
Synopsis : Oscar et sa sœur Linda habitent depuis peu à Tokyo. Oscar survit de petits deals de drogue alors que Linda est stripteaseuse dans une boite de nuit. Un soir, lors d'une descente de police, Oscar est touché par une balle. Tandis qu'il agonise, son esprit, fidèle à la promesse faite à sa sœur de ne jamais l'abandonner, refuse de quitter le monde des vivants. Son esprit erre alors dans la ville et ses visions deviennent de plus en plus chaotiques et cauchemardesques. Passé, présent et futur se mélangent dans un maelstrom hallucinatoire.
Donc, ça fait un an que ze machin s'était pointé à Cannes avec des réactions disons très divisées. Je n'ai vu aucun des deux long-métrages du Gaspar, mais bon, il a beaucoup de supporter séant qui m'ont convaincu d'y jeter un coup d'œil. Donc, ne connaissant que la réputation du monsieur je suis entré dans ma salle de cinéma pour
Enter the Void.
Critique courte : Deux trois "chocs" (guillemets parce que je n'ai pas été choqué personnellement) et 2h30 passée sur la philosophie du junkie moyen, aussi magistralement filmé que ce soit (et franchement, si beaucoup de plans sont juste la caméra qui tourne au-dessus d'une salle, certains autres sont tout bonnement époustouflant), je suis resté sur ma faim. Sans compter que le look du film, tout en lumière colorée risque de très mal vieillir. C'est un poil outrancier aujourd'hui, dans 20 ans ça sera probablement pire.
Critique longue,
SPOILER AAAAHOY!!Je me rappelle qu'un correspondant cannois avait critiqué Tarantino pour sa scène de l'ours juif dans
Inglorious Basterds parce que Brad Pitt annonçait ce que Eli Roth allait faire avec sa batte de baseball avant que celui-ci ne s'exécute. Pourtant, quelques jours plus tard, il n'a pas pipé mot sur Enter the Void qui fait la même chose, plusieurs fois.
Par exemple, le protagoniste dans lequel nous sommes coincés pendant les 2h30 (on les sent passer) lit le Livre Tibétains des Morts et se le fait expliquer par son pote, et quand le protagoniste meurt, le reste du film suit absolument toutes les étapes décrite par son ami, et il ne vous reste qu'à attendre bien gentiment que l'ennui vous gagne. Ou alors, quand ce même protagoniste dit à sa sœur que ce serait bien de pouvoir voir Tokyo depuis le du ciel, et bien, plus tard, Noé fait voler sa caméra très loin au-dessus de Tokyo (joli plan par ailleurs, même si comme tout dans ce film il dure trop longtemps). Ou encore, à un pote qui à fait une maquette d'un hôtel de la ville : "Ce serait bien que les murs soient transparents et qu'à l'intérieur y ait tous tes amis en train de baiser." A la fin du film, l'âme de notre junkie rentre dans le vrai hôtel, passe à travers les murs ; il me semble qu'il y a bien plusieurs des personnages du film et ils ne sont pas en train de jouer au Yahtze (quoiqu'il est possible que certains crient Yahtze durant l'orgasme, mais ce détail m'aura échappé). L'effet et toujours le même. Vous savez en avance ce qui va se passer. Puis vous le voyez se produire de manière inéluctable. Et on répète répète répète répète répète répète pendant tout le film.
Je distingue quatre segments au film :
1/ Notre dealer/junkie est vivant, et Noé nous place de son point de vue, complet avec ses clignements d'yeux (c'est supposément immersif, mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser : oh c'est Gaspar et sa Steadicam, et il a enlevé une demi-seconde de film à intervalles réguliers), ses amis, sa famille (enfin sa sœur) et un trip au DMT qui est représenté, selon ma meilleure description, sous la forme d'une cellule vue en 3D telle qu'elle serait représentée par le mode Randomisation de votre lecteur Windows Media. On a aussi beaucoup de discussion sur les drogues et leurs effets, et c'est sûrement très intéressant pour quelqu'un, mais ce quelqu'un c'est pas moi (les drogues et ceux qui en prennent, un sujet qui m'ennuie profondément). Au moins Noé se réfrène d'une description l'enfer-c'est-clip-MTV comme d'autre réalisateurs qui on traité le sujet. Par contre tout au long du film on a un tas de lumière vacillantes, clignotantes (et des stroboscopes par milliers), ce qui devient un peu vite usant.
Bon notre héros meurt connement et...
2/ Sa vie défile devant ses yeux, en petit fragment filmé à hauteur d'épaule. J'aurais cru que ce serait énervant mais... non. C'est bien foutu, on suit de manière assez fluide à la fois la vie du dealer enfant avec sa sœur et plus tard à Tokyo, Noé en profite pour développer la relation zarbi-quasi incestueuse entre les deux sans trop forcé. Hélas, on boucle la boucle et on passe à...
3/ Ou l'esprit flotte au-dessus de tous ceux qu'il a laissé derrière, tournoie beaucoup, passant très rapidement d'un coin à l'autre de Tokyo via des montages de rues et de tuyaux régulièrement inséré et qui se répète encore et encore (ça a fini par en faire rire plusieurs durant ma séance). Et puis, régulièrement on se rapproche d'un objet lumineux... puis on s'en éloigne puis on est finalement happé avec un long flash de couleur qui suit. Et l'heure qui suit ça n'est que ça. Quand Noé nous refait la même chose avec le plan d'un fœtus avorté, j'ai su qu'il n'avait plus rien à dire. Aussi, cette partie passe un temps incroyable sur Paz de la Huerta. Oui, elle est jolie et tout mais, PUTAIN QU'EST CE QU'ELLE JOUE MAL.
4/ On arrive enfin dans le dernier quart d'heure à l'hôtel, et on passe de chambre en chambre. On sait d'entrée de jeu sur quel couple on va s'arrêter, mais l'ami Gaspar prend un plaisir fou à nous montrer les ébats de tous ces couple, leurs gonades apparemment émettant un gaz fluo. Après que l'on soit arrivé sur le couple soeur/meilleur pote, y a encore 5 minutes de tournoiement et de plans qui se répètent. Finalement, le dealer est réincarné en son propre neveu, et je m'attendais à tout moment à ce que le film s'arrête sur Gaspar Noé, expliquant à une audience de gosses apeurés : "Et voilà comment on fait les bébés."
FIN SPOILERLes 40 dernières minutes ont pas mal testés ma patience, même si je reconnait qu'une grande partie des plans sont des travaux de maîtres. Mais c'est trop.
Alors, les autres qui l'on vu : qu'en avez vous pensés? Doit bien y avoir quelqu'un qui a plus aimé que moi non?