Airport 79 : The Concorde
REALISATEUR : David Lowell Rich
ANNEE : 1979
GENRE : Classe éco
CATEGORIE : Pur et Dur
CASTING : Alain Delon, George Kennedy, Sylvia Kristel, Robert Wagner, Susan Blakely
DUREE : 123 minutes
Airport 79 (appelé Airport 80 en Europe à cause de son année de sortie) est la rencontre de deux épopées sur grand écran. Un choc entre deux monuments, l’un cinématographique et l’autre technologique. L’ultime volet d’une franchise à succès (périclitant) allié au bijou de l’aéronautique. Le film américain assoté de la classe technologique européenne.
En gros : la saga des « Airport » combiné à l’avion supersonique Concorde.
Moi j'ai un plan de vol...mais vous, vous avez un plan de carrière ?
Petit rappel historique pour les plus jeunes (et les nostalgiques). A la fin des années 1960 Français et Britanniques s’allient pour créer l’un des fleurons de l’aviation civile qui restera dans les annales : le Concorde. Véritable avancée technologique (
"un avion en avance de 30 ans sur son époque, dans les années 60 et toujours avec cette même avance technologique en 2003, et sans successeur pour prendre sa relève") qui se donne le culot d’offrir aux passagers civils ce que même l’armée n’avait pas encore réussi : un avion supersonique volant à Mach 2 pendant des heures à très haute altitude sans souffrir de la vitesse ou de la température extérieure. A partir de son « premier » vol le 21 janvier 1976 le Concorde fascinera le monde entier autant par ses qualités techniques, son esthétisme et sa vitesse que par le coût de son billet. A l’époque il permettait de relier Paris à New-York en moins de 4heures ! Depuis son arrêt, le voyage est repassé au-delà des 8 heures aujourd’hui.
Hélas, le Concorde souffrira de pression politico/ecologico/financier qui gêneront son exploitation commerciale. Son habitacle restera donc destiné aux plus riches (le billet pour NY coûte plusieurs milliers d’Euros/dizaines de milliers de Francs à l’époque). Symbole d'une grandeur certaine de la France et de l’Angleterre, tout semble aller comme sur des nuages jusqu’au 25 juillet 2000 où le crash du modèle F-BTSC à Gonesse tuera plus de cent personnes. La production s'arrête, les vols également. Le denier Concorde décollera le 31 mai 2003, laissant pas mal d’amoureux de l’aviation tristes et un peu orphelins.
(je passe volontiers sur la version nanarde du Concorde fait par les Russes à coup d’espionnage industriel, voulant à tout prix le sortir avant les franco-britannique, et qui s’est écrasé le jour de son test devant le public et la télévision).
Comme un avion sans ailes...
Le concorde rencontre donc la saga Airport, véritable emblème d’un cinéma de genre, celui du film catastrophe (qui enchaînera ses oeuvres les plus grandioses comme « la Tour infernale » ou « les Aventuriers du Poséidon »). Airport, premier du nom, pose les bases d’une recette depuis maintes fois reprises dans ce type de film : une galerie de personnages (parfois plus d’une douzaine) se retrouvent face à une catastrophe qui les menace alors qu’ils sont coincés dans une infrastructure censée, à l’initial, assurer leur sécurité et leur pérennité. Airport donc, parle d’un avion en vol susceptible d’exploser à cause d’une bombe placée à l’intérieur. Au spectateur alors de s’identifier à tel ou tel personnage parmi la chorale, dont la plupart sont de vrais stéréotypes (époque oblige ?) mais pourtant incarnés par des acteurs célèbres. Véritable triomphe en 1970. Airport sera suivi de trois autres volets, au succès décroissant : Airport 1975, Airport 1977 et enfin l’épisode qui nous intéresse : Airport 1979. Cette longue lignée de films au pitch quasi identique inspirera l’un des films parodiques les plus drôles du cinéma (et aussi un bon moyen pour identifier tous les clichés de cette saga) :
Airplane ! du trio Zuckers, Abrahams et Zuckers.
Bhou..qu'elle est raide cette cravate pour faire croire que l'avion se tourne...
Bhou...qu'il est mauvais le comédien aussi...
La saga voulant sans doute redonner un coup de fouet pour son dernier opus, elle se concentra donc sur quelque chose de moderne et novateur : le Concorde. Mentionnons le troisième facteur entrant en compte dans l’équation censé être explosive ; la présence d’un monument du cinéma français, à savoir : Alain Delon.
