Un Nu Image pas nanar... mais pas navet. Pas OSFA donc, un vrai BF quoi!
Film vu sur petite télé bombée à contre-jour, heureusement qu'il faisait pas beau. La photo sombre et soignée doit le rendre encore plus plaisant sur un bel écran dans le noir.
Rien de neuf et petit budget MAIS on ne s'ennuie pas et on en sort pas avec un goût amer de ratage honteux d'un projet attendu et friqué... En d'autres termes: Predatorman enterre Doom et AvP.
Les "CGI moches" se limitent justement aux plans d'hélicos, qui ont un look d'enfer (imité des F117)

- plans que je trouve très honnêtes, bien sûr on voit le trucage, mais on est chez Nu Image. Et utilisés avec intelligence, pas pour en mettre plein la vue et faire durer le métrage, à la Anderson...
La créature n'est pas le craignos monster qu'on pourrait croire, elle est bien filmée, jamais ridicule, à la fois beaucoup montrée et jamais dévoilée. Là encore, beaucoup d'intelligence dans la façon de filmer, assez surprenant dans un film sans prétention avec un titre pareil...
L'héroïne est pas banale: ni hyper sexy ni très sympathique ni vraiment mise en valeur avant le combat final - séquence par ailleurs assez culottée, à la fois capillotractée et filmée sans maladresse. Ca aurait pu être un sommet de mauvais goût foireux, eh ben non. Pas plausible pour deux sous mais ça fonctionne.
La "tronche connue sur le retour en vedette américaine", John Savage, au physique de chaînon manquant entre Jim Morrisson et Billy Drago, ne cabotine même pas! Pourtant son rôle de savant fou en plein délire mégalo-mystique pouvait s'y prêter. (Bon, peut-être qu'il se fait juste un peu ièch et assure le minimum en attendant l'heure de passer à la caisse. Difficile d'être sûr avec ces vieux gredins.)
En comparant le prégénérique (long et miteux, digne d'une mise en bouche de vrai nanar navetonneux) avec le twist final (vite expédié), j'ai eu la sensation que le prologue avait été fait par quelqu'un d'autre, après coup, pour appâter l'amateur de Z et justifier un aspect vraiment secondaire de l'histoire, à savoir la pierre extraterrestre mystique à l'origine de la re-création des monstres, blablabla. Intro lente à la "docu-fiction archéologique allemand", fin sans épilogue: ça fait penser à pas mal de jeux vidéo, et l'esthétique du film (clair-obscurs, couloirs, action sanguinolente) renforce ce sentiment. De plus on s'attache pas vraiment aux personnages, on évite pas mal de clichés du genre (quasiment aucuns dialogues "militaires" de GIs en action, aucun noir au casting!!!), c'est l'action (ou l'expectative) qui prime. Ca va crescendo et quand c'est fini, c'est fini, pas de chichis.
Bref, comme on dit quand on ne l'est pas, Predatorman recycle certes sans vergogne des idées/designs/ressorts piqués dans 20 ans de ciné fantastique, mais supplée à son manque d'imagination par un vrai savoir-faire et de l'originalité dans la forme, qui s'exprime surtout dans la volonté d'éviter les écueils d'un genre très codifié. Malgré l'aspect "vu et revu" on ne s'ennuie pas et on ne ricane jamais vraiment non plus. Un petit film qui redonne la foi dans le "fantastique à monstre et couloirs" après des pelletées d'histoires aussi ennuyeuses qu'alambiquées et saturées d'effets numériques putassiers.