Titre VF : Aérobic Killer, Aérobicide
Titre VO : Killer Workout
Origine : USA
Réalisateur : David A. Prior
Année : 1986
Avec : Ted Prior, David Campbell, Teresa Vander Woude, Richard Bravo
Catégorie : Slasher
Genre : Tue Tue You Tue
Alors cher ami prolétaire français moyen, tu en as marre de ta grisaille quotidienne ? Métro, boulot, télé, dodo ça ne t'enchante pas ? Ta bedaine ressort mollement et bobonne n'arrange pas les choses ? J'ai ce qu'il te faut :
Aérobic Killer ! Oui, il fallait y penser ! Dedans tu trouveras tout ce qui fait défaut à ton petit monde morne. La lumière des années 80 te frappera le visage et te montrera la voie. Penchons nous ensemble sur cette merveille.
Prior. David Prior. Pour ceux et celles ayant eu la chance de voir Ultime Combat (
http://www.nanarland.com/Chroniques/Mai ... timecombat) ce nom à une consonance magique. Malencontreusement, le nanar n'est pas toujours au rendez-vous, loin s'en faut. Mais, il semblerait bien que ce damné des ondes nous ai gratifiés d'un autre titre digne de sortir de l'anonymat des cartons poussiéreux.
La lumière des années 80.
Le titre en lui même est assez évocateur. Nous sommes donc en présence d'un sérial-killer dégommant des silhouettes de rêve des deux sexes dans un club d'aérobic de Californie. Les années 80 battent leur plein, le look est alors à son apogée. Vive donc les tenues fluos fushias, des ziques rythmées au synthé et les brushing de la mort.
Nous sommes au club de Rhonda et Jamie. Les deux jeunes filles font tourner la boîte tant bien que mal, Rhonda pestant assez souvent sur les frasques délurées de sa copine. Nous comprenons bien vite que ce qui apparaît comme une idée originale au premier abord est une parfaite excuse pour meubler les moment creux où rien ne se passe (bonjour les pléonasmes) avec des gros plans sur les plastiques féminines dans des poses pas très subtiles. Bref, un bon truc pour accrocher l'obsédé moyen. Ceci dit, les dames ne seront pas en reste car il y aura aussi des hommes musclés en combinaison moulante (en infériorité numérique il est vrai). Soulignons que ces messieurs au physique avantageux ont en général des répliques au dessous de la ceinture type "Tu veut que je te montre à quoi sert ta fermeture ?". Comme quoi corps de rêve ne va pas toujours avec esprit chevaleresque et galant loin s'en faut.
Tout l'érotisme moite des années 80
Mais quelque chose d'atroce va venir bouleverser ce monde insouciant et chatoyant. Je te vois déjà pester, cher ami prolétaire, car passé le premier moment de convoitise, tu les déteste déjà ! Les gens heureux sont une insulte aux malheureux, c'est bien connu. N'aie crainte, donc, car un maniaque fou (re-bonjour!) va mettre un brin d'anarchie dans cette mécanique bien huilée.
Reconnaissons que le "Slasher" est un genre de film délicat. Il faut savoir flirter avec les clichés sans pour autant trop les appliquer et apporter sa petite touche personnelle si on veut sortir du lot. Généralement, des jeunes bien mis sont dézingués après s'être enfuis en hurlant ou surpris en train de faire quelque chose pas très catholique. Il y a des slashers réussis, comme les Vendredi 13 (on tape à la hache ou à la machette) des ratés, comme la série bizarroïde allemande Fantom Killer où un type revêtu d'un bas de laine trucide des femmes dénudées dans des sous bois (c'est bien connu, on court plus vite tout nu). Le tout est de mixer savamment les choses pour arriver à quelque chose d'intéressant.
Or dans le cas qui nous (pré)occupe, David Prior tombe dans le nanar de par son application à nous asséner tous les clichés possibles et imaginables du genre et en employant comme arme du crime, un objet si abominable que d'emblée un fou rire nerveux s'empare du pauvre spectateur. L'arme du crime, c'est une épingle à nourrice géante.
Ceci est une arme de destruction massive
Dieu seul sait à la suite de quelles substances illicites les scénaristes en sont venus à cette idée saugrenue. Je suppose qu'ils voulaient rendre un objet familier effrayant, mais c'est plutôt l'effet inverse qui se produit.
Le premier meurtre se voudrait une référence au pionnier du genre, Psychose d'Alfred Hitchcock, dans une sorte de remake de la scène de la douche qui pêche par la nullité du jeu de l'actrice et par le conformisme absolu des plans.
Le meurtre selon David A. Prior
La première impression étant toujours importante, le spectateur béat devant tant de naïveté peut légitimement se demander si on ne le prend pas pour un con. Mais rassure toi cher ami prolétaire, d'autres surprises sont encore à venir.
Pour vaincre les forces du Mal de l'épingle à nourrice, deux hommes vont se dresser, tel le dernier rempart de justice dans ce monde pourri. Le premier, nous le connaissons bien. Le gros plan sur ces biceps, cette figure de poupon, ce blondinet fringuant...oui, aucun doute possible c'est lui. L'éternel frangin, celui qui n'a jamais faim (à part pour des vers), celui qui n'a jamais froid (même en short), non ce n'est pas Davy Crockett, c'est Mike Den...euh, pardon, Chuck Dawson !
Vous le reconnaissez ?
Et là vous le reconnaissez ?