Delon , même quand il a l'air con, il a la classe
Nous sommes donc en 1979. Le Concorde part de Washington, pour rallier Moscou en vue des prochains jeux Olympiques en faisant escale à Paris. Deux pilotes à son bord : Paul Metrand, Français à la réputation de coureur de jupons et ancien pilote de l’armée ainsi que Joe Patronni (incarné par George Kennedy, déjà présent dans tous les autres opus de la série…et même dans le film
"Le Clandestin"…mais je m’égare) pilote américain émérite. Emérite de quoi ? On se le demande encore. Sûrement de jouer dans un film pareil.
"Aie nide tou drinque heu lote offe Whisky"
Tout nanar de catastrophe ne serait pas une réelle catastrophe sans un méchant catastrophique. Il se trouvera en la personne de Kevin Harisson fabriquant d’arme, personnifié par Robert Wagner. Véritable mollusque dans le film (ha ben il est bien loin le fringuant milliardaire de la série « l’amour du risque ! ») Harisson passera le plus clair de son temps à essayer de démolir l’avion en question tout en affichant une mine de dépressif. Pourquoi ? Pour lutter contre l’impérialisme Giscardien ? Pour tenter de décoiffer Delon ? Non. Simplement car sa femme possède la preuve qu’il vend des armes pour des pays terroristes et qu’en étant journaliste, elle va faire la lumière sur cette histoire en rentrant de son voyage à Moscou.
Il décidera donc à trois reprises de faire crépiter l’avion (avant et après son escale à Paris) mais c’était sans compter sur les talents de pilotes Paul et Joe (et des effets spéciaux neurasthéniques)
La journaliste nanarde : elle possède un studio de télé à chier...
et elle lit des documents marqués en gros "confidentiel", dans le métro bondé
Sa méchanceté étant celle qui devait apparaître sur le scénario, ce type sensé représenter le chef d’entreprise carnassier au top de la richesse et d’un empire industriel, n’est pas foutu de tuer sa femme quand ils se rejoigne dans son hôtel à Paris lors de l’escale !! Non, il lui demande, avec l’air d’un droopy sous tranxène si elle est certaine d’aller jusqu’au bout de son action…et une fois qu’elle lui assure qu’elle a fait son choix, il se résignera et décidera donc de recommencer à détruire l'avion autant de fois qu’il le veut
*.
ATTENTION : FESTIVAL D'EFFETS SPÉCIAUX SPÉCIEUX SPATIAUX!!
La curiosité du film (outre son histoire débile), vient de son esprit franco-américain. La présence de Sylvia Kristel en hôtesse de l’air amoureuse de Delon (mais qui ne l’est pas ? Hein ? Qui ? Mais bon sang QUI ?) personnifie à elle-même la touche glamour à la Française d’un film dont la vision en VO prend tout son charme. (Delon disant à Kristel « your hair is my french fries » le regard de braise couché sur elle et sur la moquette de leur chambre d’hôtel).
Tu l'a foutu où ton fauteuil en osier ?
La galerie des seconds rôles sera pure formalité tellement le réalisateur s’en fout et semble porter son attention sur les deux aviateurs (et leurs coucheries). La plupart des passagers n’auront que trois lignes de dialogues. Et ce n’est pas plus mal car finalement le réel personnage principal c’est l’avion lui-même et sa facilité déconcertante à échapper à des missiles et des avions de chasses qui veulent le descendre. Et ceci sans rayer sa peinture.
LA LISTE DES PASSAGERS DU VOL AIR NANAR :
Car il faudra s’y prendre à plusieurs fois pour lui briser les ailes au Concorde. Harisson, voulant à tout pris lui mettre ses trains d’atterrissage dans un tupperware, le tentera le coup en trois temps. Par le test de son missile thermoguidé dernier cri (sorti de sa propre usine… bravo pour la discrétion), par une attaque de chasseurs, et par un sabotage. Rien que ça ! Et ben croyez le ou non, Delon va sauver tout le monde. Et puis Delon, c’est comme pour ses conquêtes féminines : quand il veut se la jouer, il veut que ça ait de la gueule.
Sans un café, impossible de réveiller un flic qui dort
Et tant pis si ce n’est pas crédible. On s’en fout, on aime que le Concorde fasse des prouesses quitte à dégoûter les méchants les plus violents du monde ! J'en profite donc pour avertir les terroristes qui nous lisent et qui souhaitent lancer une roquette sur un avion en vol la semaine prochaine : regardez si Alain Delon pilote. Sinon, il va gâcher votre effet comme il l’a fait en 1979 au bord du Concorde : en faisant un looping tout en ouvrant la fenêtre pour tirer une fusée éclairante pour faire un leurre face au missile.
...
...
