Titre : La Croix de Fer (The Iron Cross)
Année : 1972
Réalisation : Sam Peckinpah
Genre : Guerre
Distribution : James Coburn (Steiner), Maximilian Schell (Stranski), James Mason (Brandt), David Warner (Kielsen)
J'ai vérifié comme j'ai pu, mais ce chef d'oeuvre de Sam Peckinpah n'est pas référencé. Alors, autant en discuter un peu.
L'histoire :
1943, URSS, front de Crimée, le sergent Steiner, consciencieux, dévoué, courageux, humain, aimé de ses hommes (une bande de braves types qui se retrouvent là à faire leur devoir) et apprécié de ses supérieurs, notamment du colonel Brandt, se trouve à tenir une position dans un secteur dangereux en face des lignes soviétiques. Ils se voient bientôt rejoint par un officier, le capitaine Stranski (Maximilian Schell), arrivé depuis le front de l'Est et qui ambitionne de décrocher la Croix de Fer, décoration remise pour faits de bravoure. Très vite une profonde inimité s'installe entre Steiner et Stranki. Inimité qui se transforme très vite en duel moral entre deux soldats du même camp mais pas du même monde.
A mes yeux, c'est sans doute l'un des meilleurs films de guerre réalisés autant qu'au niveau de l'histoire, des reconstitutions, du tournage et du jeu des acteurs. La Croix de Fer est d'ailleurs, avant le (très moyen à mes yeux*) film de Jean-Jacques Annau "Stalingrad", la seule grande production occidentale à abroder la guerre à l'Est.
Peckinpah rompt en effet avec certaines conventions traditionnelles des films de guerre et n'épargne personne dans l'histoire. Avant Steven Spielberg, c'est bien l'un des seuls films qui montre les combats de la Seconde Guerre mondiale dans toute leur férocité. Les scènes d'attaque de la position allemande par les troupes soviétiques (à grand renfort de VERITABLES chars T-34 85 !) sont particulièrement réussies. D'ailleurs le tournage effectué en Yougoslavie contribue à la réussite du tournage, bien que les conditions eurent été difficiles.
Mais c'est sans doute dans le travail sur les personnages que Peckinpah résussit le mieux son exercice de maître. Steiner homme de terrain et vieux briscard autant politisé qu'un fer à repasser, s'oppose à l'arriviste Stranski, qui se terre dès que les Russes passent à l'attaque, mais qui n'hésite pas à ordonner de faire fusiller un très jeune soldat ennemi (plus un adolescent d'ailleurs) pour "s'en tenir aux ordres". On a ici chez Peckinpah un véritable réquisitoire contre les officiers.
Autre moment fort du film, quand Steiner se retrouve en convalescence en arrière du front, il saccage littéralement une table avec champagne et gâteau préparée sur ordre d'un gradé afin de "remercier comme il se doit" les "vaillants soldats qui ont donné leur sang." Bref, cet homme en pleine santé n'ayant pas connu les affres de la guerre passe presque pour grotesque au milieu d'éclopés et d'aveugles... Steiner est absolument écoeuré par la vie menée à l'arrière par certains , préfère retourner loin de cette Allemagne igonrante des chose du front, dans sa vraie patrie qui est l'abri dans lequel il partage les moments de fraternité avec ses camarades.
Un autre aspect intéressant réside dans le comportement de certains soldats allemands à l'Est. Après avoir neutralisé des gardes russes sur un pont, Steiner et ses hommes tombent sur un groupe de femmes soldats soviétiques (fait récurent chez Peckinpah, les femmes deviennent égales des hommes dans la guerre). Et à ce moment là, c'est la libération des instincts de base, certains soldats allemands profitant de ce moment de répit pour se soulager comme il se doit après des heures de tensions et de combats... Le repos du guerrier y est très bien suggéré, voire davantage.
Enfin, en ce qui concerne le jeu des acteurs rien à dire. James Coburn au mieux de sa forme en soldat de terrain avec ses forces et ses faiblesses, Maximilian Schell quasi transcendant en officier arriviste, presque tourné en ridicule quand il se coiffe d'un casque d'acier (il faut voir les scènes pour mieux s'en rendre compte, ça n'est pas encore Papa Schultz mais...). James Mason lui aussi offre un très bon jeu en officier supérieur désabusé qui a perdu ses illusions dans la guerre et surtout; David Warner, coiffé comme un gueux et cigarette au bes, qui donne l'impression de sombrer dans la dépression d'un instant à l'autre.
Voilà, j'ai fait encore de mon mieux.
Cordialement.
* Sur Stalingrad, certains ne vont pas être d'accord.