Argh @__@ Bon j'arrive après la bataille moi... Bah, ça va faire répétition mais voilà
PYTHON
Richard Clabaugh
Phillip J. Roth est un petit artisan de la science-fiction au rabais. Producteur, scénariste et réalisateur, il est coupable de nombreux films généralement produits pour les chaînes câblés (
Digital Man et
A.P.E.X. , mais aussi
Dark Drive,
Velocity Trap,
Total Reality,
Interceptor Force ou encore
Deep Core). Des films souvent très semblables et vite torchés. Lorsqu'en 1997 sort
Anaconda, qui remporte un petit succès (relatif), c'est tout naturellement qu'il s'empare du sujet (bien que devancé par les frères Hillenbrand, en 1999, avec leur
King Cobra) pour le décliner à l'infini par la suite avec
Python 2, puis un
Boa avant de se sacrifier à la mode du crossover alors en vogue (
Freddy vs. Jason,
Alien vs. Predator).
L'histoire est simple et mille fois vu : la compagnie Biogene attend la livraison d'un serpent géant pour leurs études. Celui-ci est transporté par avion mais a vite fait de s'échapper, causant le crash de l'appareil. Ayant survécu, il attaque alors les habitants de la petite bourgade du coin. Pendant que les autorités mènent leur enquête, cherchant plus un humain qu'un animal, des hommes du Gouvernement partent à la chasse au reptile…
Si Phillip Roth produit et écrit l'histoire originale, il laisse cependant la réalisation à l'efficace Richard Clabaugh, réalisateur des deux premiers
Prophecy ainsi que du quatrième et sixième
Démons du Maïs (respectivement un mauvais et un bon opus). Ce qui promettait un minimum de qualité n'est malheureusement pas au rendez-vous et
Python s'avère être un bien piètre film. Produit par la chaîne ufo, on devine le budget anémique par le type de support utilisé pour filmer (un grain d'image inexistant garantit qualité DV) ainsi que par ses effets spéciaux des plus ringards.
Dès l'ouverture, un avion en CGI bien lisse et une tempête ultra crédible (ironie) nous mette l'eau à la bouche :
Python va être très cheap. Notre serpent géant est une créature entièrement animée par ordinateur avec une maladresse qui fait plaisir à voir. Pas un instant la créature ne semble réelle et son incrustation aux prises de vue réels est une catastrophe. Personne n'est dupe, pas même l'équipe du film qui réduit au final les apparitions du monstres le plus souvent possible (vu subjective avec légère saturation, hors-champ) afin de limiter les dégâts. D'un autre côté nous avons quand même le droit de voir plusieurs fois la créature dans toute sa "splendeur" , ce qui évite au film d'avoir l'air trop malhonnête. A noter qu'il existait une version animatronique du monstre (on peut en avoir un aperçu sur quelques clichés promotionnel) mais qu'il ne fut jamais utilisé…
Du serpent parlons-en justement. Provenant d'Asie du sud‑est, on ignore s'il s'agit d'une évolution naturelle de la nature, d'une mutation causée par l'Agent Orange, ou bien d'une opération secrète du Gouvernement (parce qu'on voit ça tout le temps dans les films…). Une quarantaine de mètres de longueur (129 pieds en fait) , ce "python" est en fait un hybride conçu à partir d'un grand nombre d'espèces de serpents (et est nommé ainsi en rapport au monstre de la mythologie Grecque que tua Appolon). La bête peut alors projeter ses fluides gastriques pour attaquer ses victimes (comprendre : leur vomir de l'acide à la gueule) quand il ne les décapites pas d'un coup de queue (pas de plaisanterie mal placée. Toutefois quant on sait que c'est l'ancienne Playmate Jenny McCarthy qui subit ce sort…). Une créature redoutable doté d'une vision nocturne (qui ne lui servira pas) , capable de muer (sans qu'on se rende vraiment compte du changement de taille) , d'une intelligence redoutable (c'est plutôt les chasseurs qui sont pas très débrouillards) et capable de ramper à une vitesse supérieur à 80km/h (même si on le sème facilement en VTT !).
Si le film marche à l'économie la plus totale, il ne faut donc pas s'attendre à des attaques trop sanglantes et l'apparition de quelques corps squelettiques et liquéfiés devrait déjà nous réjouir. C'est franchement pas grand-chose, mais ça aurait pu être pire, aussi saurons-nous nous en contenter.
A défaut d'effets spéciaux, faut-il se raccrocher à l'histoire malgré le pitch trop classique ? Non plus !
