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Alive
Catégorie: Musical
Genre: Nanar Academy
Pays: France
Durée: 1h20
Année: 2004
Avec: Richard Anconina, Maxim Nucci, Valeria Golino, Lionel Abelanski, Laëtitia Lacroix, Eric Naggar …
Réalisé par: Frédéric Berthe
Sur le plan télévisuel, l'année 2001 aura été pour la France le théâtre de l'arrivée d'une nouvelle émission, j'ai nommé Loft Story. Précurseur d'un genre nouveau, la télé réalité, le concept a depuis été décliné à outrance, tantôt avec des célébrités dans une ferme ou dans une caserne, des jeunes européens dans une villa ou plus sobrement en programme du type télé crochet, visant à nous faire découvrir la "star" de demain. Souvent décriés, ces concepts ont néanmoins suscité un engouement certain, surtout pour la jeune génération et les téléphages déviants.
Comme tout ce qui marche est déclinable, il paraissait évident que des producteurs de cinéma allaient, à un moment ou à un autre, s'attaquer au phénomène pour profiter du filon. "Alive" s'inscrit dans cette logique et nous livre ainsi le pendant cinématographique d'émissions tels que "Popstars", " A la recherche de la nouvelle star" sans oublier "Star Academy"... si bien qu'on se demande pourquoi le film ne porte pas le nom de "Star" quelque chose. Ajoutons à cette recette une louche de comédie musicale, revenue à la mode par la faute de "Notre Dame De Paris", et il est certain que l'amateur de bonne musique peut déjà se retourner dans sa tombe.
Le scénario nous narre l'histoire d'Alex Meyer, metteur en scène de comédies musicales. Après avoir connu une période difficile suite à un divorce, il décide de remonter la pente et de mettre en chantier un nouveau projet, tout en tentant de reconquérir sa femme. Mais les années ont passé et le pauvre Alex se voit contraint de monter seul son nouveau spectacle, suite au refus de son producteur de l'aider dans sa tache. Mais Meyer, il en a rien à foutre de tous ces gens du métier. Il va leur montrer à ces ronds de cuirs qu'avec de l'obstination et des jeunes de talents, il peut le réaliser son show. Après avoir convaincu l'un des ses amis de prêter son entrepôt en guise de salle de spectacle, il trouve en Mathieu un jeune compositeur, capable de lui écrire des musiques. Mais Mathieu, la célébrité ça ne l'attire pas. De toute façon, les responsables des maisons de disques, ce sont tous des pourritures capitalistes et on lui enlèvera pas sa liberté de pensée. Après un premier refus, il se laissera toutefois séduire, en quelques minutes, preuve que toute loyauté est flexible.
Nos deux larrons doivent toutefois faire vite: ils ont trois mois pour mener à bien leur folle entreprise, délai au delà duquel la salle ne sera plus disponible. Ne leur reste plus alors qu'à trouver les différents membres de leur troupe afin de les entraîner, dans un délai très court, à chanter de la soupe formatée FM et à bouger sur des chorégraphies digne d'un Maurice Béjart sous acide. C'est toutefois sans compter, sur l'ancien producteur d'Alex qui va tout faire pour l'empêcher de réaliser son projet, comme ça, sans raison, preuve que les membres des institutions, ce sont vraiment rien que des ordures et des enfoirés de première.
Gniak, gniak, gniak, c'est moi le méchant producteur
La trame à beau atteindre péniblement le rase motte aux dessus des pâquerettes, respecter absolument tous les codes du genre et donner dans le manichéisme primaire à fond les ballons, on sent surtout que son concepteur sait à qui il vend son produit, à savoir le jeune, être curieux aux moeurs bizarres, qui en bon amateur de realtv a fatalement du yogourt dans le citron, c'est tout du moins ce que semble penser le créateur de cette histoire. On peut en effet très difficilement trouver une autre explication, tant cette intrigue recèle d'éléments prenant très ostensiblement le spectateur pour un imbécile. Ainsi, on pourrait déjà souligner les grosses ficelles du scénario et par exemple, se poser la question de savoir comment Alex, que ce soit en allant à la supérette ou au bistrot du coin, arrive à trouver un chanteur exceptionnel ou un danseur fabuleux en la personne d'un caissier ou d'un cuistot, par le plus grand des hasards. On a beau dire qu'il a du flair, je trouve plutôt qu'il a le cul bordé de nouilles.
