattrapé par le poids de l'exécutif sur la justice Française, Thierry Godard en flic usé, accro à la dope et aux moeurs légères, Philippe Duclos (excellentissime) en juge d'instruction, à la fois retors, imaginatif, et assez cynique, Daniel Duval en avocat véreux, flanqué d'une sublime Audrey Fleurot en jeune avocate aux dents longues, et tant d'autres que j'oublie, mais qui sont très bien dirigé par une réalisation qui se veut très réaliste. - En effet, les coulisses de la police et de la justice semblent se mettre à nu, nous offrant leurs faces les plus sombres, les plus glauques et les plus inavouables : Du procureur général aux ordres du pouvoir, aux flics qui, s'ils veulent des résultats sont obligés de truander allègrement, en passant par les combines d'avocats pour défendre des clients qu'ils savent coupable, tout y est. - La réalisation en elle même, est à la fois très dynamique, et, étonnamment, très posée, minutieuse. Les détails sont explorés avec beaucoup de justesse, mais sans trop s'y attarder non plus, ce qui fait que bien que l'on ne s'ennuie jamais, on éprouve jamais de frustration parce que l'on a pas compris un événement. L'art de manier le complexe "ni trop, ni trop peu" s'expose ici sans fioriture, avec l'aide d'une équipe de scénaristes au poil, bien aidé, il est vrai, par Guy Patrick Sanderichin et Alexandra Clert (dont l'un est avocat et l'autre journaliste me semble-t-il), qui apportent à la fiction, le réalisme qui à beaucoup trop souvent fait défaut à nos productions hexagonales.
Ainsi, il s'agit, une fois n'est pas coutume, d'une excellente série, qui mérite d'être découverte ou redécouverte. D'ailleurs, les signes ne trompent pas : Pour la première fois depuis près de vingt ans, une série Française s'exporte à merveille à l'étranger, en particulier en Angleterre, puisque la BBC, non seulement la diffuse, mais en est en plus, devenu coproductrice avec Canal+.
_________________ La philosophie selon Steven : Ne jamais oublier que la force du Panda se situe dans son Catogan....
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