Les anges du mal 2 (reform school girls) Tom DeSimone - 1986
Qu’est ce que la vie, sinon ce puit sans fond, ce chagrin, ce désespoir tenace ? Qu’est ce que la condition humaine sinon ce néant pascalien dont rien ne peut nous consoler quand nous y pensons de plus près ? Ah ça ! Heureusement quand même qu’il y a les films de femmes en prison pour pouvoir un peu s’marrer la bite en se donnant l’illusion, l’espace d’une heure vingt cinq, d’échapper au grand trou métaphysique ! Car voilà bien un monde – les prisons pour femmes - où tout n’est que simplicité et repos de l’esprit. : d’un côté, les taulardes (vulgaires), de l’autre, les matonnes (encore pires), et zou, c’est parti ! Tout le monde à poil et vas-y que je te viole lesbiquement dans les douches !
On dira ce qu’on voudra de ce genre de film – par exemple, du mal - il est tout de même des scénarios invariables qui procurent au spectateur de bon goût la joie simple du divertissement sans prise de tête. Du moins, c’est ce qu’on se dit en parcourant la jaquette de la VHS, en guise de préliminaire obligé au glandouillage devant ce que, sans excès de logique, on pourrait croire être la suite des « anges du mal », précédent film avec (déjà) Sybil Danning (et Linda Blair, mais pas ici), une œuvre gynéco carcérale qu’on devine sans peine avoir été un hit, car bon, vous connaissez comme moi les producteurs de films de prisons pour femme : peu nombreux sont ceux qui mettraient des sous dans la suite d’un film déficitaire par simple amour du genre.
Sauf que non, stop, pas du tout, en fait.
Car les hommes restent les hommes, et homme parmi les hommes, l’éditeur vidéo est par nature un être torturé qui sait se montrer particulièrement retors lorsqu’il choisit un titre pour une version française. « Les Anges du mal 2 » ne se trouve aucunement être la suite de « Les Anges du mal ». Ca serait trop beau ! Le présent film entretient simplement avec son glorieux aîné un thème identique et un personnage commun (Sybil Danning joue les nazis d’opérette dans les deux, donc) permettant en retour à Sunset vidéo de semer la confusion dans nos esprits ratatinés en faisant passer son bouzin pour une suite à succès. Ô minable carabistouille !
Soyons clairs : « Les Anges du mal » c’est « Caged Heat ». Sa pseudo suite (qui devrait s’appeler « Les Anges du mal 2 » sauf que pour le coup c’est déjà pris, si vous me suivez bien… ) c’est « Red Heat » (avec Sylvia Kristel), quant à celui-ci, « Les Anges du mal 2 », c’est « reform school girls »… lequel est le repompage d’un film des années 50, « reform school girl » (sans s) qui a lui-même connu un remake (sans s non plus) dans les années 90, que d’aucuns, du reste, prétendent être un nanar (sans d).
Bon, je vais chercher un Doliprane et je reviens…
Alors, que nous vaut donc ce film infâme ?
C’est un film qui, d’un point de vue thématique, coule un joint pas étanche entre le film de prison et le film de collège, ces prisons pour jeunes. Les clichés des deux genres sont passés au débilitron pour aboutir à un joyeux bordel décomplexé - mais néanmoins pas très original - de scènes douches, de cantoche, de mitard, d’éveil à la sexualité dans un van, de viol lesbien, de chahut en dortoir, d’infirmière / pionne / matonne sadique, de conseillère d’orientation nazie et de révolte vengeresse (sans oublier l’assistante sociale sympa et le travail forcé dans le désert californien que les gentilles taulardes sont obligées de labourer avec une binette et sans avoir le droit de boire !).
Sybil Daning, soyons franc, c’est une arnaque. Ce n’est qu’un nom que la production a collé sur l’affiche afin de se livrer à un honteux chantage émotionnel sur les fans de « Commando panther » (y’en a ?). Elle ne nous offre que 2-3 scènes de burlingue pourries, comme souvent les stars invitées dans les séries B.
Sybil Danning
Plus intéressant est le rôle de leadeuse lesbienne corrompue, dévolu à cette allumée notoire de Wendy O Williams, figure emblématique du punk rock américain, chanteuse avec chatterton sur les tétons du groupe Plasmatics et partenaire sexuelle de Mc Gyver (elle allait très loin dans ses fantasmes) qui a finie tristement suicidée au coin d’un bois il y a dix ans. Elle doit être encore plus mauvaise actrice que chanteuse ce qui, pour une punk, est une sorte de compliment.
Wendy O Williams
Le haut du pavé de la méchanceté sadique est tenu par une grosse actrice du nom de Pat Ast qui, bien qu’absente de l’affiche, constitue le seul véritable intérêt du film, faisant de son personnage une sorte d’ogre qui tire l’aventure vers le burlesque. Elle aussi était une figure de l’underground américain, ancienne secrétaire dans une usine de cartons, elle fut repérée par Andy Warhol qui l’invita à venir peupler cette cour des miracles qu’était la factory et à participer au tournage de Heat, avant que de devenir une sorte d’anti top model à la manière de notre Anne Zamberlan nationale.
Pat Ast
Comme à l’habitude, les personnages de gentilles sont plus falots et ne s’écartent pas spécialement du clicheton : jeunes paumées, loubardes révoltées, Black compatissantes, femme enfant, etc.…
Une gentille.
Au final, aussi bien dans ses thèmes que dans sa musique hard rock FM ou ses couleurs, le film se voit comme une sorte de parangon de la sous culture des teenagers ricains des années 80. Le personnage principal de la méchante avait d’ailleurs été repris par le groupe Mötley Crüe dans un clip stupide (smokin in the boys room), un signe qui ne trompe pas.
Un film à conseiller aux nostalgiques des téléfilms crétins de la 5, davantage qu’aux fans de shocksploitation et une VHS à ranger au rayon des kitcheries sympas et du mauvais goût assumé.
Tiens ! Encore des caps ! J’m’en bats les steaks, t’façons, maintenant que j’ai dépassé les 450 caractères autorisés d’environ 5200 signes, autant foutre des caps (en m’excusant par avance de leur qualité médiocre car shootées sur la TV avec un appareil photo, à cause que mon père a pris ma carte d’acquisition pour un modem défectueux et l’a jetée) :
Les anges du mal 2 c'est :
Des gentilles qui triment...
pendant que des vilaines les surveillent
De la scène de douche
Du regard concupiscent
Du brûlage de nounours.
De la matonne sadique
De la dirlo nazie
et, bien sûr...
Du micro dans le champ.