Hum...
J'avoue être un peu gêné à l'idée de voir Godzilla Final Wars sur Nanarland car, à mon corps défendant, j'avoue avoir bien aimé ce film. Oh certes, je ne le reverrai pas forcément une seconde fois, mais dans l'ensemble, il ne m'avait pas déplu. Effectivement, je l'ai trouvé assez foutraque, portenawaquesque et complètement allumé, mais une petite voix en mon for intérieur me pousse à croire que tous les excès du film sont volontaires et parfaitement assumés.
Ceci dit, j'avoue également que la manière de jouer des acteurs Japonais - encore plus poseurs que des rappeurs américains, ce qui n'est pas peu dire ! - devient vite insupportable (c'est à dire, au bout de trois minutes environ) et que leur manière de taper une pose "total style" toutes les 30 secondes fait plus pitié qu'autre chose, mais bon, juger ce genre d'acting avec nos yeux et nos critères occidentaux est sûrement très réducteur. Question de culture, si vous préférez. Après tout, l'excès et le surjeu sont - chez les acteurs asiatiques - la norme et non l'exception. Il est relativement habituel dans la production pop asiatique (et plus particulièrement japonaise) que les sentiments exprimés par les acteurs soient odieusement surjoués pour être bien compris par le public. (Même si, il est vrai, on a vite envie de gaver ces pitres gigotants de Tamiflu pour les faire se tenir tranquilles et les renvoyer dans les pages du manga dont ils semblent être sortis à coups de pompes dans le derche !)
Maintenant, ceux qui me connaissent un peu sur ce forum savent bien que je suis loin d'être un fan de la pop culture japonaise, de ses groupes de rock de merde, de ses mangas et de sa frime érigée en système de vie. Pour moi, tout ça n'est qu'une esbrouffe, un syncrétisme lamentable et authentiquement décadent des contre-cultures occidentales (punks, mods, goths...) mais totalement vidées de leurs sens premier pour n'être plus qu'un ensemble de poses "vues à la télé" (Bon, remarquez, c'est déjà le cas chez nous avec les gothiques). Aaaaaaaaah, qu'est ce que je ne donnerai pas pour voir un keupon british de Camden Town, précocement décalqué à la bière pas fraîche, choper ne serait-ce que trente secondes l'un de ces poseurs nippons pour lui apprendre la vie à grands coups de docs coquées dans les couilles !
Mais bon, je dévie, je dévie et après, on va encore me traiter de raciste anti-japonais. Toutefois, au final, le film renvoie à cette jeunesse japonaise "rebelle" (rebelle à quoi, d'ailleurs) une image de sa propre médiocrité, ce qui est déjà une bonne chose.
Pour en revenir au film - et on me pardonnera j'espère mon petit aparté culturel - je tiens tout de même pour acquis que ses excès restent avant tout volontaires. Le film est certes une grosse pantalonnade kitsch et parfois grotesque, mais voulue et assumée telle quelle. (Il n'y a qu'à voir le combat entre Godzi et son "alter ego" américain expédié en moins de trente secondes pour s'en convaincre ! Honnêtement, qui peut douter que ce combat bâclé ne soit pas fait exprès? ) Dans un autre registre, cet aspect volontairement un peu ringard du film est la raison qui explique sans doute la présence du gros Don Frye - le fils spirituel de Steven Seagal, ce qui n'est pas rien tout de même
- au générique. Après tout, vu le budget du film, je pense qu'il eut été possible de se payer un vrai acteur américain connu pour tenir le rôle du capitaine du vaisseau de l'EDF si l'exportation du film à l'étranger avait été le prétexte de la présence d'un officier occidental dans l'histoire, et surtout, si le réalisateur avait voulu obtenir une interprétation de qualité... ce qui n'est clairement pas le cas de celle de notre ami Don !)
Bref, ce Godzilla là n'est pas authentiquement nanar. Plutôt à mi-chemin entre le navet et le bon film. Les éléments kitchs font partie intégrante du film, même si les tentatives d'humour volontaire tombent souvent à plat. Et je pense que la métrage passerait beaucoup, mais alors beaucoup plus mal si les acteurs jouaient sérieusement et sobrement en le prenant au premier degré. Il est évident que ce Godzilla là, dans l'esprit de son réalisateur, se voulait être un "manga en live" plus qu'un véritable film de cinéma. Enfin, à ceux qui reprocheraient à Final Wars de "tuer" le mythe Godzilla, je serai tenté de répondre qu'il est déjà mort depuis belle lurette et que faire un Godzilla "sérieux" aujourd'hui n'a aucun sens. Le côté pamphlet pacifiste anti-nucléaire avait une raison d'être dans les années 50, mais plus en 2005. (Sauf, bien sûr, quand ces perfides français reprennent leurs tests nucléaires à Mururoa, ça fait rien qu'à créer des dinosaures géants qui vont raser New York et qu'après, ils sont obligés d'envoyer Jean Reno faire le sale boulot et qu'ne plus ils sont même pas venus en Irak ! Fuckin' backstabbin' Froggies !) Et lorsqu'on enlève ce manifeste anti-nucléaire, que reste t-il de Godzilla? Un gros monstre en caoutchouc qui se frite contre d'autres gros monstres en caoutchouc. Comment voulez vous prendre ce concept au sérieux une seule seconde?
Donc, nanar peut-être, mais plus "polémique", voire "volontaire" qu'"en devenir" à mon avis.
(Mon Dieu, je viens soudainement de réaliser qu'il est 7h50 du matin, et que cette heure là, je n'ai rien de plus constructif à faire qu'à polémiquer sur Godzilla par internet... ce qui me fait soudainement réaliser dans quel profond désarroi moral autant que spirituel je me trouve actuellement. Bon, allez, un bon café, et ça va aller mieux!)