chuck54 a écrit:
Ce film aurait fait un bon Narnia III, mais en attendant c'est un mauvais Alice in Wonderland
Entièrement d'accord. Au début, j'ai cru que ça serait une variation un peu paresseuse sur l'univers de Lewis Carroll par un Burton en roue libre (avec un personnage féminin qui joue pour une fois le rebelle incompris à l'imaginaire foisonnant) mais dès qu'on arrive au pays des merveilles, ça bascule dans une sorte de symbolique du bien et du mal façon magicien d'Oz qui aurait couché avec le seigneur des anneaux un soir où ils étaient bourrés, autrement dit du Narnia.
Du coup, c'est d'une laideur assez abyssale, avec une utilisation complaisante des images de synthèse (Burton préfère pourtant d'habitude le stop-motion), totalement anonyme comme réalisation en dehors de quelques touches qui font vraiment gratuites (le numéro de Johnny Depp) et surtout cette histoire de conflit entre royaume de la reine rouge et royaume de la reine blanche est le pire contresens qu'on pouvait faire sur Carroll. Non, le chapelier n'est pas totalement fou, il est surtout triste et trau-ma-ti-sé pasque il fait partie en vrai d'un réseau de résistance qui aide la gentille reine blanche à survivre face à la méchante reine rouge.
Et là, même Tim Burton suggère qu'il ne croit pas une seconde à ce genre de conneries : la façon dont il fait jouer Anne Hathaway, en reine blanche obsédée par son image, jalouse et manipulatrice dès qu'elle en a l'occasion, n'est à mon avis pas du tout un hasard et que c'est sa façon à lui de contester la symbolique manichéenne du scénario. J'ai espéré que dans le dénouement, on aurait révélé que c'était elle qui avait tout fait depuis des années pour le malheur de sa sœur, la reine rouge, qui aurait été le vrai personnage incompris du film (après tout l'une a l'excuse d'être une naine hydrocéphale tandis que l'autre est Anne Hathaway et qu'elle lui a tout piqué) mais, non, même pas : l'ordre reprend le dessus avec une grande bataille filmée au premier degré, le genre de valeurs pompeuses contre lesquelles l'absurde de Lewis Carroll est d'habitude le meilleur antidote.
Et la chanson d'Avril Lavigne !!!! Rien de tel qu'un truc à base de vocoder comme dans "Believe" de Cher pour terminer un Alice aux pays des merveilles ?