Le dénommé cafard cosmique, non inscrit sur ce forum, nous a envoyé par e-mail cette chronique. Comme elle tient la route je la copie-colle ici :
Les Dents de la Mer 4 : la Revanche
Il y a quelques semaines, France 3 a entreprit de rediffuser l’intégralité de la série des « Jaws », a raison d’un épisode tout les jeudi soir. Ca tombait bien, ça faisait une éternité que je ne les avaient pas vu. Donc le 1er jeudi, je visionne l’excellent film de Spielberg avec beaucoup de plaisir, tant il a peu vieilli malgré ses 30 ans. Le jeudi suivant, on a donc droit au deuxième opus, une série B a peu près potable. Une semaine après c’est « Jaws 3D » avec Dennis Quaid, et la ça commence déjà à se gâter…certaines scènes avec le requin frisent le ridicule, notamment quand le héros dégoupille une grenade tenue par le bras d’un mort qui dépasse de la gueule du requin… mais bref, passons. Non, la véritable claque je l’ai prise avec « Jaws 4 : The revenge ».
Tous les critères du gros nanar sont réunis : un scénario ridicule, des acteurs bien a côté de la plaque, des dialogues débiles, des séquences émotions a pleurer de rire. Et le requin… ce bon vieux requin en plastique…nous y reviendrons.
Tout d’abord le scénario. Ellen Brody, veuve de Martin Brody (héros des 2ers épisodes), vit avec son fils cadet Sean dans un petit port tranquille, alors que l’aîné Mike vit aux Caraïbes où il chasse des mollusques. Coup de tonnerre : Sean se fait bouffer au bout de 3 minutes de film par le requin ! La mère accepte d’aller vivre aux Bahamas avec Mike, tout en étant persuadée qu’un grand requin blanc en a après sa famille et qu’il les poursuivra jusqu’au bout du monde. En effet, c’est un grand blanc qui serait paraît-il responsable de la mort de Martin Brody… Une malédiction planerait-elle sur la famille Brody ??? Brrr….
Premier gros problème : l’impossibilité pour le spectateur d’entrer dans l’histoire tant celle-ci regorge de sous-intrigues grotesques et inintéressantes. Il faut dire que la « psychologie » des personnages ne permet pas vraiment de s’identifier à eux. Tout particulièrement en ce qui concerne d’Ellen Brody, tellement mère poule qu’elle en est à baffer. C’est simple : on n’a qu’une envie, c’est qu’elle se fasse boulotter vite fait par le requin ! Alors autant vous dire que sa romance avec Michael Caine, caricature de pilote casse-cou, on s’en tape complètement... L’histoire d’amitié entre Mike et son pote / faire-valoir black est tout aussi inintéressante. Pour le plaisir, voici un petit extrait de dialogue que je vous retranscris de mémoire, alors que Mike, après s’être fait attaquer par le requin et avoir été à deux doigts d’y passer, remonte sur le bateau :
Mike : « - Il faut que j’y retourne… - Quoi?!? Mais tu es fou !! - Non, tu comprends, c’est la première fois de ma vie que j’ai peur… et il faut vaincre ses peurs… Par conséquent je DOIS y retourner ! »
Que dire ? Voir les acteurs débiter ce genre de répliques le plus sérieusement du monde est assez navrant. Pour tenter de rehausser le niveau, le réalisateur a fréquemment recours à des flash-back d’Ellen se souvenant de son mari. Evidemment les flash-back en question ne sont rien d’autre que des stock-shots du 1er épisode ! Comme si le réalisateur, conscient de son incompétence, tentait de limiter les dégâts en insérant des extraits d’un « vrai » film pour tromper le spectateur sur son talent. Malheureusement pour lui, cette technique lamentable a surtout pour effet d’agacer tant elle pue l’opportunisme à plein nez. Mais bon, repomper des scènes d’un épisode précédent dans le cadre d’un flash-back peut encore passer si l’on est d’humeur indulgente. En revanche, rien n’excuse la scène finale où l’on voit la carcasse ensanglantée du requin qui coule après avoir explosé… Cette scène vous rappelle quelque chose ? Normal, c’est la séquence finale du 1 ! Non, vous ne rêvez pas, le réalisateur a été jusqu’à copier-coller la scène finale du film de Spielberg telle quelle, pensant sans doute que les spectateurs abrutis que nous sommes n’y verraient que du feu… Un procédé digne de Geoffrey Ho ! Tout ça pour vous dire que ça va très loin dans le foutage de gueule. Mais attendez, je n’ai pas encore parlé du requin…
Le terrifiant monstre marin en question n’est rien d’autre qu’un vulgaire poisson en plastique, pas crédible une seconde, et qui n’arrive même pas à nager droit ! Un peu comme s’il avait bu un coup de trop. Bref, le moins que l’on puisse dire c’est que le manque de moyens se fait bien sentir à chacune des apparitions. Il va donc de soi que n’importe quel individu sensé aurait alors pris le parti de montrer le moins possible le requin, en tentant plutôt d’instaurer un suspens reposant sur une menace invisible. Eh bien Joseph Sargent, lui, préfère filmer son requin en gros plan tout au long du film ! Et là ça ne pardonne pas : la texture lisse de la peau trahi la nature plastifiée du monstre et l’on aperçoit même furtivement une fermeture éclair (!) derrière son aileron… ( à quoi peut-elle donc bien servir ? Mystère… Et si le requin n’était en fait qu’un ou deux acteurs dans un costume en caoutchouc ? Cela expliquerait pourquoi il avance si lentement et n’arrive pas à garder une trajectoire droite et régulière…).
Mais je suis vraiment mauvaise langue de me moquer ainsi de ce brave animal, car en fait il est super fort ! A un moment il fait même un bond de deux mètres hors de l’eau pour pouvoir gober une victime… Tout simplement hallucinant ! Et le plus triste, c’est que le réalisateur a l’air plutôt fier de sa scène puisqu’il nous gratifie d’un somptueux ralenti… Le requin a même droit lui aussi à sa séquence émotion, quand il se fait électrocuter par des transistors qu’on lui a mis dans la gueule et qu’il pousse des hurlement déchirants… bah oui, les requins peuvent hurler vous ne le saviez pas ? Pour ne pas tuer tout suspense, je me garderai de raconter la façon pour le moins incohérente dont le requin rend le dernier souffle. Là aussi il me semble bien que notre cher Joseph a encore une fois recalé des images de « Jaws 1 »…
En conclusion, je dirais que « Les Dents de la Mer 4 : la Revanche » est un très mauvais film heureusement transcendé par chaque apparition du requin, ce qui lui permet d’accéder au glorieux statut de gros nanar.
cafard cosmique
_________________ "Dans le monde de "Last Action Hero", j'suis à peu près persuadé que c'est Ralf Moeller qui joue dans "Un flic à la maternelle". (Plissken)
|