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Il faut bien que quelqu'un se dévoue pour ouvrir un topic sur ce film dément afin de permettre aux spectateurs brisés de tenter de synthétiser un avis dessus.

Je me lance donc...
Et bah je dirais que c'est assez génial comme film. Incontestablement expérimental : décors en carton pâte joliment peints, montage aléatoire, surjeu généralisé, musiques qui se chevauchent (avec une attirance pour la pop anglaise des 60's, à la sauce jap'), personnages caricaturaux (chaque lycéenne a une caractéristique, genre manger, faire de la musique, du kung-fu... un peu à la "7 Magnifiques" ; tandis que la belle-mère de l'une d'elle a toujours du vent dans les cheveux), effets spéciaux complètement fous et réalisation qui rassemble tout cela en un grand tout.

On est souvent désarçonné par ce qui se passe à l'écran, d'autant que l'on pressent bien que strictement tout peut arriver, même si le canevas de fond est plutôt classique (maison hantée par son occupante, chat fantôme et jeunes filles assassinées). Le résultat est vraiment sympa, typiquement nippon, et donne envie de connaitre un peu plus la filmo du réalisateur.

Il est sorti en France ou tout le monde l'a vu dans le dvd anglais ? Parce qu'avec tout ce que j'entends sur ce film je l'achèterai bien.

Par contre, je n'ai pas très bien compris : c'est un film d'horreur ? Pourquoi est-ce si différent des autres films ?

Est-ce que c'est très seventies dans l'ambiance ?

1 ) Hem...

2 ) C'est effectivement un film que l'on pourrait qualifier d'horreur, mais qui a un tel traitement du genre qu'il est difficile à contenir dans une seule case. Faut imaginer que les séquences possiblement effrayantes sont montées avec une musique guillerette, et que certains persos sont tellement béats qu'ils sourient de tout ce qui leur arrive. Et puis les effets visuels sont tellement autres qu'il est peu probable d'avoir peur devant (sauf si des petites lumières vertes mal rajoutées sur les yeux d'un chat ou si un thermos anthropophage te font peur...).

3 ) L'ambiance est régulièrement 60/70's.

La bande-annonce (qui spoile beaucoup de moments gores et qui fait oublier que le film change presque de genre sur sa fin) : http://www.youtube.com/watch?v=NN0HVJ5tkIM.


J'ai oublié de préciser un détail qui m'a bien plu : les portes qui grincent font des bruits de personnes agonisant... ou de pets.

Personnellement je résume çà à un cross-over entre Scooby-Doo et Suspiria, çà me semble bien synthétiser l'esprit du film.

En plus la BO est démentielle, assez proche du travail des Goblin.

De toute façon, rien qu'à voir l'affiche, on se dit que c'est un bon film. Merci Kobal pour l'info !

Des extraits de la BO

http://www.youtube.com/watch?v=5x5cCz-6pqk

http://www.youtube.com/watch?v=F1vNywVnYYk&hd=1

Personnellement, malgré cet aspect léger et assez guilleret en apparence, le film réussit paradoxalement là où certains films d'horreur font à peine frémir: je dirai pas qu'il fait peur, où qu'on angoisse, mais il m'a mis indéniablement mal à l'aise, surtout sur la scène de fin. Il y a une espèce de nostalgie malsaine qui se dégage du film. Même dans la bande son, il y a des sonorités qui nous signalent bien qu'on n'est pas forcément uniquement là pour se fendre la poire, qu'on est toujours dans un film d'horreur après tout.

En tous cas, il fait partie de ces films qui font que, plus j'y pense, plus j'ai bien aimé, et qui s'améliorera au fur et à mesure des visionnages.