Indispensable en cuisine: les chaussures de claquettes!
Ensuite, de part ces clins d'oeils et ces emprunts flagrants. Toute personne suivant de manière plus ou moins assidu la télé réalité à vocation musicale vous dira qu'elle obéit à un certain nombre de poncifs, qui reviendront de manière quasi-systématique: prises de têtes entre les membres du jury, moqueries de ces derniers lors des auditions face à des candidats en roue libre, soucis de dernières minutes mettant en péril la réussite du projet… . De même, tous individu ayant déjà vu un film de ce genre vous dira que c'est presque toujours la même chose à savoir un homme qui, envers et contre tous, va partir de zéro et après moult péripéties, triompher des institutions. Et bien très étonnement Alive, n'oublie aucune de ces règles et va se faire un devoir de se lancer dans une accumulation de clichés éculés assez impressionnante, offrant ainsi une caricature involontaire de tous les tics de ces programmes.
"Moi, j'aime bien celle-là, elle a une superbe voix…
-Pas d'accord, il se passe rien, elle chante comme une merde."
Le Charlie Oleg des années 2000: cet homme est grand.
On aurait toutefois tort de ne s'attacher qu'à cette aspect tant, au delà d'une intrigue archi prévisible, singeant les codes les plus grotesques de ces genres, le reste du film se vautre également dans une nanardise assez plaisante.
Commençons par la musique, ingrédient au combien essentiel de ce genre de film bien que, à la limite, on ait déjà fait des films d'action sans action, alors pourquoi pas des comédies musicales sans musiques. Et à la vérité, cette dernière idée aurait été à creuser dans le cas qui nous intéresse. En effet, dire que la guimauve qui nous est imposé ici ne vole pas bien haut serait un bien faible euphémisme, mais si on ajoute encore à cette aspect que ce sont toujours les mêmes rengaines qu'on nous inflige et qu'elles arrivent la plupart du temps sans prévenir, alors là, on en arriverait presque à des extrémités visant à vouloir se percer les tympans au fer à souder. De là à imaginer qu'un tel matraquage viserait à abrutir le public pour que ce dernier aille acheter la BO du film en sortant du cinéma, il n'y a qu'un pas que nous ne permettrons pas de franchir.
Après le "evil saxophoniste" de La Nuit Du Risque, le "evil guitariste" de Alive.
"On cooouuuurrrrttt apppprrrèssss l'amouuuuuuuurrrr…". Bon sang, ma tolérance à des limites mais il ne faut pas exagérer.
Autre élément prêtant allégrement le flanc à la critique, l'interprétation des comédiens. On pourrait déjà parler de Richard Anconina qui est aussi crédible en chorégraphe que Steven Seagal en acteur shakespearien. Cela étant, qu'il court après un serial killer ou joue un gars du sentier, il a toujours le même bagage d'expressions alors pourquoi pas un metteur en scène de comédie musicale, me direz vous. On a beau nous dire qu'il s'est entraîné pendant trois mois pour le rôle, dès qu'il s'agit de danser, Richard a autant de grâce qu'une loutre pétée au schnaps. On notera d'ailleurs une certaine lucidité chez le réalisateur qui a quand même la présence d'esprit de limiter au strict nécessaire, les scènes où on peut le voir bouger son corps.
Alex téléphonerait-il à un producteur ne se trouvant pas dans le même film que lui?
Pia-pia-pia dans ton corps, Richard, give me the step.
Mais la véritable révélation du film, c'est Maxim Nucci qui se révèle être un acteur particulièrement mono expressif. A part deux petits sourires sur la fin, c'est le calme plat et on sent bien que le Maxim, la comédie, c'est pas son truc. On n'en voudra toutefois pas trop à ce dernier, étant donné qu'il ne prétend pas être un comédien et que sa participation au projet n'est du qu'à la proposition d'Anconina de lui faire jouer le rôle de Mathieu, Maxim Nucci ne devant, dans un premier temps, que composer la musique du film. Là encore, faut il voir un coup marketing de la production, de mettre en avant un musicien sans aucune expérience dans le domaine dramatique et dont la grande particularité est d'être ou d'avoir été, demandez à votre concierge si ça vous intéresse, le petit ami de la première gagnante de la Star Ac, Jennifer? Dans le même registre tout en retenu, on signalera également le jeu d'Eric Naggar, interprétant le producteur véreux, qui ne se force pas des masses, semblant se demander continuellement ce qu'il fait dans cette galère.
