Paris, sous l'Occupation ; La famille Bourdelle, bourgeoise et patriote, doit subir elle aussi les joies de la réquisition : leur somptueuse demeure est occupée par un général Nazi et sa garde...
Si l'on devait établir un classement des films les plus politiquement incorrects, celui-ci figurerait en bonne place !
Pensez donc, un film qui se moque des films sur les résistants, héros inattaquables, sorti sur les écrans alors que la France était bien loin d'avoir résorbé les plaies du conflit...
Pour situer le contexte, je me permets de vous rappeler qu'en 83, Paul Touvier était toujours en cavale, que Klaus Barbie attendait d'être jugé, que le prédécesseur de Mauroy à Matignon avait dans son gouvernement Maurice Papon en tant que ministre du budget, que seules quelques personnes connaissaient la franche camaraderie unissant René Bousquet à Mitterrand en 42, et enfin que ce dernier tout comme ses prédécesseurs faisait fleurir au nom de la France la tombe de Pétain chaque année...
Si aujourd'hui les auteurs du film, Clavier et Lamotte, racontent avec délectation les innombrables obstacles qu'ils durent surmonter pour mener le film à bien, un homme-clé a su donner à l'oeuvre le visage qui fut finalement le sien : Christian Fechner.
Fechner, un des producteurs les plus intelligents et rusés de l'histoire du cinéma, habitué aux coups d'éclat ; rappelez-vous en 76, il réussit à persuader de Funès, qui se remet alors à peine de son infarctus, de tourner pour lui dans "l'aile ou la cuisse" alors qu'AUCUNE compagnie d'assurance ne veut risquer un kopeck pour le couvrir !
En rusé renard, il sait quoi faire pour intéresser les distributeurs : réunir, au prix d'un effort ruineux, le plus beau casting vu sur un écran français depuis... "Paris brûle-t'il ?" !!
le résultat ? Outre un triomphe au box-office, le film, bien écrit, est une réussite et certaines scènes entrent au panthéon du cinéma...(Jugnot/Ramirez débarquant dans la cave des Bourdelle me fait hurler de rire à CHAQUE fois...)