Starslammer : la prison des étoiles
Un film de Fred Olen Ray, avec Sandy Brooke, Marya Gant, Ross Hagen, et des caméos de John Carradine et Aldo Ray
Via une faille inexplicable de l'espace temps, je me suis retrouvé en possession d'un documentaire sur les conditions de vie dans les pénitenciers de femme en 2100 et des brouettes (ce n'est pas précisé, certainement car cela doit être évident pour les gens de cette époque).
Dans l'emballage de cette vhs, ma foi un drôle de support pour un objet du futur, un bout de journal tout chiffonné contenant une interview de la directrice de cette sympathique institution carcérale. N'étant pas égoïste, j'ai décidé de vous transmettre cet entretien :
Salut, les p'tits louveteaux
Journaliste : Bonjour, mme Exene, directrice de la Véhémence, vaisseau prison dont la réputation n'est plus à faire, et merci de nous accorder un peu de votre précieux temps.
Directrice Exene : Tout le plaisir est pour moi.
Journaliste : Pouvez-vous nous raconter un peu la genèse de cette entreprise ?
Directrice Exene : Oh, c'est une drôle d'aventure, croyez-moi. Voyez-vous, je suis directrice de prison. J'ai des plaisirs simples : torture de prisonnière à base de limaces, relation saphique avec ma sbire borgne, rien que du très classique. Voilà qu'un jour arrive un jeune homme à l'air tout fou, suant et baragouinant. Je le fouette un peu pour qu'il reprenne ses esprits et voilà ce qu'il me raconte : "Pardon madame de vous importuner, je m'appelle Fred Olen Ray, réalisateur de documentaires tels que Alienator (
http://www.nanarland.com/Chroniques/Main.php?id_film=alienator), ou l'invasion des cocons (
http://www.nanarland.com/Chroniques/Main.php?id_film=invasiondescocons). Je réalisais un reportage pour le jour du seigneur sur un spatio-rabin, prêcheur dans les colonies minières. Tout se passait bien, il y avait des nains, une carrière, une mineuse en débardeur qui nous a gentiment proposé du caillou fondu à l'acide sulfurique. Et là voilà qu'arrive un de ces salauds de collecteurs d'impôt, Bantor d'après ce que j'ai compris. Pas le temps de se présenter qu'il tire sur tout le monde, tue les nains et surtout évapore mon rabbin, pour finir par se faire plonger la main dans la rongeasse. Résultat, la fille va en taule, et mon film dure 5 minutes » Là je lui dis que je compatis mais que je peux rien faire pour lui, et il me répond que si en fait. La prisonnière s'appelle Taura, elle a été transférée dans votre vaisseau pénitentiaire, et je voudrais faire un documentaire là-dessus. On fera un raccord avec un juge sur fond bleu, et le tour sera joué. Le tout ressemblera à du Depardon, et avec un peu de chance, je pourrai le vendre au Droit de savoir.
Des nains, une carrière, un rabin : ça commençait pourtant bien
Journaliste : C'est n'importe quoi votre histoire.
Exene : Tout à fait d'accord. Mais voyez-vous, l'administration pénitentiaire a peu d'argent, alors on crache pas sur un petit bonus.
Journaliste : Oui, on le voit bien dans le film : trois gardes pour toute la prison, heureusement peuplée de moins d'une dizaine de prisonnières, deux salles différemment éclairées pour faire croire qu'il y en a plus, et des couloirs à gogo, on sent que les fins de mois sont difficiles.
Festival plans couloir
Exene : Ne m'en parlez pas, je le disais hier encore à l'empereur et à sa femme. Mais ils ne m'écoutent pas.
Journaliste : D'ailleurs, j'ai été étonné de vous voir si proche. Non seulement c'est rare de voir un directeur de prison minable parler au chef de la galaxie, mais en plus il semble habiter à deux pas de la prison.
Exene : Je vous répondrai que j'ai de bonnes relations. Vous croyez que je suis là pour mon talent ? Quant à la distance, je me déplace avec un nouveau moyen de locomotion, ça s'appelle le stock-shot. Très très rapide.
D'un vaisseau spatial au palais de l'empereur en tram : aucun problème
Journaliste : Mais revenons je vous en prie à notre sujet : la condition des femmes en prison. Ca n'a pas l'air si dur.
Exene : Oui, nous tenons à ce qu'il y ait une bonne ambiance. Nous organisons des activités pour qu'elles apprennent à se connaître, on les laisse faire des petites fêtes. Nous avons mis fin aux petites cellules et aux menottes, même face aux gardiens. C'était tellement déprimant. Je suis pour l'autonomie en prison !
Ca commence par un coup de poing, ça termine dans la gnole : bienvenue en prison !
Journaliste : Euh, ce n'est pas dangereux ?
Exene : Pensez-vous ! Ces gourdes passent leur temps à se battre l'une contre l'autre. Et vu comme elles sont empotées, pas de risque. Et puis, quand l'une se rebelle, on la jette AU MONSTRE.
Journaliste : Ah oui, il est terrifiant. Toutes ces dents, ces tentacules ! Mais il n'est pas très vif, non plus. A vrai dire, excusez-moi pour ma franchise, mais je l'ai trouvé un peu risible. On a l'impression que les prisonnières retiennent leurs coups pour ne pas lui faire mal, et font à peine l'effort de l'éviter.
