Shark In VeniceAnnée : 2008
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h24
Catégorie : Animalier
Genre : Squale dans l’canal
Réalisateur : Danny Lerner
Avec : Stephen Baldwin, Vanessa Johansson, Giacomo Gonnella, Hilda van der Meulen, Atanas Srebev… .
Lorsqu’on évoque Venise, on pense aux gondoles, à la ville des amoureux voire à une chanson de Sheila et Ringo. Mais qu’en est-il des requins ? Après tout nos mangeurs de plaisanciers italiens n’ont-ils pas droit à la même considération que leurs congénères américains ? Comment ? Il n’y a pas de requins à Venise ?! Pouah, hey l’autre, n’importe quoi ! Bien sûr qu’il y en a, je l’ai encore vu l’autre jour dans une production Nu Image. Mais si ! Même qu’il y avait Stephen Baldwin dedans, si ça ce n’est pas une garantie de sérieux… .
Toute ressemblance avec une affiche existante ou ayant existé ne serait que le fruit d’un total mépris des droits d’auteur.
Déjà responsable des Shark Attack, la firme de Danny et Avy Lerner avait de nouveau montré son amour pour nos prédateurs aquatiques en produisant les plus récents « Sharkman » et « Raging Sharks ». Continuant cette nouvelle saga, c’est dans la Sérénissime que nous retrouverons un autre cousin attardé des « dents de la mer », lui aussi décidé à se faire un carpaccio avec quelques plongeurs. Apprenant que son père est porté disparu suite à une attaque de la bête, David Franks, explorateur des fonds marins, rapplique dare-dare sur les lieux et se trouve brusquement impliqué dans une chasse au trésor en tombant sur les carnets de son paternel.
Voir Venise et mourir de honte.
Hormis le film d’agressions animales, l’intrigue s’inspire donc des classiques de l’aventure, un minimum d’attention suffisant à remarquer des petites ressemblances avec « Indiana Jones et la dernière croisade ». On ne peut pourtant pas blâmer le scénariste d’être si peu inventif, ses prises de liberté semblant plus hasardeuses. Car vous pensez bien que le magot recherché n’est pas en toc. Non, non, la fortune que veulent nos aventuriers ce n’est ni plus ni moins que le trésor du temple de Salomon, localisé en Crête et ramené à Venise par la flotte de Marco Polo, sur les ordres des Médicis. Le tout, lors de la huitième croisade décidée par le prévoyant Louis XIV, sensé naître quatre cents ans plus tard. Evidemment, on peut ne rien remarquer si on n’est pas trop vigilant mais quelques rapides recherches permettent de voir que les faits exposés sont un tissue d’inepties. C’est vous dire, même moi qui ne suis pas un cador dans ce domaine, il me semblait que certains détails ne collaient pas. Alors pour un prof d’Histoire Geo, il y a bien de quoi provoquer une crise cardiaque.
Et c’est une phrase qui vient d’un rapport d’expert ! Elle est belle l'éducation des jeunes... .
C’est ballot que le trésor, perdu en pleine mer, soit tombé pile poil dans une grotte truffée de pièges.
Indiana zone dans le temple moisi.
Avec de l’aventure au programme, on peut s’attendre à ce que notre héros connaisse des embûches dans un cadre exotique. Sur le premier point, il n’y a rien à redire, David devant faire face à la concurrence de la mafia dans sa recherche du butin. Pour le dépaysement par contre, disons qu’il est un poil différent de celui auquel on pouvait s’attendre, Nu Image ayant tourné son film dans ses studios bulgares. Si cette méthode peut faire illusion dans une intrigue se déroulant dans un obscur pays de l’Est, il en est tout autrement pour un métrage prenant place dans la cité des Doges. Même si tout ait tenté pour faire croire que l’action a bien lieu en Italie, ce n’est pas les vidéos de vacances du producteur en guise de stock-shots ou la musique d’Opéra qui feront illusion bien longtemps. Poussant le vice un peu loin, le réalisateur et son équipe ont même été jusqu’à faire interagir les acteurs avec les lieux, ce qui nous vaudra une scène où Stephen et sa copine visitent un décor situé dans les balkans pendant qu’on nous assène des lieux touristiques en contre-champ. Un stratagème consternant qui démontre surtout les talents limités du père Lerner en matière de montage, certaines séquences étant utilisées plusieurs fois ou incrustées n’importe comment dans le récit.
