Un film d'Andrew V. McLaglen
avec : Joe Don Baker, Martin Balsam, Linda Evans, John Saxon
Titre français alternatif : "Liquidez l'Inspecteur Mitchell"
Catégorie : Trop bons films (ou "Kitsch et bis sympas", j'hésite un peu)
L'inspecteur Mitchell est une brute doublé d'un blaireau, mais il est particulièrement obstiné et finit par démanteler une organisation de trafiquants de drogue. Ce polar seventies se traîne aux Etats-Unis une réputation de gros nanar depuis que l'émission "Mystery Science Theater 3000" en a réalisé un détournement humoristique. On aurait du s'en méfier, car non seulement l'humour de "MST3K" est parfois des plus agaçants, mais ils ont également tendance à s'acharner sur des films qui ne méritent pas tant d'indignité. "Mitchell" est de ceux-là. Il ne s'agit pas d'un film extraordinaire et ça a vieilli, mais dans le registre "polar de série B avec de la baston", ça ne se révèle pas si mal à la revoyure. La mise en scène est fonctionnelle et parfois efficace sans être magistrale et, même si le scénario n'est pas renversant et que certaines scènes finissent par devenir un peu idiotes (notamment avec la call-girl interprétée par Linda Evans, future vedette de "Dynasty"), le tout se suit avec plaisir.
Une bonne partie des blagues de "Mystery Science Theater 3000" reposait sur le fait que le personnage principal est un gros beauf : c'est justement l'un des points forts du film. Joe Don Baker est très convaincant dans son rôle d'anti-héros paradoxal, bas du front, méchant, gaffeur, amateur de revues porno et avec la dalle en pente. Le héros est un beauf parfait, qui porte de surcroît des vestes à carreaux ignobles, mais il finit par réussir son enquête parce qu'il est rusé à défaut d'être vraiment intelligent et parce que, comme dirait Clint Eastwood, "L'inspecteur ne renonce jamais". A force de foncer droit devant lui et de ne jamais renoncer à son but, Mitchell finit par envoyer au tapis ou au cimetière l'intégralité des autres personnages, qui ont eu tort de le sous-estimer (le film est relativement violent pour l'époque). Voir un personnage ni sympathique ni séduisant, qui avait tout pour être un loser, se révéler finalement un winner (un peu comme si Columbo résolvait ses enquêtes en écrasant la gueule des suspects sur le mur jusqu'à ce qu'ils avouent) est l'une des originalités de ce petit film pas génial mais sympathique, qui mérite franchement d'être réhabilité. Méfiez-vous des réputations abusives dûes à des humoristes douteux !
