
Non, je ne me suis absolument pas fait avoir, je tenais juste à rendre un hommage vibrant à ce film qui, les jours de grisailles, illumine encore mon visage d'un sourire carnassier et fait résonner dans ma demeure mes rires ô combien mélodieux (qui font fuir le chat).
"Le téléphone sonne toujours deux fois", c'est un peu comme un Capitaine Orgazmo de l'humour à la Française des années 70-80. Du second degré à revendre et des acteurs au poil, qui cabotinnent, non pas par nécessité face à la vacuité d'un scénar rédigé par fan de la bibliothèque rose et de chair de poule, mais bien par pur plaisir, parce qu'on les laisse s'exprimer et que le nerf de la guerre, ici, c'est de faire de l'humour beaucoup plus fin qu'il n'y parait en utilisant des ficelles grosses comme les haubans du viaduc de Millau.
Pour re-situer l'histoire, Marcel Bichon (Didier Bourdon), et à prononcer Moârc El Bichonne, est un privé qui enquête sur les meurtres en série commis par un maniaque du téléphone, qui, la nuit tombée, appelle ses victimes chez elles depuis la cabine située au bas de l'immeuble, et, à l'allure d'un escargot neurasthénique, va les tuer en leur enfonçant le cadran du téléphone dans la face après les avoir assommé avec le combiné. Vous suivez toujours ? Parce que ce n'est que le début Missieur Vincent....
Ca cabotine, mais rassurez vous, c'est beaucoup mieux comme ça.Aidé dans sa tâche par Blacky (Légitimus) animateur d'une radio libre sur une péniche et qui compte bien huit auditeurs aux heures de grandes écoutes, Franck (Seymour Brussel), patron d'un café qu'il remplit à coup de mannequin avec une ambiance sonore sur bande magnétique, Hugo Campani (Campan), reporter qu'il a déjà croisé auparavant en enquêtant sur le trafic des couches culottes usagées, et Momo (Smaïn), son assistant, un brin souffre douleur de Brussel et pas franchement doué comme stagiaire, Moârc lance la traque du tueur au téléphone, en suivant une méthode infaillible, basée sur une série de calculs mathématiques qui auraient plongé Max Planck dans un état convulsif avancé.
La suite est plus dingue encore, malgré leur acharnement, un nouveau meurtre est commis, et la police entre en scène, sous les traits de Jean Claude Brialy en commissaire avide de première page dans les médias, de son assistant prenant des notes (un bon paquet de notes pour être précis, en ce qui concerne les déclarations de la concierge de la victime), et de ses acolytes en uniforme pratiquant un humour extrêmement primaire. Pour garder leur avance, nos compères font donc appel à un psychologue pour animaux (exceptionnel Henri Courseaux), qui à comme marotte, l'étude des comportements chez les criminels en série, et qui, à partir de quelques indices seulement peut tracer leur portrait avec une fascinante précision.
Et c'est là que ça vire au grand n'importe quoi, avec plusieurs scènes d'anthologie (quoique ce n'était dejà pas mal avant, notamment le sabotage des cabines téléphoniques pour ceux qui ont eu la chance de voir le film), dont la parade d'identification avec Smaïn chez les flics, ou encore la scène dans la boîte de nuit gay, avec une apparition de Galabru en patron digne de la cage au folles, et un tout jeune Jean Reno, non-encore Bessonisé. Petite mention spéciale à la scène de la photo de la copine de Smaïn, devant laquelle je pleures de rire systématiquement !
Suivre les aventures de nos joyeux drilles est un plaisir permanent tant ils semblent s'éclater eux mêmes, à tourner des scènes toutes plus absurdes les unes que les autres, en réutilisant, à leur compte et avec un brio certain, les codes du nanar qui ont fait la légende de Pallardy et autres Philippe Clair.
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L'incroyable marcel de Didier Bourdon, un authentique hommage au nanar de Brucexploitation.Voici donc un film sans complexe, qui s'amuse avec les clichés, et qui nous sert au final, une bonne dose de rire franc et bon enfant, qui contraste avec les rires nerveux que l'on éprouve trop souvent en voyant des suites de gags usés jusqu'à la corde tomber à plat avant même de se produire à l'écran.
A recommander (à haute dose pour les dépressifs) sans limitation dans la prescription, pour savourer un nanar assumé de la première à la dernière seconde, propre à nous réconcilier avec les comédies Françaises des années 80.
A noter, quelques caméos et apparitions bien sympa de divers acteurs et actrices bien connus, dans le désordre Michel Constantin, Darry Cowl, Clémentine Célarié, ainsi qu'un bref passage, en freestyle mais plutôt poilant de Patrick Sebastien en aveugle, à qui l'ont doit une des répliques qui m'a fait le plus rire dans un film, répondant à El Bichon qui lui demande son chemin : "Parlez plus fort, je suis aveugle...."
Bon film à tous
P.S. : Si d'autres amateurs viennent à se faire connaître, je suis prêt à faire une chronique plus complète sur ce film (pour tout dire j'en crève d'envie, mais comme on est là pour le nanar, je ne le ferais que si ça tente vraiment du monde).