Grand fan de Starship Troopers devant l'éternel, j'avais appris il y a quelques temps l'existence d'une suite. "Quid ?" m'écriais-je ? une suite à ce monument ?
Il est vrai que la chose était dure à croire, car l'info avait eu du mal à filtrer. J'ai eu alors un doute, à me dire "Et si, comme la loi des séries, cette suite était un vilain petit canard -euh, nanar ?
Me refusant de... charger la mule pour porter mes films jusqu'à la maison, je me précipitais vers mon vidéoclub le plus proche et, oh surprise, le film était là, et bien là. Il existait donc, ce n'était pas une rumeur. Je m'empressais de m'en emparer en vitesse et courir très vite pour le visionner en moins de temps qu'il ne faut pour le dire ventre à terre (pour plus d'effet, lisez cette phrase très vite, ça va avec).
Finalement... déçu. Un navet, un vilain navet. Pourtant, il y avait tant pour faire un sympathique nanar, du nanar "de suite" comme on peut le voir pour des films comme Rambo ou Highlander, qui du simple au double mettent les deux pieds dans le nanars pour quiconque aurait vu l'oeuvre originale.
Permettez moi de remettre dans votre esprit ce qu'est Starship Troopers (et ceux qui ne connaissent pas, ouvrez vos escourdes) :
imaginez vous un futur où les voyages dans l'espace seraient aussi courant qu'un trajet dans le RER. Les planêtes sont colonisées une à une par les humains, dont l'agorrance de conquête spatiale "c'est nous les êtres supérieurs" est digne des anciens conquistadors.
Seulement voilà, une forme de vie biologique, sous la forme de gros insectes qui tâchent, se dit que merde, y'en a marre que les humains écrasent leur fourmilière, et lancent une forte attaque. Les humains se lancent donc à corps perdus dans une guerre face à l'ennemi, à travers une armée où l'on forme des soldats avec des couilles grosses comme ça !
Satyrique de bout en bout (l'armée, l'american way of life, l'humain en être "obligatoirement" supérieur (du point de vue extraterrestre pour une fois, nous sommes les envahisseurs)) et du bourrinage sans limite, Starship Troopers est une valeur sûre du film d'action/science-fiction (et une source d'inspiration énorme pour Blizzard quand il créera son célèbre jeu de stratégie "Starcraft").
Voilà pour le petit rappel... il est toujours mieux de bien tenir la comparaison avec l'épisode précédent pour juger ST2, car c'est bien là paradoxal : s'il n'avait pas à assumer une telle ascendance, ST2 aurait pu faire une série B tout à fait potable. Mais finalement... non.
Et qu'est ce qui va plomber ST2 ? le manque de budget. Cela transpire de partout ! de nos jours, un amateur avec sa caméra numérique, une bande de copains et Adobe Premiere pour les effets spéciaux pourrait en faire autant avec un peu de travail.
Starship Troopers... dans un placard
Alors que le premier nous faisait visiter des lieux gigantesques, de planêtes en planêtes, et l'espace lui-même, ST2 se déroule dans un seul lieu : une tour "avant poste", sorte de phare relooké pour l'occasion. Ajoutons le désert qui entoure cette tour, un désert qui s'étend à perte de vue (200m maximum), et vous aurez la preuve qu'on pourrait faire un film de SF dans un lieu aussi grand qu'un square.
L'intérieur, je n'en parle même pas. De mémoire, vous avez l'entrée de la tour, un escalier, une salle de repos, une cafeteria, et une petite prison. Et ça suffit !
Une liste d'acteurs... conséquente
Honnêtement, je n'ai même pas envie de consulter l'imdb pour voir la liste des acteurs, mais en calculant de tête, j'en compte 8. Huit acteurs, et 3 figurants (deux soldats et un gradé, qui apparaitront dans les 3 dernières minutes du film).
Aucun n'est réellement valable. J'ai juste un faible pour une petite blonde, qui se trimballe à poil pendant la moitié du film. Les autres sont clichés au possible (mention spécial au bad-guy au grand coeur, "je suis un criminel mais c'est pas ma faute").
Des effets spéciaux, en veux-tu... bah t'en aura pas !
Dans ST2, on trouve deux effets spéciaux réellement marquants : d'une part, des corps décomposés, d'autres parts les bugs. Si les premiers ressemblent à des pizzas au fromage trop fondues, les bugs sont... magnifiques. Soit on ne les voit pas mais on les imagine (en filmant les soldats qui tirent hors-champ, dans tous les sens, on les imagine encerclés), soit on les voit... et on les imagine (vu de loin, ça pourrait être des caniches qu'on ne verrait pas la différence, ou vu de près... la nuit, dans une tempète de sable, un peu comme conduire un soir de brouillard avec ses feux de route).
Bref, rien de rien. J'en ai été au point de dresser l'oreille au son d'une porte qui s'ouvre, "Tiens, mais c'est exactement le même son de porte dans Half-Life".
Un scénario... qui se voit de loin
Non, vraiment, le scenario se voit venir à 3km même en forte pluie. Imaginez que vous êtes retranchés avec vos hoommes dans un abri entourés de bugs ultra-agressifs, qui avec intelligence vous mène un siège... et soudain toc-toc-toc, des "survivants" viennent à votre porte pour se mettre à l'abri sans avoir été inquiété par l'ennemi, vous ne vous dites pas que ça sent un peu le traquenard ?
Et oui, car à copier sur son voisin, autant prendre sur les maîtres : petit remake de The Thing, un des survivants est infecté par un parasite qui prendra à tour de rôle contrôle des retranchés. Et rien qu'au regard que lance la survivante en question quand elle sort de son sommeil aux soldats qui l'entourent, on connait déjà la suite. Vous savez, ce genre de regard "je vais tous vous tuer avec une plaisir sadique, je me demande juste par lequel je vais commencer".
Mais...
Tous ces petits éléments auraient pu être les ingrédients d'un bon nanar, mais apparemment le thermostat était trop élevé, et on tombe dans le navet. Quelque chose ne prend pas, peut-être justement le fait que si ST2 s'était nommé "Marines VS Aliens", il aurait été très regardable. Cela inspire tant de pitié de voir ce film, une pitié "suite de carrière" comme on en aurait en voyant Johnny Halliday faire la manche s'il avait perdu tous ses fans. Peut-être aussi parce qu'on n'arrive pas à y croire, on jurerait voir un téléfilm fait en deux semaines pour faire 2ème partie de soirée sur M6. Il y a quelque chose qui, pour moi, fait sombrer ST2 dans le navet regardable mais ennuyeux, trop ennuyeux pour chercher à rire des multiples déboires et incohérences qui jalonent ce long métrage. Quelqu'un peut avoir plus de goût à aimer ce film (peut-être même le chroniquer), moi non.
En résumé
ST2, c'est ST :
- Sur 200m², 4 pièces et un escalier (kitchenette en option)
- Presque autant d'acteurs que pour jouer "Le père Noel est une ordure"
- Un film nourri au "Les effets spéciaux pour les nuls"
- Un scénario prévisible au possible
En clair, ST2 est une expérience rare, unique : c'est à ma connaissance le seul film d'action/SF que l'on pourrait décliner, sans problème... en pièce de théatre. D'ailleurs, rideau !
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