Sympa ce "Ninja The Final Duel", ça change d'un Godfrey Ho. Sur certains points, on pourrait même dire qu'il s'agit de deux opposés. Car si on retrouve bien un profond manque de respect pour la propriété intellectuelle (ah, ce petit thème de "SOS Fantomes" qui surgit sans prévenir...

), des costumes improbables (mention spéciale au gang avec des seaux en osier sur la tête, même si le grand maître bouddhiste a aussi le postiche facétieux) ainsi qu'un méchant charismatique et histrion pour dix, le reste va à contre-courant des escroqueries habituelles. Ainsi, dans les "2 en1", on a souvent des acteurs peu qualifiés pour les arts martiaux mais à qui on impose de faire des cabrioles trop compliqués pour eux. Du coup on rigole devant le peu de crédibilité de nos amis ninjas, avoir recours à des doublures ne faisant que mettre encore plus en avant la misère des combats. Ici, c'est le contraire. On a des artistes plutôt compétents, meilleurs que Richard Harrison du moins, mais à qui on demande de faire n'importe quoi. Du coup, ça voltige dans tout les sens, on enchaîne les roulades insensées, les chorégraphies venues d'ailleurs... . On veut en faire trop, tout le temps, et c'est la surenchère du ridicule. Bref, là encore, ça change des films de ninjas où on a droit à seulement quelques bastons et un polar mou du squeele qui remplit les neuf dixième du long-métrage. Ici, on tabasse jusqu'à ce que générique s'ensuive.
D'ailleurs, peut être que cette frénésie est aussi dû à la version que j'ai regardé. Ainsi, je n'ai pour ma part eu aucune scène avec une ninja toute nue. Sans doute s'agit-il d'un remontage sauvage de Blackbelt Tv pour diffuser le film à n'importe quelle heure, toujours est-il que cela apporte une nanardise supplémentaire lorsque le héros sauve la demoiselle en détresse, l'abandonne dans un coin puis qu'à peine cinq minutes plus tard, on nous apprend qu'elle est morte assassinée. La réaction du personnage principale devient alors complétement incohérente, tant il semblait avoir abandonné à son sort la malheureuse avant de devenir fou de colère à l'idée de l'avoir perdu. Il y a d'autres coupes un peu bizarre dans le film ceci dit, des transitions brutes de décoffrage, des combats qui se terminent brutalement et sans raison... . Déjà qu'à la base, la version d'1h35 doit être assez intense, là on passe à 1h13 de frénésie défiant parfois toute logique. J'ignore aussi si le métrage d'origine abuse de la voix off pour nous expliquer ce qu'on a oublié à la découpe, mais c'est pas mal d'entendre quelqu'un tenter de nous résumer une histoire de plusieurs pages en quelques secondes. Le fait d'avoir des sous-titres permet aussi d'apprécier quelques dialogues savoureux lorsque Alexander Lou tombe sur le moine noir et lui dit qu'il va l'envoyer dans "le ghetto du paradis". Bref, l'ensemble regorge de plein de petites choses qui changent de l'ordinaire et qui font plaisir à voir.