Vu hier, et je ne m'en suis pas encore remis.
Peut-on parler de film d'auteur? Je ne sais pas mais on dirait presque une caricature de film personnel. La chronique le souligne bien, Guy Lux était un grand amateur de courses de chevaux et donc tout dans ce film renvoie à l'univers équestre. Si on peut comprendre qu'il puisse s'agir d'une tentative de donner une forme de cohérence au récit en faisant évoluer ses héros dans un univers où le cheval est roi pour nous amener jusqu'au climax du scénario, à savoir la courses hippique (un truc de scénariste connu, par exemple repris dans Man On The Moon de Milos Forman où, pour éviter de s'éparpiller dans les multiples frasques d'Andy Kaufman, les deux scénaristes, Larry Karaszewski et Scott Alexander, ont choisi de se focaliser sur les happenings qui seront repris dans le show au Carnegie Hall qui clôt l'histoire), ici, on a franchement l'impression que nos deux héros ont été aspirés dans un vortex les ayant fait atterrir dans un monde où rien n'existe à part le cheval...
Il y a ensuite l'humour du film. Après recherche, il semble qu'effectivement, la principale influence de Lux était bien l'univers des Marx Brothers et l'échec au premier degré du film de Guy Lux ne fait à mon sens que démontrer à quel point ceux des Marx étaient maîtrisés sous une apparence de foutoir total. Cette tentative d'hommage me fait penser à la différence entre le spectacle d'un comédien qui a passé des années sur scène et a développé un vrai lien avec le public, a appris à jouer avec lui et pas seulement pour lui, a assimilé certains effets au point de pouvoir les resservir sur commande ET un spectacle comme celui d'Arthur qui se contente de reprendre des effets vus ailleurs et des trucs aujourd'hui quasi institutionnalisés (oui, la mamie du 3e rang...). Bref, Guy Lux qui veut reprendre l'humour des Marx, c'est un peu comme un jeune cinéaste qui s'imagine que pour faire du Tarantino, il suffit d'habiller son héros avec le même blouson emblématique d'un héros d'un film culte des années 70-80 et le faire disserter pendant de longues minutes sur l'ironie de la vie dans un langage décomplexé parsemé de références cinéphiliques...
Enfin, le casting. Sans ça, je pense que le film aurait été bien moins nanar car au bout d'un moment, on en vient à se marrer chaque fois qu'une nouvelle tête connue apparaît, en mode "Tiens, lui aussi devait du fric à Guy Lux?". On y croise Coluche alors au sommet de sa gloire sur scène, qui venait de triompher dans L'aile ou la cuisse (après l'échec des Vécés étaient fermés de l'intérieur) et qui interprète ici plusieurs rôles, enfin un rôle principal, celui du cuisinier et une succession de petites scénettes mettant en scène les personnages développés pour son sketch du Schmilblick (le compagnon de la libération, le vendre d'articles de pêche...) sketch pour lequel il a pour comparse Guy Lux dans son propre rôle, ceci expliquant sans doute cela... Soulignons au passage que l'idée de jouer plusieurs rôles dans un même film était déjà présent dans Themroc, film bien plus réussi que Drôles de Zèbres. Comme quoi on en revient toujours à la question de la maîtrise du réalisateur, ce à quoi il faut peut-être ajouter que ce type de parti-pris décomplexé (tout le monde sait que c'est le même acteur mais on se prend au jeu) fonctionne sans doute mieux quand un film a plus des allures de grosse déconnade entre potes filmée avec les pieds plutôt que dans un film où on sent qu'il y a quand même du budget. Enfin, pour que ça marche il faudrait que l'on sente qu'il y a une vraie complicité entre les acteurs, qu'ils prennent plaisir à jouer ensemble, ce qui pèche ici...
Sinon, d'après ce que j'ai pu lire sur le net, il semblerait que le succès du film sur les sites de vente en ligne soit en partie dus à la présence de Claude François au casting, annoncé pendant la moitié du film et dont on voit quelques extraits de chansons (j'imagine qu'il a du faire la gueule en voyant à quel point ses prestations ont été tronçonnées). Je sais pas à quel point on doit prendre ça au sérieux mais des critiques du DVD sur Amazon viennent de fans de Cloclo avouant ne chercher ce film que pour les quelques minutes de présence de leur idole à l'image.
Enfin, j'ai l'impression d'avoir en quelques mois, eu un aperçu du très haut et du très bas de la prolifique carrière de Patrick Préjean que j'avais plus ou moins découvert dans l'excellente série L'homme sans visage de Georges Franju où il jouait un détective privé poète à ses heures et savait passer d'une scène à l'autre du rôle de rigolo de service à celui de compagnon d'infortune du héros qui peut mourir à tout instant.
_________________ Lawrence Woolsey, précédemment connu sous le pseudonyme de deathtripper21...
"Godfrey Ho a beau avoir trouvé des Kickboxeurs américains, le duel entre la mariée et la robe restera LA baston du film." Plissken
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