Jean-Pierre Putters avait fait une exégèse assez intéressante de The Wicker Man (le premier, bien entendu, pas le remake de 2006) dans un ancien numéro de Mad Movies et son décryptage des mécanismes de la peur dans ce film était assez justes, tout comme son analyse des renversements du regard du spectateur à travers la caméra de Robin Hardy qui joue clairement avec l'empathie du public. Au début du film,
tout est fait pour que le spectateur se retrouve inconsciemment du côté des villageois face à un flic cul-béni et coincé qui vient leur faire chier la bite avec sa morale en bandoulière, et puis, progressivement, par petites touches de bizzareries distillées ici et là, les habitants de l'île - qui étaient jusque là présentés comme de braves gens un peu folkloriques - se révèlent réellement monstrueux. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le caractère inhumain de leur religion est révélé à la fin du film, précisement au moment où ils retirent leurs masques (alors que jusque là, la cérémonie paraissait bon enfant et gentillette). Et le retournement de situation final, très abrupt, est finement pensé et clairement bien amené: oui, ce sont des monstres, et c'était le point de vue du flic qui était le bon depuis le début du film.
Quant au style de narration (lumière naturelle et caméra à l'épaule), il est en parfaite adéquation avec le film, d'autant qu'il met en valeur les superbes paysages locaux. Excellent film qui ne méritait pas un tel remake.
edit : et les spoilers, c'est pour les chiens ?