Un DVD français, vite!

kevo >>> le film n'est en fait jamais sorti chez nous, même en salles. La seule occasion qui a été donnée aux Français de le voir était lors d'une projo lors d'une édition du festival du film fantastique de Paris. Le film vient de sortir en DVD en Angleterre, s'apprête à sortir en DVD aux Etats Unis dans la collection Critérion (et est actuellement en projection dans les salles américaines dans une tournée organisée par le possesseur des droits). Quand à une sortie en France, absolument rien n'a été évoqué pour l'instant.

troglodyte >>> il s'agit d'une affiche réalisée récemment pour l'exploitation du film aux Etats Unis. L'affiche originale, la voici:

Je vous met ma chro sans vergogne ici :

Film culte réellement étrange, House est une oeuvre particulièrement inclassable du fait de son mélange improbable. Réalisé par Obayashi, faiseur de clips vidéo et de films expérimentaux reconnu du public, House est à l'origine et dans son fondement un film pour enfants qui se révèle progressivement un faux vrai film pour enfants. Le métrage a pour base une ambiance rose bonbon de collégiennes neuneu qui vont partir en escapade chez la grande tante de l'une d'elle, la plus jolie et la plus secrète. Les filles jouent très mal et sont clairement une caricature digne d'un manga puisque chacune a sa spécialité bien à elle. L'une est intello, l'autre experte en kung fu, une troisième rondelette mange sans arrêt, une quatrième est musicienne, une autre est malade de la photo, et l'avant dernière joue la meilleure amie de l'héroïne, princesse timide et envoûtante. Une musique pralinée accompagne la première partie typique du film romantique adolescent avec une dose supplémentaire et volontaire de niaiserie affichée. Les actrices semblent elles aussi persuadées de jouer dans une série télé digne du "Miel et les abeilles" (sans les abeilles) ce qui est d'autant plus surprenant au vu de la suite.

Car déjà un traitement graphique diamétralement opposé s'installe. Obayashi a comme une envie de dynamiter le moindre plan par des procédés clipesques qui sembleraient tape à l'oeil s'ils n'étaient pas aussi nombreux, parfaitement adéquats et diablement singuliers. L'écran se splittent, des inserts sautent au nez, petits dessins, décor d'appartement surchargé, matpainting buccoliques, montage étrangement disparate, tout est déjà embrumé, mélangé à l'extrême pour emmener le spectateur dans un livre de conte kinétique aussi poêtique que surréaliste.

Tout cela semble définitivement culcul de prime abord mais c'est sans compter sur la suite et l'arrivée de nos jeunes copines dans cette étrange maison de la grande tante qui se révèle une parfaite sorcière mangeuse d'âme. House accélère dès lors son lot de bizarreries pour un crescendo qui n'arrêtera qu'au générique final. Minuscule exemple révélateur, le film fait mine de se terminer sur la "princesse" et son prince qui l'emmène sur un fier destrier avec un générique dédié, et repart de plus belle pour une éruption volcanique de pitreries horrifiques, expression qui convient parfaitement à House.

La maison s'anime peu à peu, truffée d'objets qui semblent prendre vie, les filles disparaissent une à une dans des situations improbables et reviennent un peu plus tard pour une sensation de perplexité optimale. Bien difficile de décrire alors tout ce qui se passe dans ce rush débridé où le film innocent côtoie toujours l'horreur à l'italienne et le fantastique le plus saugrenu. Un piano mange la musicienne qui se retrouve insérée dans son instrument tel un Tetsuo, la mangeuse de pastèque n'est plus qu'une tête volante, la contoise avance et recule dans le temps, un chat démoniaque fait des siennes, l'héroïne est possédée et erre à travers les miroirs après s'être désintégrée dans un effet qui annonce Legend of Zu avec 25 ans d'avance, etc, etc. Avec sa musique toute aussi bizarre, ses innombrables effets constitués d'images découpées sur la pellicule tel un puzzle chaotique, et ses décors peints dignes d' "Hansel et Grettel" baignés d'une lumière blanche, moite et diffuse, House démontre un festival d'inventivité dont le goût artistique se révèle aussi poussé et vertigineux que kitch et nauséeux.

Tout pourrait sembler typique d'un certain genre si cette ambiance légère et enfantine n'était pas solidement ancrée et constament contrebalancée par l'horreur et le surréalisme. Le mélange bien que poussé à l'extrême ne se veut pas évident et parvient ainsi à perdre le spectateur dans cet univers à part autant que ces jeunes ados se perdent dans les dédales de cette maison folle. Et même si au final, le scénario ne raconte pas grand chose d'intéressant, House se veut un ovni graphique à l'ambiance unique et réussit pleinement sa mission au point de s'afficher définitivement comme un film culte qui plaira ou non, mais qui a de fortes chances de laisser des images fortes gravées dans le cerveau du spectateur.

