Un film que j'adorais gamin et qui passe franchement bien à la revoyure, quand bien même je tiens compte de cet aspect nostalgique (la VF est géniale).
Pour cette superproduction d'heroic-fantasy, Lucasfilm a mis les moyens, réunissant sans doute le plus important casting de nains depuis
Le Magicien d'Oz (et on doit à coup sûr retrouver dans le tas d'anciens Ewoks). Et ce choix ne cède jamais au pittoresque facile. J'ai au contraire été joliment impressionné par l'excellence générale de l'interprétation. Dans le rôle titre, Warwick Davis compose d'ailleurs un héros très touchant, un type un peu loser (médiocre sorcier, loin de l'étoffe des aventuriers), mais dont le coeur pur lui donnera beaucoup de noblesse. J'ai trouvé pas mal du tout le fait de montrer que les Elwyns (cette race de nain dont fait partie Willow) subissaient un racisme ordinaire assez affirmé de la part des Daïkinis (les hommes), en se faisant traiter presque naturellement de "pecs", sans forcément penser à mal. Le personnage de Val Kilmer emploie ce terme presque par automatisme et on sent bien que c'est plus que péjoratif.
Le scénario puise à de multiples sources, toutes bien éprouvées (le pouvoir des ténêbres menacé par une prophétie, avec pas mal d'allusions à l'Ancien Testament), soutenu par suffisamment de péripéties et de personnages colorés pour être agréable à suivre. Ron Howard signe une mise en scène franchement irréprochable, avec un vrai souffle épique, entre poursuites trépidantes assurées par de réjouissantes prouesses de cascadeurs (sur une cariole, sur une luge) et scènes de comédie surtout assurées par un Val Kilmer en grande forme, dans le rôle de Mad Martigan, guerrier virtuose et gentiment fourbe. Howard sait parfaitement assurer un grand spectacle tout public, mesurant la violence (c'est pas très sanglant malgré les combats à l'épée) tout en livrant de vrais moments de terreur grâce à une superbe esthétique (costumes, décors et paysages somptueux et dépaysants — Moebius a participé à leur conception), et surtout à un fascinant bestiaire. Les espèces de rats géants sont toujours aussi beaux, les petits lutins (les Brownies) sont rigolos, mais c'est surtout pour l'hallucinante hydre à deux têtes que j'ai un faible.
Animé en stop-motion par Phil Tippet, ce dragon né d'un troll dépecé (!) est sans doute le meilleur du film. Caméra en mouvement et interactions avec les acteurs sont exploitées au maximum pour créer l'illusion, et le résultat demeure toujours aujourd'hui impressionnant. Le reste des effets visuels du film est assuré par Dennis Muren (en particulier les intégrations des Brownies, là aussi très poussées). Plusieurs scènes de transformations sont réalisées en animatronic, maquillage ou stop-motion (l'armée changée en cochons). Et lorsque Willow tente de redonner sa forme humaine à la gentille sorcière Razel, on a des métamorphoses sans cut où Razel passe de la chèvre à l'autruche, puis au paon puis à la tortue. C'est bluffant, et j'ai mis un certain temps à accepter que ça devait manifestement être du morphing. Le film fait ainsi figure de pionnier dans ce domaine.
La fin du film me semble par contre un peu ratée, et déjà gamin cet affrontement avec la méchante Reine Bavmorda dans son repaire me déplaisait.
Et la musique de James Horner est également pas mal du tout. Le thème du générique d'ouverture est splendide, richement orchestré.