Python est un téléfilm vite emballé (normal puisque produit pour le marché des chaînes câblés et satellites) et se retrouve donc dépossédé de toute créativité ou originalité. Le scénario n'étant qu'un ramassis de clichés usés jusqu'à la corde, rien ne vient déranger le rythme de croisière du film, totalement prévisible de A à Z. Par ailleurs en plus d'être basique, il faudra noter un grand nombre d'incohérences et de passages stupides : le transport du serpent se fait dans un petit avion avec pour tout équipage le pilote et un autre homme, la bête est enfermé dans une simple grosse caisse de bois, le crash d'un appareil de cet taille ne devrait pas passer inaperçu malgré la tempêtes et les deux collines qui le cache mais personne dans la ville ne saura ce qu'il en ait, et on ne parle pas de l'intelligence de nos héros, se réfugiant dans un abris souterrain sans même penser à fermer la porte derrière eux alors que le serpent les poursuit ! Du n'importe quoi peu aidé par certains acteurs quelques peu ridicules…
Nous avons par exemple en guise de héros un type qui n'a pas hésité à piquer la copine de son meilleur ami. Tout sauf viril, nous nous retrouvons avec un jeune minet au sans aucun charisme qui déambule durant presque tout le métrage en costume de cycliste moulant aux couleurs flashy. Ridicule. Passons sous silence le rôle de là dites copine, personnage complètement inutile et qui semble faire la gueule tout le long du film (sauf quand ça se termine tiens !). On pourrait parler aussi du copain punk et de sa copine, piètres comédiens, ou des deux débiles profonds travaillant à l'usine – marrant mais ridicule quand même, mais il faudra surtout mentionner la présence d'un Casper Van Dien (retombé dans l'anonymat depuis
Starship Troopers) pas des plus inspiré et affublé d'une petite moustache du plus mauvais goût.
Heureusement certains s'en tirent bien mieux que d'autre, comme William Zabka dans son rôle de shérif adjoint qui vole la place au "héros" (il reviendra par ailleurs dans
Python 2). Mais le seul véritable vétéran du film est le sympathique Robert Englund (l'interprète de Freddy Krueger pour les ignares) qui campe son rôle de scientifique de façon sobre mais efficace. Enfin, il faudra noter le duo formé par Scott Williamson et l'ex-playmate Jenny McCarthy, tout bonnement sublime le temps d'une scène de drague hilarante. Et dans un registre bien plus secondaire, on pourra voir dans le rôle du coroner de service un certain John Franklin, le Isaac des
Démons du Maïs 1 et
6.
Python semble ainsi bien partit pour être un sombre navet, mais son niveau est heureusement rehaussé par un second degrés volontaire et pleinement assumé. Ainsi malgré des personnages stéréotypés et inexistants, il est toujours amusant de voir cet espèce de shérif adjoint neuneu jouer les sidekicks gaffeurs sans pour autant en faire trop, ce qui n'était pas gagner d'avance, ou encore le héros se faire tabasser par son ex-meilleur ami devant un parc pour enfant. La campeuse se faisant faire un cunnilingus au début du film se révèle avoir une femme pour partenaire, une proie du serpent prise au piège dans sa douche tentera vainement d'aveugler la bête en l'aspergeant de shampoing enfant (qui ne pique pas les yeux !) pour ensuite l'attaquer avec une serviette et l'achever en lui lançant un canard en plastique à la figure ! Et puis il faut voir les mimiques faciales de Jenny McCarthy lorsqu'elle se fait draguer par son agent immobilier sous fond d'une musique délirante. A côté de ça, le quota nanar est très bien respecté avec son serpent géant qui n'est pas foutu de rattraper un cycliste mais qui arrive quand même à rester inaperçus les ¾ du temps malgré sa taille impressionnante. L'air de rien, c'est avec ces petites touches d'humour (volontaire comme involontaire) que
Python se laisse suivre sans soucis.
Sûrement le plus mauvais film de son réalisateur (quoique la mollesse d'un
Enfant du Maïs 4 pourrait le valoir), lequel tente pourtant de se justifier : non il ne voulait pas faire un simple rip-off d'
Anaconda, et son inspiration s'oriente plus vers le classique
Tremors ! Le seul rapport entre les deux films étant l'humour et le fait qu'on ne sait pas d'où provienne le serpent (en fait dû à un simple changement de script). Clabaugh essaye aussi de s'expliquer sur la fin plutôt navrante du film, sans aucun climax : il manque en effet tout une scène où l'usine de produit chimique devait exploser à la fin du film (ce qui explique une scène où le héros panique au début du film) , mais qui n'a pas été tourné pour des raisons évidentes de budgets, ainsi qu'un plan final montrant des œufs cachés tout prêt à éclore… Dans le même genre, toute les scènes de sexe entre le couple formé par les personnages principaux ont été coupée (qui a dit dommage ?) , ce qui explique mieux la chaotique dernière scène et le fait que l'héroïne dit être tombée enceinte…
Il faut aussi savoir que si l'affiche du film proclame que le Python du film a été génétiquement conçu par l'homme et qu'il mesure que soixante pied (dix huit mètres), c'est parce que le matériel promotionnel a été vendu sur le premier scénario par là suite réécrit (encore plus basique, celui-ci voyait Robert Englund être le créature du monstre qui s'échappe tout naturellement de son laboratoire)…
Film fauché,
Python a beau ne pas avoir de scénario, des effets spéciaux ratés voir inexistants (pas de gore malgré quelques squelettes liquéfiés), un casting très moyen et être aussi jetable qu'un rasoir Bic après consommation, il n'en reste pas moins qu'il remplit son office : divertir son spectateur le temps d'une soirée.
- Natasha d'Ambre -
Python (USA, 2000) , réal : Richard Clabaugh , scén : Chris Neal et Garrison Hershberger & Paul Bogh , d'après une histoire de Phillip J. Roth , mus : Daniel J. Nielsen , avec : Frayne Rosanoff, William Zabka, Robert Englund, Dana Barron, Casper Van Dien, Jenny McCarthy…