En bref, House est un peu au film pour enfants ce que "Meet the feebles" est aux films de Muppets avec une dilution accrue entre le genre qu'il aborde et le trash qu'il expose ce qui le rend plus subtile tout en restant très naïf. Avis aux amateurs de bizarreries filmiques niponnes.

galerie photos pour une bonne idée :
http://eigagogo.free.fr/Articles/Monde_De_Hausu/monde_de_hausu_1.htm

C'est quoi une lumière mouate ?

Sinon, j'adore le résumé Scoubidou VS Suspiria.

Moite et ouatée.

corrigé merciii

Marrant, car ta chro m'a faisait pensé à une critique sur laquelle j'étais tombé il y a quelques mois, due à une certaine Princesse Rosebonbon.

Sympa en tout cas, même si je ne suis pas certain que les "Feebles" aient grand chose à voir là-dedans. Que le film à la base pour enfants, soit perverti de l'intérieur, soit, mais citer le Peter Jackson ne me paraît être dans le ton de cette oeuvre dada de Nobuhiko Obayashi.



Je pense au contraire qu'elles savent parfaitement dans quoi elles jouent, sauf qu'elles se prêtent merveilleusement au jeu de la sucrerie qui tournera plus tard au salé.

Très bon film en tout cas. Expérimental, culotté à bien des égards mais pas rebutant pour autant.

Marrant en effet (2006 ma chro). Je t'accorde volontiers les références très abusées, c'était surtout dans l'intention que ça parle à tout le monde et que ça éveille la curiosité.

Les filles devaient surement savoir ce qu'elles faisaient aussi. c'était surtout pour cerner facilement l'ambiance, et Peter Jackson, c'était pour comparer la distance entre les muppets et les feebles et celle entre le film pour enfant et house plutôt que de comparer les feebles à house directement, alors que ça n'a pas grand chose à voir c'est vrai.

Certains auraient-ils vu d'autres films du même réalisateur ?

Oui, je faisais référence à la critique qu'on trouve ailleurs à cause de son auteur. (Non pas pour une histoire de plagiat, d'ailleurs, elle est très bien ta chro ! Elle retranscrit bien ce qu'on y trouve et c'est là le principal). ça m'a amusé de trouver ces mots au début qui correspondent à l'auteur de l'autre chronique.

J'ai déjà été plagié plusieurs fois dans le passé, c'est pour ça je me méfie maintenant, mais je viens de lire sa critique, tout va bien.

Sinon, c'est le seul que j'ai vu de cet Obayashi.

Bon, j'ai moi aussi le film dans le "dvd anglais" comme tout le monde.

Et ma réaction la plus sensée à la sortie d'un tel film est :



Ca va loin. La scène du piano bien sûr, mais tout le crescendo est assez génial.

J'ai un peu pensé aux livres de Roald Dahl, genre Charlie et la chocolaterie avec ce côté très sucré en apparence, mais en même temps hyper sadique, où les héroïnes se font buter à cause de leur caractéristique principale.

Les effets de montage m'ont aussi bien fait penser à Mulholland drive, dans le sens où même au début, quand tout est censé bien se passer, il y a plein de choses bizarres, de matte painting bidons, qui créent la sensation que le pire est à venir.


Je vais avoir besoin de le digérer celui-là.

bon alors j'ai même plus besoin de poster mes avis, d'autres le font à ma place, c'est cool ça.

@ drélium : 2006 pour ma critique aussi, il n'y a évidemment pas de plagiat mais il est fort proabable que ce soit ta critique qui ait indirectement motivé la mienne
mp

Merci pour le mp.

Maintenant que tu m'as parlé des photos, j'ai bien l'impression en effet que le responsable des caps a directement pris les tofs de notre galerie. ça aussi, c'est déjà arrivé avant.

edit:
grosse louze de ma part : j'ai regardé de près les captures et en fait ce ne sont pas les tiennes.
certaines sont tirées des mêmes scènes mais pas au même moment.
si tu veux quand même que je les modifie, on en parle par mp