"Spider-Man a besoin d'être admiré" (30/04/2007)
Tobey Maguire a pris beaucoup de plaisir à incarner un superhéros plus naïf ou arrogant. Découvrez la critique de Spider-Man 3
Envoyé spécial en Angleterre Patrick Laurent
LONDRES Spider-Man 3 ne sort que ce mardi 1er mai dans les salles, mais pour Tobey Maguire, c'est déjà presque de l'histoire ancienne. Tout le monde lui pose la même question sur sa participation dans le futur Spider-Man 4. Et à chaque fois, il tente de noyer le poisson (pas facile, ça, même pour un superhéros). "Un troisième film, c'est déjà beaucoup à mon goût. Mais ce ne sont pas mes affaires... Il y aura d'autres aventures : les producteurs doivent faire tourner leur business. En tant qu'acteur, je n'ai pas les mêmes obligations. Je ne vais pas tourner un film juste pour en faire un de plus. Je ne suis donc pas sûr de revenir. Mais si on me propose une grande histoire, avec quelque chose de nouveau pour Peter Parker, alors je prendrai le script en considération."
Si vous ne reveniez pas, qui verriez-vous dans votre costume ?
"Franchement, je ne sais pas. Cela dépend de l'orientation de la série. Le modèle, pour moi, c'est Batman begins, avec Christian Bale : c'est super, frais, novateur."
Vous avez déjà d'autres projets si vous laissez tomber le masque ?
"Je n'ai jamais eu de plan de carrière. Je suis heureux de ce que je fais, aussi bien en tant qu'acteur que producteur. C'est agréable d'être impliqué dans la conception d'un film. Ou d'un documentaire. Je suis proactif : je lis énormément, je me bats pour monter les histoires que j'aime, même si ce n'est pas pour jouer dedans ."
Le scénario de Spider-Man 3 a-t-il beaucoup évolué ?
"Il était modifié tout le temps ! C'est normal, il fallait trouver le bon équilibre entre tous les personnages et les thèmes développés. C'est d'ailleurs une des choses qui me plaît le plus : les nombreuses histoires sont vraiment bien reliées entre elles. Cela contribue à la richesse du film."
Peter Parker, par moments, est tellement cool qu'il en devient presque ridicule...
"Il n'y avait aucune volonté de verser dans la parodie. Peter est tellement effacé dans la vie qu'il ressent un énorme besoin d'être aimé, admiré (ce en quoi nous sommes très différents). Et pas seulement en tant que Spider-Man. Il fait montre de naïveté, c'est certain, mais l'arrogance dont il fait preuve avec son costume noir trahit ses manques, ses désirs. Ce sont des scènes particulièrement agréables à jouer."
Et les plus pénibles ? Se faire plaquer par Mary Jane ?
"Non, le plus dur, ce sont les scènes d'action. Très longues, avec beaucoup d'arrêts et de reprises pour permettre les effets spéciaux. Il faut parvenir à rester frais mentalement. Je ne pourrais pas vous donner un pourcentage précis, mais je me suis chargé de la grande majorité des cascades moi-même. J'y tenais. J'ai aussi demandé qu'on voie davantage Peter Parker, qu'il enlève le masque, pour permettre au public d'être plus proche de lui, de plus se sentir concerné par ce qui lui arrive. D'habitude, les séquences d'émotion constituent le plus gros challenge pour moi. Je me conditionne pour être à fleur de peau, ouvert sur les autres. Mais ici, cela ne m'a pas demandé beaucoup d'efforts : j'étais très détendu. Certains ont la technique pour les ruptures, mais pas moi. Je suis fiancé depuis longtemps, j'ai un bébé, et je ne me souviens plus tellement de ces moments-là de mon ancienne vie..."
L'araignée n'a manifestement pas une mémoire d'éléphant.
Propos recueillis par P. L.
© La Dernière Heure 2007
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Le côté obscur de la toile (30/04/2007)
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BRUXELLES Quand Sam Raimi rend hommage à La guerre des étoiles avec l'homme-araignée, cela donne le film le plus intéressant, complexe, spectaculaire et psychologiquement riche de la saga Spider-Man. Tenté par le côté obscur de la toile, qui le libère de l'énorme pression morale de sa tâche de justicier, le superhéros se découvre bien plus humain qu'il ne le pensait, et pas si super que ça.
En cause : un parasite noir venu de l'espace présentant la particularité d'amplifier sa force, son agressivité, tout en lui procurant une énorme sensation de bien-être. Ce dont Peter Parker a justement besoin, lui dont le meilleur ami est devenu le pire ennemi et dont son amour de toujours, se sentant délaissé, s'éloigne jour après jour. Mal dans sa peau, il l'est encore plus en apprenant qu'il s'est trompé concernant l'assassin de son oncle : le véritable meurtrier s'est échappé. Et s'est transformé en Homme de sable, un adversaire apparemment indestructible d'une puissance phénoménale.
Après un départ laborieux, trop proche du jeu vidéo ridicule (les héros défoncent les immeubles sans avoir la moindre égratignure), Sam Raimi redresse admirablement la barque pour présenter des personnages tourmentés, peu sûrs de leurs choix face aux énormes tentations et le poids de leurs responsabilités. Des héros avec peur et reproches qu'on comprend si bien... Face au fiasco professionnel (le jeune Eddie a les dents longues et aucun scrupule pour s'imposer comme photographe au Daily Bugle), sentimental (Mary Jane lui préfère son meilleur pote) et même de sa mission (la mort de son oncle reste impunie), Peter Parker finit par succomber au piège de la facilité, de la vengeance et de la mesquinerie. C'est sûr : il y a du Dark Vador chez cet homme-araignée.
Non content de briser l'imagerie traditionnelle du héros made in USA, Sam Raimi rend les méchants tout aussi humains mais nettement plus sympathiques, eux. Une remise en cause des valeurs vraiment très réussie, qui fait toute la force de ce Spider-Man 3.
Seule véritable faiblesse de cet opus, mais elle ne date pas de ce film-ci : les effets spéciaux sont beaucoup trop visibles. À force de voir les protagonistes rebondir sur les poutres comme s'ils étaient en caoutchouc, les longues bagarres perdent toute saveur.
Mais pour le reste, les hommages à Star Wars et King Kong sont des plus réussis dans cette superproduction qui sort, exceptionnellement, ce mardi.
Patrick Laurent
© La Dernière Heure 2007
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