Le Diable dans la boîte en VF.
Grosse difficulté à parler de ce film d'une originalité folle, qui m'a complétement estomaqué. Je cultive un vrai faible pour les films qui se passent dans le milieu du cinéma et celui-ci s'impose comme une référence. Apparemment c'est un projet que Richard Rush a porté en lui pendant des années, qu'il a réalisé pratiquement en toute liberté et que la sortie catastrophique en salle a presque fait sombrer dans l'oubli. Il va rester loin des caméras pendant 15 ans, avant de réaliser l'apparemment peu digne
Color of night.
Steve Railsback (le héros de
Lifeforce) incarne ici avec brio une sorte de fugitif embarqué par un étrange détour du destin sur l'aventure d'un tournage. Il sera cascadeur et doublure dans une film sur la Première guerre mondiale. Peter O'Toole, complétement habité, compose un réalisateur-démiurge, passionné, assez taré aussi, qui semble avoir droit de vie et de mort sur ses acteurs et techniciens. Barbara Herschey, sublimissime, joue le premier rôle féminin.
L'histoire est inrésumable, imprévisible (aussi je me retiens de donner trop de détails), et Rush ose et réussit tout. On passe dans la même scène du grotesque à l'émotion, du spectaculaire à la grosse blague, et c'est écrit avec une intelligence et une qualité d'inspiration franchement stupéfiante. C'est plein d'idées, et on ne sait jamais vraiment si on est devant une déclaration d'amour enflammée au cinéma et à ses artifices (le film en est plein), ou bien devant une peinture très noire de ce milieu et des sacrifices qu'il exige.
La musique de Dominic Frontiere est remarquable, à la fois dynamique, ironique et émouvante.
Un film fou, riche, drôle, poétique, bouleversant, dérangeant, sans équivalent. Le genre d'oeuvre qui ne peut laisser insensible : on adore ou on le déteste, mais il ne peut y avoir de tiédeur.