Une scène de poursuite où les personnes bousculées seront toujours les dix mêmes figurants.
Des touristes qui ont bien du mal à quitter l’arrière plan. Et pour cause, il s’agit d’une bande vidéo qui tourne en boucle.
Ces effets de mises en scènes ne sont d’ailleurs pas les seules feintes visant à nous faire passer une vessie pour le phare de Murano. Contraints et forcés, Danny et son équipe ont dû effectivement trouver d’autres astuces afin de résoudre un problème lié à la délocalisation du tournage, la quasi-intégralité du casting venant d’à peu près partout dans le monde, sauf d’Italie. De là, Lerner tente le tout pour le tout et dépasse les bornes des limites quand, pour faire couleur locale, il agrémente tous ses dialogues de petites expressions dans la langue d’Alvaro Vitali. Et tant pis si celles-ci arrivent comme un cheveu sur le minestrone. En VO, cela donne donc des conversations en anglais aux intonations vaguement transalpines, déclamés par des comédiens ayant du mal à masquer leurs propres accents. Dans ce contexte, Giacomo Gonnela seul acteur du cru, pourrait tenter d’apporter un peu de crédit à la distribution. Au lieu de ça, il réussit l’exploit d’être le personnage le plus caricatural, certaines répliques laissant même à penser qu’on lui a demandé d’imiter un semblant d’accent russe, histoire que les voix des autres comédiens sonnent moins faux.
Ma qué si, yé sui oune italiano, yé parle avé les mains, qué tal, muchos cojones tout ça… .
Des bulgares, une néerlandaise et un dubaïote. On peut dire ce qu’on veut, l’Italie est bien une terre d’immigration.
Giacomo Gonnela, seul italien du lot mais tellement mauvais qu’on le croirait étranger.
Piètre usurpateur, Lerner n’est pas plus doué pour mettre en valeur son requin, ou plutôt ses requins, difficile à dire. Jusqu’à tard dans l’histoire, il est en effet difficile de savoir le nombre de nos dévoreurs de touristes. En tout état de cause, reconnaissons que s’il y en avait eu qu’un seul, celui-ci aurait donc été polymorphe pour changer de taille et de couleur au cours de l’intrigue. Bien évidemment, il s’agit là d’une vieille arnaque de chez Nu Image. Plutôt que de filmer de nouvelles scènes, nos loustics ont préféré recycler tout à un tas de passages issus de leurs anciens slashers aquatiques, même si certains d’entres eux sont inappropriés. Voir un requin défoncer une vitre, c’est bien gentil, mais lorsque les dites images se retrouvent balancées dans une séquence se passant en plein canal, on se dit que le metteur en scène a définitivement lâché les élastiques. Lerner a beau ruser avec un montage digne d’un Paul Greengrass sous amphet’, le spectateur n’est pas dupe surtout lorsque, en lieu et place des stock-shots, il a droit à des incrustations numériques indignes d’un téléfilm chypriote. Dommage que les interventions des bestioles se comptent sur les doigts d’une main, mais c’est aussi ça les stars, elles savent ménager leurs apparitions et tout donner l’espace d’une scène ou deux.
Après « des serpents dans l’avion », « un requin dans la gondole ». Forcément, ça dure moins longtemps.
Oui, c’est affreux comme trucages, mais il n’y a pas de quoi se mettre dans cet état.
Enfin, c’est déjà mieux qu’avoir des badauds j’menfoutiste au fond de l’écran.
Le squale ayant signé un temps partiel, on se dit que Danny pourra au moins compter sur les deux grands noms de son casting pour renverser la vapeur. Pourtant, un peu de jugeotte suffit à comprendre que si on embauche une Johansson et un Baldwin pour ce genre de film, on n’aura pas affaire aux membres les plus sélects de ces familles. Dans le rôle de Laura on retrouve donc Vanessa Johansson grande sœur de la divine Scarlett. Comédienne correcte, ce n’est jamais vraiment par elle que la bêtise arrive, même si elle peine à convaincre son monde lorsqu’elle valide sans broncher les bévues historiques exposées plus haut. Semblant parfois se demander ce qu’elle fait là mais restant toujours très pro, une attitude respectable lorsqu’on admire le résultat final, on pourra toujours retenir que Vanessa est plus à son aise pour jouer les bons sentiments que rouler des mécaniques dans les scènes d’action, même s’il n’y a pas de quoi crier au scandale. Difficile de dire si son parcours cinématographique l’amènera un jour au même niveau que sa frangine ou, au contraire, dans des productions Asylum tournés en Slovénie, mais comme elle est la seule à pouvoir conserver sa dignité dans l’histoire, on se gardera bien de trop l’enfoncer.