Je répète pour ceux qui écarquillent les yeux :
a)-Un looping.
b)-On ouvre la fenêtre (oui c’est en option suivant le modèle de l’avion)
c)-On prend une fusée éclairante.
d)-On tire PENDANT le looping
e)-On se recoiffe tout en lisant le Figaro.
Et encore, vous savez pas ce qu'il fait avec son autre main !
Harisson, ne se laissant pas décourager demandera à son sbire français d’envoyer deux avions de guerre lui tirer dessus (sans succès… apparemment les pilotes français ne sont pas tous de la trempe d’un flic qui dort) puis faute de mieux (et d’un scénariste parti aux toilettes) se rabattra sur le bon et vieux sabotage. On ne la fera pas à Delon qui se rappellera soudainement qu’on peut se poser dans les Alpes car il y est allé skier dernièrement (et aussi se taper une poule) et qu’il se souvient que la neige est suffisante pour atterrir.
l'exemplaire de "l'humanité" est resté dans la poche de l'autre uniforme
Que dire de plus ? Delon tire certes la couverture à lui dans ce film mais sans vraiment le vouloir. Faute de mieux sans doute dans le scénario. Scénario qui se prend pour n’importe quoi tout le long du film, notamment dans sa dimension sexuelle. Pour exemple Paul paiera une pute à son ami Joe, sans l’avertir, lors de son escale à Paris (car se sont les meilleurs selon le cliché américain). On pense tous que Paul va s’en prendre une mais en fait Joe prendra la nouvelle comme un Auvergnat se rendant compte d’une erreur de la banque en sa faveur.
-Quoi ??? Tu veux dire que tu m’as payé une pute ??
-Ben oui ! Comme vous dîtes, ce sont les meilleures !
-Hahaha, c'est formidable, je suis amoureux d'une pute ! Quelle classe !
-Ouais !! Làlàlàlà, la vie est trop belle en France ! Allez vient on remet ça
-Avec plaisir, j'ai trop envie de vivre ma vie de mac maintenant ! Ca te dit une partouze ?
Le climax sexuel touche son paroxysme lors de cette réplique (véridique) :
Isabelle: You pilots are such... men.
Capt. Joe Patroni: Well, they don't call it a "cockpit" for nothing
...
....
Enfin bref. Véritable joyau du film catastrophe dans tous les sens du terme (avec une nomination pour les Razzie Award de 1983 pour le confirmer) Airport 80 souffre d’une vraie réputation nanarde à l’étranger et ce, depuis sa sortie. Universal changea même sa stratégie marketing en modifiant sa tagline en conséquence.
L'initiale étant :
"At twice the speed of sound, can the Concorde evade attack?" ("à deux fois la vitesse du son, le Concorde peut-il éviter une attaque?")
Remplacée par :
"Fasten your seatbelts, the thrills are terrific... and so are the laughs!" (« Attachez vos ceintures de sécurité, les frissons sont extraordinaires…et les rires aussi!»)
Cet odeur de cigare, c'est toujours mieux que mon parfum "samouraï"
Sans succès, hélas pour le studio. Si Airport en 1970 fut plus de 100 millions de $ lors de son exploitation (les suivants faisant respectivement 47 millions et 30 millions) Airport : concorde n’en fit que 13. Un échec donc, qui clôtura la série des Airport mais aussi un genre de film qui retrouvera un peu ses lettres de noblesse à la fin des années 1990 avec des films comme «
Daylight » ou le remake des «
Aventuriers du Poseidon ». Mais qu’on se rassure ! Heureusement pour nous, un tel fleuron de l’industrie du cinéma restera dans notre musée à nous ! Car nous aussi à nanarland on aime afficher notre passion du cinéma et des merveilles de la technologie tel que notre moustachotron ! Alors oui, trois fois oui, Airport 80 restera dans notre bible au nom du film marrant, du Delon fringuant et du rire éclatant !
Vive Alain Delon, Vive le Concorde et Vive la France !
…et vive les nanars regroupant les trois.
* Pour finalement arriver à ses fins…20 plus tard. L’avion présent dans le film fut le-même qui s’écrasa à Gonesse causant la mort de tous ses passagers. Véritable tragédie, sans Delon pour nous faire marrer cette fois.
-Vous savez que cette fille à coté de moi, va tourner dans Hurlement 2 ?
-Mouhahah !!! Sérieux, elle va faire quoi là-dedans ? Montrer ses seins ?
-Chéri, dis-leur aussi pour Hercule avec Lou Ferrigno !
-Bwhahaha!! Ho putain, arrête tes conneries Roger, on va s'écraser si tu continues !
note : 3.5/5