Chuck (Ted Prior), dans sa quête effrénée de justice sera secondé, si l'on peut dire, par le lieutenant Morgan (David James Campbell), fils spirituel de l'inspecteur Clouzot qui a la fâcheuse manie d'arriver trop tard à chaque fois, chose assez handicapante pour un professionnel des forces de l'ordre. Non seulement il arrive en retard mais il accumule les bêtises en se lançant sur les fausses pistes (pourtant tellement énormes) qui jalonneront sa route dans la quête du meurtrier. Voir cet humble policier se planter à chaque fois agace une nouvelle fois les zygomatiques du spectateur. Détail cocasse venant couronner le tout comme une belle cerise confite sur un gâteau, la voix française est faite par la même que celle du commissaire Bruno dans Cat's Eye (datant de la même année !). Et quand on connaît l'incapacité de l'un et le professionnalisme douteux de l'autre, il n'y a qu'un pas à la comparaison, voire à l'amalgame, pas que je franchirais sans vergogne.
Le lieutenant Morgan et son alter-ego animé
En bon frangin soucieux que sa moitié consanguine crève l'écran, David donne à Ted des occasions multiples de montrer ses biscottos, de mettre des taloches aux gros lourds du club (comprenez là Jimmy le gros lourd en bleu et Tommy le gros lourd en rouge), vérifiant une nouvelle fois le célèbre théorème Priorien, à savoir que "Quand Ted sort les poubelles, les méchants sortent de l'ombre". Une scène sort assez du lot où le beau Chuck accourt suite aux cris d'une damoiselle en détresse et tabasse en trois manchettes de cour de récré le méchant gus des lieux du crime. Problème, ce gentil personnage ne faisait que passer et ses protestations n'auront pas raison du poing d'acier et du cerveau de plomb de notre Samson préféré. De bagarres échevelées en séduction torride, les apparitions de Ted sont un vrai délice de par son non-jeu et par l'absurdité de quelques situations aussi improbables que la rencontre avec une fourmi guitariste. J'en veut pour preuve une séance de tatane qui se terminera par un affrontement spectaculaire au moyen d'un râteau (oui, un râteau).
Ted Prior, héros incontesté de la jungle urbaine
Le tueur, protégé par l'incapacité de la police et les nombreuses incohérences du scénario va tranquillement poursuivre son programme d'écrémage de la société. Par exemple un policier en faction dans le club n'entendra ni ne verra rien alors que deux meurtres auront lieu dans la pièce à coté en l'espace de cinq minutes. On pourrait aussi s'étonner de ce que les jolies dames se remuent avec des sourires épanouis même après qu'au moins cinq meurtres aient eu lieu dans le club (d'ailleurs comment se fait-il qu'il reste encore ouvert ??). Mais ceci se fait avec bonheur pour le nanardeur car cela donne l'occasion d'alterner crimes mous et risibles et séquence petits culs moulés dans des débardeurs fluorescents tellement lumineux que les yeux en pâtissent.
Le principal problème de David Prior, c'est que les séquences se succèdent et à chaque fois que cela démarre bien, où on se dit que l'action est bonne, il y a toujours la mouche dans le lait, l'engrenage défectueux bref, le petit truc qui va tout flanquer par terre, décridibilisant l'ensemble de la séquence. Prenons une course-poursuite, donnant l'occasion au lieutenant Morgan d'arborer de superbes lunettes fumées complètement inutiles. Il poursuit son suspect à travers la ville (enfin deux rues) et atterrit à sa suite dans un entrepôt en plein air de containers métalliques. S'ensuit un gunfight et là où cela commençait à être bien, l'individu tire sur le policier à trois mètres sans obstacles et...loupe. A partir de là on à vraiment l'impression de voir deux grands enfants jouant avec leurs pistolets à amorce dans leur square local.
Croyez le ou non, il le rate...
Signalons également que le réalisateur nous gratifiera d'un twist final assez nawak (dont une séquence sous-bois dont je cherche encore l'utilité) qui achèvera de plonger ce film dans les tréfonds insondables du n'importe quoi. Même après l'apparition du mot fin, Prior sentant probablement que le spectateur à été lésé, balance une nouvelle fois des images de ses Vénus de salles afin de bien enfoncer le clou nanar des fois que le chaland n'aurait pas bien compris.
Quand y'en a plus, y'en a encore.
Au final un Prior sortant du lot, même si il n'atteint pas les septièmes cieux d'Ultime Combat. Il fera passer un bon moment à celui qui cherche à s'évader dans quelque paradis artificiels pour une durée moyenne de 80 minutes, laissant flotter un parfum de nostalgie pour les T-Shirts Waïkiki, les bananes pleines de billes et les bandanas décompléxés.
Note : 2,75/5
Rareté : Rare 3
Il vous faudra vous résigner à dégotter l'unique édition française en VHS, à moins que vous ne puissiez mettre la main sur l'édition suisse, contenant le même film sans accents outranciers.
La VHS française (saluons au passage le "résumé" qui bousille un suspense déjà inexistant)
L'édition suisse reprenant le concept du verso français et un recto dessiné très alléchant.
Nos amis ricains ont eu l'excellente idée de sortir ce bout de pellicule en DVD dans ce qui semble être plusieurs éditions.
Une VHS allemande.
BONUS
Tidoudidoudidoudidou...
Floshfloshflosh...
Chuck (Ted Prior) et le lieutenant Morgan (David Campbell) s'ennuient ferme.
Une curiosité du film
Jamie laissant malencontreusement choir ses capotes
Ma danseuse préférée, non pour de basses raisons lubriques, mais parce qu'elle a des nichons sublimes.
Extraits :
http://www.dailymotion.com/nanar-junkie/video/6248289
Ted, le chevalier blanc protecteur des veuves et orphelins
http://fr.youtube.com/watch?v=khTnS0X3dok
Une baston au râteau.
Merci à nanar-addict, ROTOR et Kobal.