Street Trash de Jim Muro a été maintes fois désigné comme un film culte de la série Z, cependant l’argument se tient uniquement dans le domaine de la série Z. Détenant toutes les caractéristiques intellectuelles d’une production « Troma » (on retiendra la scène d’anthologie où les clochards se passent un pénis tranché pendant que son propriétaire tente de la rattraper en disant : «Rendez-le moi, c’est mon seul héritage»).
Le film a vraiment de quoi élever un débat relatant la thèse de Sirius sur le comportement interne du vésicule du troisième degré de l’hypoténuse subalterne n’est-ce pas ?
Street Trash surprend par sa stupidité effarante. Street Trash n'est pas un film gore dénonciateur comme "Dawn of the Dead" de George A. Romero et ne délivre strictement aucun message. Jim Muro veut simplement faire du gore en quantité sans se compliquer pour l'ancrer dans son histoire réellement accessoire. Au niveau du gore, Street Trash l’est sans vraiment l’être puisque les clochards fondent ou explosent en diverses couleurs criardes.
Pour une personne qui comme moi regarde principalement du David Lynch, Lars Von Triers, Stanley Kubrick où Terry Gilliam, le changement de température est quelque peu brutal mais en prenant le film pour ce qu’il est réellement (un film marrant monument du gore bricolo sans scénario et totalement dénué de dignité) on passe franchement un agréable moment convivial sans ce soucier de la qualité du métrage. Jim Muro étant par la suite devenu un «steadycameur» professionnel sur de grands plateaux comme celui de Titanic de James Cameron, certains plans réalisés à la « steadycam » (méthode innovée par Sam Raimi sur le tournage Evil Dead consistant à rendre les travellings plus fluides avec un système de contrepoids) sont vraiment impressionnant.
Si cette étonnante maîtrise plutôt incongrue dans un film de ce genre surprend, on peut plaindre le fait que certains plans tentant désespérément d’innover (comme la caméra faisant une rotation verticale complète entre deux personnages) sont utilisés de manière totalement gratuite et sans intérêt. Jim Muro a dût penser que ça faisait joli un point c’est tout. Certaines séquences sont inutiles et ne font pas avancer l’intrigue principale que l’on a tendance à oublier. Au final on ne sait pas d’où provient cette bière ni qui l’a créé, pour quelles raisons ? Dans le scénario, Jim Muro et Roy Frumkes aurait pu faire jouer le personnage de Bronson à la guerre du Vietnam (série de flash-back foireux soit dit en passant...) pour expliquer d’où provient cette bière étrange ?
Demandez à quelqu’un qui a vu Street Trash de vous raconter la scène la plus marquante et fun du film il vous répondra irrémédiablement que c’est celle où un clochard à l’haleine ravageuse fond sur le trône dans une purée bleutée en hurlant à la mort tentant de ne pas glisser dans le trou en s’accrochant désespérément à la chasse d’eau, un sommet du bon goût. J’apprécie aussi la scène où Wizzy fond contre un mur publicitaire en gerbant du jus orangé visqueux ou encore le gros gogol qui explose comme un pet en pleins de tripes et boyaux dégoulinants d’hémoglobine, sans oublier la « baiseuse officielle» de Bronson dont les seins se percent et fondent dans un liquide jaune criard avant que cette même victime alors coupée en deux s’échoue sur une poubelle (tout cela dans des bruits absolument hideux).
Que du bonheur pour une soirée gore entre amis (sachant qu’il y a un peu d’érotisme aussi, Z oblige)…à la fin du film on a envie de prendre une douche tellement l’univers du métrage est crasseux. Je m’attendais quand même à plus gore que ça…
Conclusion : je ne saurais dire pourquoi j’aime ce film nul et intégralement cul-culte (même Mad Movies n’aime pas, c’est dire…).
