Ben, je m'interroge sur la pertinence de certains choix de Jodorowsky. Comme je l'ai dit, c'est bien beau le surréalisme, mais dans ce film, on va parfois très loin dans le territoire du nawak, d'où mon impression de nanar, volontaire ou non.
Par exemple, tous les sbires que descend El Topo semblent habillés pour la fierté gay et agissent comme des débiles profonds. Prenons les trois premiers bandits rencontrés au tout début : un fou furieux qui s'entraîne à tirer sur des chaussures de femme (pour les machouiller par après), un Mexicain à sombrero qui découpe une banane tel un Richard Harrison en plein entraînement ninja et un troisième larron qui porte une ceinture de munitions comme un bandana. Et encore, ce ne sont pas les exemples les plus extrêmes, entre le Colonel à moumoute et ses allures de drag-queen, la cowboyette lesbienne à la voix masculine, les quatre pistoleros adversaires d'El Topo et tous les autres sbires cabotins sur la route. À côté de ça, les ninjas multicolores de Godfrey Ho et les nervis de Jake, le punk néonazi dans Dragon Kickboxers, passent carrément pour des modèles de sobriété et de crédibilité.
Les personnages de la seconde partie sont également étrangement costumés (le gros shérif gay et son étoile en carton, les matrones dominatrices), mais déjà, ils semblent plus en retrait alors que le film joue davantage la carte de la satire. Du coup, le côté théâtral passe franchement mieux, même s'il n'en demeure pas moins étrange. Je n'insinue pas que tout le métrage est nanar, mais bien que, à l'instar des Mad Max, il y a pas mal d'éléments trop ridicules pour être pris même au second degré. Aussi, j'essaie de comprendre leur sens; ont-ils une signification particulière ou s'agit-il simplement de trouvailles fortement influencées par les stupéfiants?
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