Avec Elisabeth Hartmann, Auricio Do Valle, Sandra Graffi, Vanessa, Marcia Fraga.
Demain j’arrête, eh oui, demain j’arrête de regarder Femmes en cage, car je commence à entrouvrir dans ce film improbable la porte d’une dimension philosophique là où Oswaldo de Oliveira enfonçait à grands coups de latte celles de la vulgarité. Mes divers visionnages de cette œuvre décomplexée m’auront en effet poussé à une extrapolation presque déplacée : Femmes en cage serait-il, passé le choc primaire de sa plastique obscène, un pamphlet sur la liberté et la mort ?
Obscène car les personnages qui peuplent ce film semblent évoluer dans un microcosme où tous les hommes seraient des porcs libidineux et les femmes des catins délurées, sortes de souris de labo passant le plus clair de leur temps à copuler frénétiquement. Dans le monde que dépeint le réalisateur, la jungle est d’ailleurs une vraie réserve naturelle de filles à moitié nues que les chasseurs attrapent au lasso... si, si vraiment :
Yiiiiiiiiiiiiiiiih Aaah
Femmes en Cage est l’un des derniers nés des films d’exploitation dits WIP pour Women in Prison, genre qui connût son heure de gloire dans les années 60 et 70, notamment grâce à Jess Franco et dont Oswaldo De Oliveira avait déjà réalisé Bare behind Bars avec un certain succès.
Femmes en Cage c’est aussi un résumé tellement alléchant qu’il vous fait foncer sur votre magnétoscope à la manière d’un Ben Johnson chargé en testostérone. Edgar, proxénète local, sorte de Depardieu avec moustache de trafiquant de cannabis californien des 70’s, kidnappe des donzelles dans la jungle (on se demande ce qu’elles y font mais passons) pour les vendre à de riches clients. Il est secondé par Helen, sous Dianne Thorne gardienne du corral, maîtresse occasionnelle du patron et d’une pensionnaire. Gravitent autour de ce duo quelques sbires et le neveu d'Edgar, adolescent imberbe dont la niaiserie n’a d’égale que son amour pour Jeannie. Cette dernière est une prisonnière belliqueuse blonde, ce qui est logique puisque les filles sont toutes des autochtones brésiliennes, qui fomente une mutinerie avec Clara, petite brunette sulfureuse au caractère emporté.
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Cette vermine d'Edgar

