Je l'attendais depuis tellement de temps, et encore plus, après la déception légitime que constituait "A vif"...
Ma foy, point de déception ici, malgré quelques menus défauts déjà soulignés, au titre desquels figurent notamment: le score relativement piteux lors des scènes "dramatiques" (mais oui, comprenez vous, nous devons être tristesse...), quelques longueurs (mais rien de méchant, disons qu'elles permettent de reprendre notre souffle), une fliquette neutre bien superfétatoire, une belle bande de bad guys caricaturaux mais néanmoins efficaces, un John Goodman toujours aussi imposant quoique sous utilisé, ainsi que de menues (qui a dit grossières?) invraisemblances parsemant l'intrigue (comme toujours, nos chers policiers ne sont pas des plus malins)...
Toutefois...
Quel plaisir que ce visionnage
Quelle belle relecture de "Death Wish"...
On se retrouve avec un matériau de base en apparence totalement anodin et manichéen, pour au final avoir en face de soi, une sorte d'anti film de vengeance, pendant bourrin et non cérébral de "Crossing Guard"...
Vengeance privée, presque famille contre famille, une gradation perpétuelle dans la violence et la folie, la destruction latente et sans fin du personnage principal...
Il n'y a plus de héros, plus de bad guys, juste des êtres dévorés par le désir de vengeance, ayant abandonné leurs côtés humains, ayant régressé vers leurs plus bas instincts bestiaux...
"Regarde ce que j'ai réussi à faire de toi. On dirait un des nôtres..."
Comme il se doit, Kevin Bacon porte à merveille ce film sur ses épaules, passant du bon père de famille, au protecteur éperdu des siens. Pour finir en justicier bas du front, désespéré et nihiliste, qui; toutefois, a préservé une certaine part d'humanité (à la différence d'un Bronson, devenu un chasseur impitoyable)...
James Wan n'est pas en reste, et nous offre un certain nombre de jolies séquences (la poursuite pédestre, le final impressionnant, la scène où les deux ennemis sont sur le banc...), bien qu'il semble perpétuellement hésiter entre la volonté de rendre hommage à ces polars "réalistes" (approche caméra porté, violence sèche et "brutale") et celui de livrer un film styllisé (longs travellings et autres plans séquences)...
De même, Wan ne semble pas des plus inspiré lors des scènes dramatiques, en sur-abusant des travellings arrière de mise à distance (combiné aux choeurs féminins, c'est un carnage), contrairement aux scènes d'action toujours visuellement impeccables dans leur traitement...
Bref, à voir...évidemment...