Vous avez vu mademoiselle, je ne vous ai pas trop saquée. D’ailleurs je me demandais si vous n’auriez pas le numéro de votre soeur, à tout hasard… .
Oh, ça va ! C’était juste une idée !
Par contre, il y a un cas hautement plus condamnable, c’est celui de Stephen Baldwin. Déjà aux portes du désespoir dans « Harpies », notre camarade franchit ici un nouveau stade dans le deuil de sa carrière, passant de l’abattement à la résignation. Bouffi et se trimballant une tête de neurasthénique quoiqu’on lui demande de faire, Stephen est tellement désarmant d’inconsistance qu’il ferait passer Chris Mitchum pour un concurrent de Jim Carrey. Excepté quelques soubresauts, demandez lui d’être triste à la disparition de son père, de découvrir un trésor ancestral ou tenir tête à un gangster, Stephen n’en a pour ainsi dire plus rien à foutre, semblant attendre le chèque qui lui évitera de tourner dans une énième télé réalité. Après, peut être qu’il s’en balance sachant déjà que, quoiqu’il arrive, il surmontera toutes les épreuves grâce à son invulnérabilité, l’amenant à gambader dix secondes après s’être fait mordre le jarret par un requin. Et ne croyez pas que c’est dû à une combi en kevlar, parce que même après avoir perdu une jambe lors d’un assaut, il arrivera à continuer le film sur ses deux guiboles. Alors, vous vous doutez bien que ce ne sont pas des petites critiques sur son jeu qui peuvent encore l’atteindre.
Soyez sans crainte, cela fait beaucoup moins mal qu’il n’y parait. Deux jours à l’hosto et on en reparle plus.
Toujours aussi fortiche, le Stephen Baldwin peut aussi utiliser un simple harpon pour faire exploser un requin (même si celui-ci se trouve dans un autre film) ou tenir une conversation claire avec un détendeur en bouche.
Colère, détermination, peur, chagrin, je vous laisse choisir quel sentiment va avec quelle photo, de toute façon ça ne fait aucune différence.
Alignant les perles sans inventer grand chose, « Shark in venice » peut être vu comme du menu fretin pour les plus vieux loups de mer du cinéma étrange. Ne vous attendez donc pas au renouveau du nanar animalier, mais reconnaissons qu’il se laisse facilement regarder et n’a pas de grands temps morts. Prenant, ce n’est pas coutume, une autre saveur lorsqu’il est apprécié en VO, ce film vaut le détour pour quelques moments amusants et permet au moins de se souvenir qu’outre le romantisme, Venise peut aussi symboliser le ridicule surtout si on lâche un requin dans ses canaux. Merci Nu Image, ne vous reste plus qu’à produire une histoire de calamar détruisant Paris ou « Godzilla à Vienne », au point où on en est, ça peut difficilement être pire.
Wolfwood
2/5
Cote de rareté.
Courant
Il aura fallu attendre décembre 2010, et sa distribution chez WE Prod, pour voir "Shark in Venice" atteindre les côtes hexagonales. L'occasion de nous prouver une fois encore qu'à défaut de grands cinéastes, Nu Image a d'excellents commerciaux.
Si vous souhaitez faire l'économie de quelques euros, soyez certains que vous pourrez tout de même voir ce film sur divers chaines du satellite et de la TNT.
Ici, le dessinateur de l’affiche s’est un peu lâché sur les proportions. Soyez rassurés, il n’y aura jamais rien d’aussi spectaculaire dans le film.
Le dvd allemand. Plus sage, mais nettement moins aguicheur.
Liens utiles :
Deux attaques de requin:
http://www.youtube.com/watch?v=4o90YpoeV1chttp://www.youtube.com/watch?v=rx9l2wyqWeo&NR=1Un peu d'action, avec notamment le « gag de la poursuite »:
http://www.youtube.com/watch?v=0SGFrjKPZeE&NR=1