Borislehachoir a écrit:
le rôdeur a écrit:
mon post n'était pas une charge contre le cinéma US ou asiatique mais contre les clichés sur le cinéma français, en reprenant ironiquement les clichés sur le ciné US et asiatique que pourraient par exemple emmettre quelqu'un qui ne s'y intéresserait que de très loin, ou n'aimerait pas.
Qu'est ce qu'on dirait si quelqu'un ouvrait un fil de discussion intitulé "pourquoi le ciné américain fait pitié ?" en disant que c'est rien que du disneyland décérébré ou du sentimentalo-gnangnan en classant dans ces deux catégories tout et n'importe quoi ? (Cronenberg avec Catwoman et Cassavetes avec les navets de Sandra Bullock genre "28 jours en sursis")
Mais concernant le ciné français, ça ne gène pas.
le cinéma français c'est toujours pareil : du commercial pourri (avec quelques variantes qui vont du pseudo-hollywoodien au rabais au comique familial inepte) ou du nombrilisto intellectualo auteuro chiant (en gros, tout le reste, tout ce qui ne passe pas dans les multiplexes). Et pis c'est tout.
A l'arrivée, il y a autant de différences -pour prendre deux films à l'affiche - entre "astrée et céladon" et "la question humaine" qu'entre Marivaux et Houellebecq, mais c'est pas grave... On fout tout dans le même sac, on étiquette "intello nombriliste" et zou ! au vide-ordures !
Et puis entendre dire qu'en France on ne sait pas faire de films de genre en prenant l'exemple du polar, c'est dur, vraiment dur à entendre pour un fan de polar français comme moi.
Qu'on dise qu'il n'y pas tellement de western, de péplums, de gore ou de SF, je veux bien (encore que... pour la SF il y a quand même "immortel" et "la soupe au choux", les mecs, La Denrée, quoi, bordel !) mais pas de polars français, alors là... non, moi je dis STOP.
Je pense aussi qu'il y a un effet qui consiste à voir sa propre culture de façon négative : au Japon par exemple, j'ai lu que pas mal de jeunes se foutaient de la production locale pour y preferer la nouvelle vague française
La production de notre pays nous étant la plus facile à voir, il est évident qu'on s'en lasse rapidement. Franchement, les comédies débiles chinoises, c'est pas mieux que notre Michael Youn national ( je parle pas de Stephen Show hein ! ).
Objectivement, des cinémas européens, on est quand même un des rares à accuser plutôt bien le coup non ? Les allemands c'est 5 films visibles à l'extérieur depuis 10 ans, les italiens pas beaucoup mieux, les allemands idem. Alors qu'un Noe, un Dumont, un Kassovitz ou une Claire Denis, on aime ou pas ( et certains je les déteste ) mais ça a une certaine ambition.
Par contre, le rôdeur, même si je suis sur le fond assez d'accord avec toi, tu vois un polar français depuis les années 70 ( donc on ne cite ni Corneau ni Melville ni Verneuil
) rivalisant avec un Little Odessa, un Heat, un Collateral ou un King of New York ?
Ou, à Hong-Kong, avec les John Woo ( bon, OK c'est pas vraiment du polar ), les Johnnie To ou les classiques de l'âge d'or ?
Ben je trouve qu'on a une excellente tradition de polars et de films noirs. Elle s'est un peu interrompue au début des années 90 et redémarre lentement depuis quelques années mais même au delà des années 70, il y a eu de très bonnes choses. Un vrai genre à part entière avec un ton très spécifique (et même des zèderies afférentes ce qui est le signe d'un genre prospère).
Pour citer des titres, dans les années 80, j'aime beaucoup des films comme "le dossier 51" "le bar du téléphone" "extérieur nuit" "les mois d'avril sont meutriers" "poussière d'ange" "garde à vue" "un dimanche de flic" "un assassin qui passe" enfin, toute cette vague de polars tristes, ce qu'on a appellé "le polar métaphysique" parce qu'il y avait souvent un personnage central désabusé qui soliloquait. mais il n'y a pas que ça, il y a eu aussi pas mal de polars plus grand public que j'aime bien même s'ils sont moins réussis (comme "la crime" dont les dialogues de JP Manchette tuent) Et pis voilà, quoi, il y a aussi Chabrol, Tavernier, Serge Leroy, plein de trucs, y compris dans la production télévisuelle qui regorgeait de polars (ça l'a d'ailleurs un peu tué). j'aime moins les trucs plus "branchés" de l'époque (et aujourd'hui un peu ringue, comme "Urgence" ou "la balance" ou "la guerre des polices"), pas super fan des Delon/Belmondo non plus, les plus connus ne sont pas les meilleurs. et modérément des polars de la fin des années 80 qui tournaient à l'humour agressif comme "poulet au vinaigre" ou "sale destin", encore que j'aime bien les regarder.
C'est d'ailleurs assez marrant cette évolution dans les années 70/80 : des trucs froids à la mécanique implacable genre melville / corneau, puis des trucs de plus en plus désespérés et flous, puis carrément cyniques ou absurdes, puis gagnés par le fantastique (comme la série sueurs froides) pour aboutir au début des années 90 par des choses comme "délicatessen" ou "adrénaline" ou "baxter" qui ne sont plus des polars mais qui en dérivent presque logiquement.
Plus récemment j'ai vraiment été scotché par "sur mes lèvres" "à vendre" "l627" "scènes de crime". Enfin, je trouve qu'il y a beaucoup de polars français valables. Evidemment c'est d'un autre style que John Woo (c'est plus proche de Little Odessa), et, ceci dit, j'adore Michael Mann aussi !