Eric Naggar, démonstratif à souhait.
Pour compléter ce casting, on peut aussi noter la présence de Lionel Abelanski, donnant tout ce qu'il a dans le répertoire du pote près à tout pour son ami, et Valeria Golino, qui même s'il elle est livrée à elle-même, donne le minimum syndicale et reste sans doute le personnage le moins ridicule du film. Niveau seconds rôles, c'est pas non plus l'allégresse que ce soit des petits caméos de participants de télé réalité et de comédies musicales, histoire de bien enfoncer le clou, ou de parfaits inconnus surenchérissant dans leur coté "djeun's". On n'oubliera pas non plus le rôle au combien dispensable de Julien Courbey, toujours aussi insupportable dans son traditionnel personnage de bon petit gars des "tésci" débrouillard.
Méfiez-vous: là où il y a un Julien Courbey, il y a toujours arnaque.
Oh tiens Santi, de popstars…
… et là, Christophe de la nouvelle star 4(bon ok, il a fait l'émission après le film, mais quand même!)
Le djeun's prend toujours des pauses super stylées, bien naturelles.
"Belphegor, la Beuze et maintenant ça… putain de tiers prévisionnel!"
En même c'est bien gentil de tirer à boulets rouges sur les acteurs mais faut aussi entendre ce qu'on leur fait dire car niveaux dialogues, on tient là quelques perles de cultures. Globalement d'une banalité affligeante, certaines répliques atteignent une dimension supplémentaire de part leurs magnifiques stupidités, nous laissant souvent dans l'incrédulité la plus totale, se demandant si ce que nous venons d'entendre n'est pas le fruit de notre imagination.
Problème de poids? Essayez le régime Anconina!
Taille et talent: une histoire de proportion?
La réalisation du film, quand à elle, n'est pas en reste. Non pas qu'elle soit fondamentalement mauvaise, mais plutôt de part ses constantes tentatives de donner dans l'effet de style à tout prix: ralentis lors des passages émotions, noir et blanc pour montrer un flash-back, divisions de l'écran en plusieurs parties pour révéler les pensées du héros… même si certaines de ces idées sont assez bonnes, on a quand la sensation cruelle que le metteur en scène, tout content de réaliser un film, a voulu tenter un maximum de chose même lorsque cela n'est pas vraiment opportun, pour au final desservir les scènes où elles sont employés.
Allo Jack? Votre mission est d'empêcher Frédéric Berthe de faire un nouveau film, vous avez 24 heures.
Pour conclure, on peut qualifier Alive de petit nanar sympathique, qui prend toute sa dimension lorsqu'on est coutumier de la télé réalité et qu'on le compare à celle-ci, tant tout les codes de ce genre y sont respectés à la lettre. Bien que possédant des longueurs, son canevas prévisible fleurant bon les thèmes archi-rabachés des comédies musicales, ses dialogues franchement crétins et son interprétation calamiteuse le font définitivement basculer du coté obscur du cinéma. Il est aussi la preuve que, à force de prendre son public potentiel pour plus bête qu'il ne l'est, on s'expose aux reproches pour finir comme l'arroseur arrosé…. trempé jusqu'au cou sous un raz de marée de critiques.
Merde, encore un de mes films chroniqués sur nanarland! Tu vas voir qu'ils vont faire ma bio, ces cons.
Quoique en même temps j'avais pas vu, il est quand même pas terrible ce film.
Allo? Richard? Ouais, c'est ton agent, non c'est pour te dire qu'on prépare Six-Pack II, alors je me demandais…
Wolfwood 2/5
Spéciale dédicace à Nikita pour son aide.
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Conne de rareté
1/Courant
Un DVD édité par TF1 vidéos (tu parles d'un hasard!) est facilement trouvable en grandes surfaces, aux alentours de neuf euros. A ce prix là, ne comptez pas trop sur des bonus: le film, une bande annonce et l'affaire est pesée.
N'hésitez pas non plus à découvrir la bande originale, tout aussi riche en texte d'une rare profondeur comme "Dis à l'amour que tu m'aimes" ou encore "la femme est l'avenir du futur": tout un programme.
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