Je suis venu, j'ai vu, et j'ai survécu.
Ca commence avec des petites images sur un grand fond noir, un générique à la Hit man (1972), et plus tard dans le film il y aura des écrans partagés (split screen) bien rétro. Il y a dès le début une tension qui ne se relâchera pas de tout le film. On y trouve une grosse fusillade à l'abri des voitures comme dans Heat ou Miami vice, l'enterrement crapuleux d'un gars encore vivant et de l'explosion de violence devant un comptoir comme dans Casino, une Cécile de France qui, avec sa coupe, son nez en trompette et sa bouche gourmande fait penser à Juliette Lewis dans Tueurs nés surtout qu'elle forme avec Cassel un drôle de couple en cavale - elle est aussi susceptible que lui, de l'usurpation d'identité improvisée en une fraction de seconde comme dans Arrête-moi si tu peux, un Gérard Depard:eu bien répugnant en gros bandit de l'OAS, un Vincent Cassel dans un rôle qui lui va comme un gant et pour lequel il change sa voix en prenant un accent un peu paysan ("moi c'est Jocques"). Malgré toutes ces ressemblances, tous ces emprunts à d'autres films, Mesrine a tout de même une forte unité, des vrais personnages crédibles, de la violence abondante mais sans tomber dans le racolage. C'est un très bon film, et j'attend aussi la suite !
La reconstitution historique est chouette, ils ont filmé dans des rues de Paris qui ont gardé un aspect ancien, ils ont garni les caniveaux de vieux véhicules. Deux choses m'ont semblé anachroniques : les extincteurs fixés au mur du couloir dans lequel Mesrine fume une cigarette pendant que sa femme espagnole accouche, et le métro au Québec en 1969 ou 1970.
Je garde en mémoire deux plans magnifiques : un travelling latéral dans une prison, et surtout un assassin qui traverse un bar, de jour, filmé un peu à contre-jour et flou.
Le Mesrine est imprévisible et violent, on est toujours sur le qui-vive, on l'observe avec crainte et fascination, comme si l'on traversait une réserve naturelle de fauves à l'abri des vitres de la voiture blindée, et à propos il y a encore une belle trouvaille visuelle : on filme à travers la vitre d'une auto aspergée du sang d'une victime, et à travers ce sang on voit le profil du tueur.
_________________ Faut régler cette situation au plus vite, ce qui veut dire définitivement. (Le boss dans Laser Force.)
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