Vu au cinéma, et j'ai bien aimé.
L'ambiance poisseuse et oppressante d'un New-York des bas-fonds me fascine toujours autant, image typique des années 80. Le casting aligne un défilé impressionnant de looks pédé-moustache-cuir-culs à l'air que ça en donne le vertige, dans des atmosphères paradoxalement glauques et conviviales. Pacino traine son faux air de Sly dans ces back-room où tout le monde est très open, à la recherche de son tueur, tout en tentant de préserver sa virilité hétérosexuelle (y arrive-t-il d'ailleurs ?). Le travail sur le son du cuir, des bottes et du métal est un vrai plaisir à l'oreille, tout comme les voix graves ou les accents travelos. Les corps masculins sont magnifiés, ce qui permet au film de ne jamais être repoussant (même dans les séquences fist-fucking entre amis). Cruising vaut largement le détour pour cette exposition passionnante.
Par ailleurs, l'aspect polar n'est pas le plus réussi, l'enquête se perdant dans plusieurs pistes non-développées, et sa résolution est un peu basique. Friedkin conclue ensuite son film de manière énigmatique, mais néanmoins intéressante.
A noter la brève mais "sympathique" prestation de Joe Spinell en flic abuseur de prostitués mâles.
Sinon, j'ai lu pas mal de critiques reprochant au film d'être réactionnaire et homophobe. J'avoue que je ne comprends pas trop pourquoi, l'histoire évoluant dans un milieu très spécifique, même au sein de la communauté gay. Et les homos sont les principales victimes de ce qu'il s'y passe.
Enfin, pour l'anecdote, j'étais seul dans la salle avec un couple de personnes de 60 ans au moins, tout propres sur eux et tout. Et en plus, ils ont adoré le film !!