Plutôt qu'un amour du nanar, c'est une descente aux enfers que je veux raconter :
ça a commencé il y a quelques années :
D’abord, on regarde Ed Wood et Mars Attacks Puis, on touche timidement de la série B et du cinoche d’exploitation. On veut voir Cannibal Holocaust pour faire genre… On aime Christopher Lee dans Fu Manchu Jusque là tout va bien. Il faut bien que jeunesse se passe. Et puis quand même, on reste sérieux, lucide, on a vu les ravages de Max Pécas l’été, ces trucs qu’on regarde sur un malentendu parce que le titre est marrant (enfin bizarre quoi). Pas touche à ça… Déjà jeune, il y avait eu des moments limites, des abus de Paul Presboit ou Jean Lefèvre, tous ces films avec 0 étoiles dans Télé Loisirs…
Plus tars, on va quand même rechercher de la parodie façon Parker & Stone ou la classe américaine et puis, en grand fan de Tarantino, on fait ses premiers dans la blacksploitation. C’est l’engrenage, on étudie l’œuvre de Jack Hill, on découvre que c’est un des seigneurs du WIP (en plus y’a Pam Grier et le Captain Spaulding en jeunes). On kiffe le bis, les 70’s et ses destins tragiques (à ce sujet, petite pub pour le site Maniacodeprebis). Parallèlement, on commence à mettre Cine FX la nuit et on découvre Jean Rollin. On se renseigne, on tombe sur nanarland et on découvre le film dont il a honte. Dans le film il y a Howard Vernon, le Howard Vernon d’Alphaville, putain. Y a un dénommé Edmond Besnard aussi… C’est l’histoire d’un village où les gens marchent encore plus bizarrement que les zombies, où les bataillons nazis n’ont pas plus de 7 hommes, où on porte les pattes d’eph’ dans les années 50, où une petite fille à couettes dit « Tais-toi, monsieur le maire » Et puis il y a ce lac aux allures de marais douteux, ce lac aux abysses façon mondial piscine, où les basketteuses jouent au volley, Pas le lac maudit mais le lac des maudits : pas un film maudit mais un film des maudits résonnant pour l’éternité de Promizoulins désespérés. Retour sur nanarland, on découvre les méfaits de la maison Eurociné. On s’intéresse aussi à l’œuvre de James Franco. On se souvient alors de film, qu’on avait vu il y a une quinzaine d’année chez un cousin, il y avait Brigitte Lahaie et Kojak dedans. C’était mou mais heureusement y avait le gars de Palace aussi. On se rend compte qu’on était passé à coté d’Helmut Berger et que le détective n’est pas issu d’une union écœurante entre Droopy et Patrick Bouchitey mais bien le fils de Robert Mitchum. Y avait l’aut’ conne des filles d’à côté aussi… Bien avant de le savoir, le nanar m’avait donc dévoré tel un prédateur de la nuit…
Tiens le führer en folie, c’est quoi ça, oh le gros dossier : Topaloff, Rego, le faux sosie de Villeret, Alice Sapritch et Galabru en arbitre suisse Germanique. Réalisé par Philippe Clair, le gars qui faisait des saloperies avec Aldo Maccionne. Aie Aie Aie ! On décide de regarder. On aurait dû partir après l’interview de Mr.Achtung, on aurait du partir après la séquence des parachutes, on est resté, on a eu le droit à Henri Tisot en free style, à la guerre en « silenze », au curé de Bab el Oued, au plan nichons de la Sapritch, au char rose, aux matchs de foot en plein champ, aux stocks shot minables… Et puis secrètement, on s’est mis à imaginer ce qu’aurait pu être le « führer cowboy » C’était fini, no way back, le nanar m’avait tué.
On se vautrera dans les ninjateries et autres films de guerre, On découvrira les pitreries de l’improbable Godfrey Ho, les doubleurs en folie, Les destins si particuliers des Gweilos, le regard de Bruce Baron, le rire de Pierre Tremblay, les 2 en 1, la moustache de Mike Abbot, la classe de Richard Harrison.
OK quand j’ai regardé le Clandestin sur dailymotion, je savais que c’était pas bien mais bon une fois de temps en temps… OK regarder le monstre bidon de Lamberto Bava, c’était peut-être « too much » mais bon c’est mon cerveau, j’en fais ce que je veux. Et je peux arrêter quand je veux. Turkish Star Wars, bah juste pour le fun, et puis faut essayer dans la vie avant de dire que c’est de la merde. On tombe chez Pallardy, le white fire, la came ultime, La coupe de cheveux de Robert Ginty, ce bon vieux Jess Hahn toujours prêt à jouer le ricain de service. On fredonne la B.O. Comme un symbole, je passe commande d’ « overdose » sur cdiscount (« Cocaïne, Oh Cocaïne »…), je fais les trocantes. Je ne manque pas de consulter les diffusions télé signalés par Wolfwood. Un jour, j’ai même imposé un visionnage accéléré de Devil Story à des potes. Mon niveau de déchéance est tel que je suis devenu fan de Bruno Mattei…
C’est sûr, c’est une situation handicapante, mais je ne me plains pas, il y a des pathologies bien plus lourde, figurez-vous qu’il y a gens pour apprécier Cédric Klapish et Jean Dujardin…
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