Avec Edwige Fenech, Renzo Montagnani, Mario Carotenuto, Alvaro Vitali, Michele Gammino, Nino Terzo, Renzo Ozzano, Enrico Bureschi.
Peu friand des comédies franchouillardes qui parsemaient mes expériences télévisuelles adolescentes, c'est grâce à nanarland que j'ai pu me colleter avec certaines de nos fiertés nationales transcendées par Tisot, Prevost, Sim et j'en passe. Bien m'en a pris, car tel l'oisillon sur sa branche, j'en garde le souvenir émerveillé de la découverte d'un monde nouveau, l'horizon reculant au fur et à mesure qu'on s'en approche. Mais ce sont les fripponeries italiennes qui m'auront le mieux permis, une fois franchi le rite de passage, d'appréhender l'une des plus obscures facettes de l'imaginaire comique humain.
Prenez la candeur et la fraîcheure d'une actrice belle en diable et encline à se désaper pour le ravissement du spectateur, une tripotée d'acteurs plutôt bons qui ont compris que faire du cinéma rigolo quitte à jouer des ratés c'est toujours mieux que de pointer à l'usine et un réalisateur peu scrupuleux qui mise sur l'humour gras qui tâche pour appâter le chaland et vous obtenez une bouillie bien pâteuse et hypercalorique. Un genre totalement décomplexé qui explosa toutes les digues de la décence. Mais peu m'importe, étant moi-même un représentant de la plèbe ma bonne dame, je goûte les plats bourratifs et nourrissants comme de la purée de cantoche, laissant la finesse aux bien-pensants.
Elle en aura rehaussé des comédies graveleuses la douce Edwige
Ca, y a pas de doute, ça remplit la panse à vous en couper le souffle, mais de toute façon comme le dit Mario Carotenuto, alias le colonel Farina "le souffle au coeur c'est au cul que tu l'as".
Dieu, tout simplement.
Edwige, qui aurait pu être Maryline dans "certains l'aiment chaud" si elle avait été recommandée à Bill Wilder par Richard Harrison, se bat pour la parité dans la grande muette et désire être détachée dans un bataillon en exercice. Cela tombe bien on veut se débarasser d'elle, on l'envoie donc au camp Z (ramassis de débiles congénitaux, tire-au-flancs, déserteurs, la lie de la société en somme) mené d'une poigne de fer par le colonel Fiaschetta (Renzo Montagnani, magistral)
Celui-ci nourrit un glorieux dessein : faire de ses subordonnés les membres d'une troupe d'élite. Il est aidé dans son entreprise par un docteur boîteux et grimaçant (Leo Gullotta) qui leur fait ingérer une substance bourrée de testostérone et de stéroïdes pour doper leur virilité.
Chacun n'aura plus qu'un but : trouver une femme. Dès lors, plus aucune blague n'aura pour cible le dessus de la ceinture, elles fuseront au rythme d'une mitraillette, que dis-je d'un gatling-gun, sublimées par l'inénarrable Alvaro Vitali, aka Alvaro Quatromani, qui reprend son rôle d'idiot du village pétomane, ici masturbateur invétéré qui possède une "troisième jambe amputée au-dessus du genou". Il passe le plus clair de son temps à essayer de canaliser ses pulsions sexuelles en vain, pelotant donc ses coreligionnaires, métaphore subtile de la franche camaraderie de la vie sous les drapeaux.
Ami nanardeur, si le concept de gangbang sur un curé de village te rebute, si tu penses qu'on ne peut pas uriner sur un colonel, ta lecture de ce texte pourrait s'achever ici. En effet, rien ne te sera épargné. L'effet de la potion du doc allant crescendo, tous les protagonistes ont des "hallucinations porno-érotico-sexuelles", Montagnani en tête qui "voit des culs partout", même sur les drapeaux en berne; il dévoilera sous nos yeux ébahis l'immensité de son talent à mesure que son hystérie augmente. TOUT dans ce film tourne autour des culs sous toutes leurs formes, derrières de militaires rafraîchissant leurs hémorroïdes à la source, touché rectal, Alvaro fumant avec ses fesses, festival de pets sonores pour notre plus grand effarement. Les flatulences rythment d'ailleurs la partition de cette oeuvre, faisant même l'objet d'un gag d'au moins cinq minutes après que le camp ait mangé du goulash de 1914.
Alors pourquoi s'infliger une telle épreuve ? Pour le sourire niaiseux que l'on se sait afficher devant un tel déluge de mauvais goût, parce que chaque acteur cabotine joyeusement sans raisonnablement croire en l'espoir d'une carrière après ça mais aussi car on peine à croire qu'un homme ait pu
penser un film pareil. On rit des quiproquos dont seront victimes le malheureux Carotenuto confondu en Comte de Beaumaquereau, le curé titillé par Edwige qui subira l'assaut sexuel d'un bataillon de trouffions en rut et Montagnani s'évertuant à canaliser sa libido en creusant des galeries aux "membranes subtiles".
Pour peu que l'on ne soit pas trop hermétique au style magnifiant la grossièreté masculine en la croyant universellement partagée et qu'on adhère à l'idée qu'un film se finissant par une partouze géante a ciel ouvert ne peut être mauvais on ne s'interroge plus et on le savoure pour ce qu'il est : un divertissement primitif débilisant.
D'ailleurs pourquoi s'en faire ? Même edwige les préfère bien virils et velus (Michele Gammino jouant Gavino Piras, brute épaisse analphabète ayant grandi parmi les moutons qui finira philosophe une fois...apaisé) allant jusqu'à s'excuser d'avoir été presque violée parce qu'
elle n'avait pas su s'y prendre.
Des malades j'vous dis, mais d'un naturel et d'un inconscience réjouissants et finalement désaltérants en ces temps de morosité socio-écocomique.
A voir ne serait-ce que pour dire que vous y avez survécu et que vous aurez vu un membre honoraire de la ligue protectrice de la femme !
3.5/5
Merci à clubdesmonstres pour les images.
Des trognes :
Enrico Beruschi
Nino Terzo (photo tirée d'un autre film)
Lucio Montanaro (idem)
Firoenzo Fiorentini (le seul un peu sérieux, mais je le soupçonne d'être fourbe).
Attention de ne pas le confondre avec sa suite "la toubib prend du galon", très bon aussi, avec Gianfranco d'Angelo au cast, qui justifie à lui seul son achat.
ps : merci kob' de m'avoir reboosté
.