Greeeuaaaargh
Le terrible combat en vidéo (
http://www.dailymotion.com/video/xab48k_une-terrible-bataille-de-monstre durée : 2 min 20)
On a eu chaud aux miches
Exene boude en entendant cela.
Journaliste : Il y a aussi des rats géants dans votre prison. Très dangereuses ces bestioles. Si j'ai bien compris, il faut les étrangler pour les tuer. Heureusement qu'ils sautent gentiment en tendant leur cou.
Exene : Oui bon, si vous êtes désagréable, on va peut-être s'arrêter là.
Journaliste : Excusez-moi, j'aimerai encore aborder quelques points. Tout d'abord j'aimerai que vous m'ôtiez d'un doute. La façon dont s'habillent les prisonnières, et sauf votre respect, vous mêmes, entre érotisme et vulgarité, suggérant les nichons sans vraiment les montrer, c'est une consigne de M. Olen Ray, non ?
Exene : Je ne vois pas de quoi vous parlez.
Journaliste : Euh, la casquette, cet énorme décolleté plein de lourdeur mammaire ?
Exene : J'ai beau être directrice, je n'en reste pas moins femme. Vous avez quelque chose contre la coquetterie ?
Festival Marya Gant
Journaliste : D'accord, d'accord. J'aimerais qu'on parle un peu de la fin. Sans vouloir trop en dévoiler à nos amis lecteurs, il y a quelques points à éclaircir. Tout d'abord cette scène érotique avec un sbire était-elle nécessaire ?
Exene : Oh, c'est à cause de ce grand fou de Fred Olen Ray ! J'ai commencé avec un beau blond, et le réalisateur a insisté pour filmer nos ébats, disant que ça plairait aux spectateurs. Mais je suis très pudique, alors j'ai dit d'accord mais je garde mes vêtements.
Une scène si chaude que les crânes en fument
Journaliste : Ah, d'accord. Maintenant, parlez moi de la tentative d'évasion qui a eu lieu.
Exene : Ah oui, quelle catastrophe ! Ca faisait des années que je disais à ma hiérarchie : payez des cours de tir à mes deux gardiens. Mais non, personne ne m'écoute. Résultat, même à bout portant, incapable de toucher ! Quelle image donnons-nous de notre prison ?
Journaliste : Une image bien pitoyable, je vous l'assure. Et cette bataille spatiale, j'ai rarement vu plus ridicule. Juste des vaisseaux qui se foncent dessus sans manœuvrer, des pouffiasses qui appuient sur des boutons n'importe comment, ça ne vous choque pas ?
Exene : Monsieur le journaliste, avez-vous déjà essayé de piloter un stock-shot de maquette ? Je vous le dis par expérience, ça n'est pas aussi facile que ça en a l'air. Un peu de compassion je vous prie.
(
Extrait de la bataille spatiale la plus nulle de l'histoire :
http://www.dailymotion.com/video/xab4hz ... -naze-de-l (2 min 40))
A écouter dans cette scène : le superbe thème du film qui tente de pomper tout John Williams en une fois.
Journaliste : Une dernière question : L'officier Bantor a une trajectoire bizarre : collecteur des impôts psychopathe, grand brûlé de la main, puis justicier sado-maso, puis schizophrène hallucinant le père Fourras (ou était-ce Corbier ?), ne ferait-il pas n'importe quoi pour voler la vedette ?
Festival Ross Hagen
Le père Fourras est déception et colère : "Tu sais où je vais te la mettre la clé ?"
Exene : Tout à fait et je l'ai châtié pour cela. Personne ne me vole la vedette. Pas même l'héroïne supposée du documentaire.
Journaliste : Un mot de fin pour nos lecteurs
Exene : Et bien, j'espère que vous prendrez beaucoup de plaisirs à suivre nos aventures : misère des décors, monstres en carton-pâte, prisonnières gloussantes, bastons en mousse, nous avons essayé de trouver le juste mileu entre mollesse et nawak.
Journaliste : C'est très réussi en effet. Merci beaucoup.
Merci les filles, c'était super
Extraits : Les prisonnières dansent comme des folles :
http://www.dailymotion.com/video/xab4c9_dansons-comme-des-folles (1 min 08 )
Un plan nichon complètement inutile :
http://www.dailymotion.com/video/xab4fj_un-plan-nichon-completement-inutile (41 sec ) [Si ça peut ramener Nikita...]
Note : entre 1,5 et 2
Le film est bien fauché, et le rythme pas énorme, mais la stupidité de la chose et un taux de nawak assez constant font qu'on ne s'ennuie pas à sa vision. Certaines scènes m'ont vraiment fait rire, ce qui est toujours plus rare quand on regarde ce genre de film seul.
Cote de rareté : 3 rare :
Tourné en 1984 mais sorti en 1988 d'après IMDB, ce film est sorti en France en vhs chez A.T. (Antarès et Travelling) productions en 1992.
La jaquette portait le doux slogan : le premier film de science fiction sado-maso, ce que le film n'est évidemment pas.
Il est ressorti en dvd aux Etats-Unis chez Image Entertainment (semble-t-il) et ne comporte apparemment pas de bonus. Faut dire que ça coûte des sous ces choses-là.
Voilà, j'ai essayé de sortir du schéma de chronique un peu plan plan. Si vous trouvez ça verbeux, ou simplement l'idée mauvaise, je referai ma chro en plus classique (mais pas tout de suite parce que ça prend du temps).