wallflowers a écrit:
Sbel a écrit:
hermanniwy a écrit:
Et la séquence comédie musicale LSD de Hansel et Gretel, hein ? Hein ?
Woputain oui, j'avais oublié ce truc !
Je suis gentil
Je suis un homme
Je suis donc un gentilhomme
Oui mais mine de rien ca fait écho à Beaumarchais dans le Mariage de Figaro : « Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. »
En effet, qu'est ce qu'un gentilhomme ? Si on se remémore Platon, dans La République, l'aristocrate est, au sens étymologique du terme, celui qui est meilleur, d'une nature supérieure, et donc plus apte à diriger la cité, d'où l'idée qu'un régime aristocratique est le meilleur qui soit, ce qu'Aristote corrigera par la suite dans l'Ehtique à Nicomaque et la Politique, en présentant la démocratie comme un système porteur de plus de garanties.
Rien n'indique donc que le gentilhomme soit un noble au départ, ce n'est que la pratique qui a amené à désigner un certain nombre de familles comme étant supérieures par essence au commun des mortels. Chez Beaumarchais, on voit ce retour, très iconoclaste, sur l'aristocratie : la naissance ne confère pas le pouvoir, ne doit pas le conférer, mais c'est bien le talent et le génie qui désignent le vrai dirigeant.
En disant "Je suis gentil" (soit en prouvant son ethos, dirait un philosophe sophiste, en montrant sa bonne volonté, son honnêteté et sa valeur, puisque "gentil" au Moyen Âge à, selon le TFL, le sens de "noble", d'estimable, et non d'aimable), "je suis un homme" (soit en insistant sur le pathos rhétorique, le sentiment, en faisant appel à la reconnaissance intuitive du public, qui ne peut que lui reconnaître cette qualité, cf Levinas, Totalité et Infini), "Je suis donc un gentilhomme" (logos, la démonstration logique, Je suis A, je suis B, je suis donc AB, encore renforcée par la consonnance des mots employés), le sujet forme le dernier moment d'un discours rhétorique parfait, apanage des leaders politiques sous la démocratie athénienne, soit encore un appel à l'abolition de l'aristocratie).
On a donc là, en fait, un discours puissant, puisant aux sources antiques pour forger un discours révolutionnaire (rappelons que le conte Hansel et Gretel se passe et a été découvert par les Frères Grimm sous l'ancien régime en Allemagne) visant à rendre à chaque homme sa souveraineté : la noblesse n'est pas une question de naissance, chacun peut librement proclamer sa qualité de gentilhomme et, en tant que tel, être amené à diriger non seulement son propre destin mais aussi la cité.
Je relis Kant immédiatement pour savoir si cette reconnaissance est simplement le fait de la conscience intime ou si elle passe par la reconnaissance de ses qualités et de ses capacités par l'Autre, et sous quelle forme.