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Helen alimente le champ lexical du domptage
Jeannie et Clara, des femmes Barbara Gourde
C'est l'amour à la cage...
Il convient de rendre hommage aux dames en leur réservant le début de ce texte tant le propos du réalisateur dégouline d’une misogynie flagrante. La plupart des filles se comportent comme des traînées et ne dénoncent pas vraiment leur condition de détention, au contraire, elles débitent des listes à la Prévert
de propos pornographiques avec un naturel confondant. Clara ne rêve-t-elle pas secrètement d’être danseuse topless dans un bar à routiers ?
Même les situations les plus simples de la vie quotidienne, comme se laver nue à trois au milieu de l’Amazonie en parlant de la quéquette du voisin débouche sur des chapelets de grossièretés…
marcher dans la forêt ? Râles de plaisir. Chercher des œufs ? Soupirs langoureux. C’est simple, ça n’arrête jamais.
Leurs attributs semblent donc être leur talon d’Achille, motif de leur captivité, mais aussi le seul remède qu’elles connaissent à opposer à la sauvagerie masculine. Ainsi les plans nichons s’étalent-ils pendant 1h30, spectacle fascinant pendant lequel elles quittent l’horreur de la confrontation à l’Homme prédateur sexuel pour y replonger connement dans la scène suivante. Le pied. Ajoutez à cela qu’elles sont cupides et matérialistes, telle Clara s’offrant au pasteur contre de la peinture et les voilà habillées pour l’hiver (ça les changera).
Clara, fille très contestataire...
...mais pas trop.
Dis ça me rappelle un film de zombies...
Ceci étant, vous n’en verrez pas plus, les scènes restent soft, contrairement aux dialogues crétins qui les agrémentent. Vous l’aurez compris, la vulgarité est le ressort nanar principal du film, au grand dam des pornophiles qui auront maté ce film au pitch faussement prometteur, dont j’imagine avec gourmandise la mine dépitée devant leur écran de télé.
Nulle trace cependant sur le net d’une référence à ces dialogues, j’imagine donc avec émerveillement qu’il s’agit d’un choix délibéré des doubleurs, mécanisme de défense normal du quidam voulant protéger sa santé mentale, car la fac ne prépare pas à ça. Superposé au propos abscons de Oswaldo De Oliveira, le doublage en roue libre rajoute au film une couche de débilité réjouissante. A titre d’exemple, mentionnons le couple de campeurs germaniques inutiles à l’histoire et le
rêve de liberté de Jeannie, prétexte à une blague bigard ™ :
Car le second élément nanar du film repose sur son scénario qui tient sur un timbre. Le scénar initial devait compter dans les, allez, 3 pages, le seul but de ce machin étant de montrer des filles à poil. Comment justifier la présence de ces deux
campeurs teutons en pleine jungle ? Sauf à montrer que nos héroïnes sont de parfaites cruches, se jetant à poil dans la gueule du loup au lieu de le contourner, honnêtement je ne vois pas :
la rigueur teutonne c'est plus ça
Alors misogyne ce Femmes en Cage ? Pas foncièrement, si l’on s’attarde un instant sur les hommes peuplant la jungle brésilienne. Véritable parterre d’abrutis finis, reliques d’une époque où l’on courrait nu dans les prés un gourdin à la main, à qui la vision d’une femme fait perdre la raison (faut dire qu’elles sont toutes à poil…et en cages) et les rend excités comme des coqs sans tête ; A croire qu’ils n’ont pas de cerveau mais six testicules bien irrigués. Peut-être est-ce la même raison qui aura poussé le cameraman à sucrer les fraises, zoomer et dézoomer pendant une bonne partie du métrage ?
Edgar est le héraut de cette clique virile, brute avinée et colérique, bête de sexe limite homme-singe nazi, son rôle bref mais déterminant dans la goujaterie ambiante sera contrebalancé par le twist final mettant en scène un pasteur homosexuel d’une certaine rigidité. Il finira par se dérider dans la scène finale alors que son campement prend feu, sourire qui n’aurait sûrement pas dû survivre au montage.
Pour ceux qui n'auraient pas vu 9 semaines 1/2
Et tu comprendras l'ingéniosité de mon jeu !
Le duo pasteur –François qui ressemble vaguement à une tentative d’humour de la part du réal fera en tout cas basculer le film dans un final hystérique et coloré, dans lequel nos héroïnes prisonnières de chercheurs d’or en rut livreront leur combat final pour la liberté (et le fric aussi faut pas exagérer non plus).
La mort de Clara sera le climax d’on ne sait pas trop quoi, tant elle demeure mystérieuse et incongrue. Clara esclave de sa sexualité moite, agitant ses nichons comme de la gelée anglaise, réalisant son rêve de gogo danseuse pour vrais mecs, dont la mort en pleine partie fine a des échos de sacrifice cathartique. Clara qui danse pour que ses copines en réchappent… Ceci dit, elle n'a pas tellement le choix tant les boyfriends des prisonnières, sensés les libérer, font preuve d'une rare incompétence. Cette clique au nombre fluctuant est systématiquement en retard, papote beaucoup et est capable d'assister à un viol sans sourciller.
4
non 5
euh 7
non c'est sans espoir.
Mon autocritique commence à l’écriture de ces lignes, alors que je me demande à quel point le nombre de visionnages d’un nanar peut influer sur mon raisonnement. Je deviens indulgent avec le réalisateur, lui prête des intentions didactiques qu’il n’avait certainement pas. Cherchant certainement un peu de sens dans cette mélasse orgiaque, j’en oublie presque le plaisir primaire de mon premier visionnement et surtout le mot de la fin d'
Helen.
Rejeton congénital et jouissif au 1er degré d’une série de WIP parfois géniaux, merveille de déviance des instincts primaires des amateurs de bis, rien ne prépare à visionner une œuvre aussi vulgaire que ce Femmes en Cage, ce qui le rend hautement fascinant et d’une rare bêtise. Il occupe une place bien au chaud entre un bon vieux Ilsa et maîtresses très particulières. 3/5.
Facilement trouvable en anglais (hélas la VF fera cruellement défaut) ce FEC, sous le titre d'amazon jail, couplé avec Bare behind Bars, dont j'ai lu qu'il en montrait bien plus :
Au moins la jaquette est tirée du film.
Merci Kobal pour les astuces

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Kobal, même les prisonnières t'admirent !
Bonus :
English blazer, la méga classe en vers
FEC, le crépuscule des crapules.
J'espèrons que cette chro vous aura plu, tant le niveau est élevé ces derniers temps

...pour les vidéos elles sont en "sexy" sur dailymotion alos faut se logger

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