Kobal a écrit:
Je crois qu'il y a un autre forumeur qui se bousculait au portillon, c'est Bousk8 qui avait réservé la chronique.
Oui, c'était bien moi.
J'avais déjà bien entamé ma chronique, mais par manque de temps (et d'inspiration par moment) elle n'était pas terminée, du coup, je vois que je me suis fait coupé l'herbe sous le pied, 'fin bon, tant pis.
Heureusement que les chros de Rico et Drexl sont très bonnes, je n'aurais pas fait mieux.
Par soucis de traçabilité, je vais quand même vous mettre une bonne partie de ce que j'avais déjà préparé, au cas où.
Avant Propos:L’univers du nanar a ceci de particulier qu’il est en mutation permanente, dans une espèce de mouvement perpétuel de régénération. Chaque époque possède ses codes, et le nanar n’échappe pas à la règle.
Mais là où un bon nanar d’époque pouvait faire (sou)rire l’amateur déviant de cinéma contemporain devant le côté has been de l’œuvre telle une quelconque turkisherie, force est de constater que le nanar contemporain occidental n’est pas choses facile à dénicher, la frontière avec le navet étant malheureusement souvent franchie.
Oui mais voila, il existe encore un monde où le nanar d’aujourd’hui peut encore avoir ses lettres de noblesse, un monde où la surenchère du vide est alimentée en permanence, un monde où l’art de filmer avec ses pieds et d’écrire avec ses coudes est perpétré, ce monde existe, ce monde c’est
The Asylum qui le porte fièrement de ses deux bras.
Mais faire un nanar aujourd’hui n’est pas donné à tout le monde, il ne suffit pas d’une steady cam et de trois potes pour s’auto-proclamer Norbert Moutier, non, car le nanar d’aujourd’hui s’apprend !
Exactement, à l’instar du jeu d’acteur en roue libre, le nanar d’aujourd’hui est étudié, enseigné dans les meilleures écoles de cinématographies, de la Godfrey Ho High School Academy en passant par le cours Bernard Launois.
L’enseignement c’est une chose, la pratique une autre.
Et comme dans n’importe quelle enseigne d’auto-école, à la fin de la théorie et des quelques heures de conduite, il y a un passage obligé, un moment stressant et inévitable : l’examen.
Pour faire donc un nanar contemporain, il faut donc là aussi passer et réussir son examen : le Brevet d’Incapacité Scénique (B.I.S.).
(...)
"Bonjour chers candidats et candidates, l’horaire prévu étant désormais atteint, l’examen du B.I.S. va pouvoir débuter, je vous rappelle qu’il est interdit de lorgner sur ces camarades sous peine d’exclusion définitive à cette épreuve, libre à vous d’essayer, mais la jurisprudence Wiseau ne plaide pas en votre faveur.
Je vous rappelle que pour chaque diapositive, 3 réponses vous sont proposées, et à l’aide des 3 bombinettes à fumées situées sur votre droite vous pourrez valider votre choix dans le délai imparti.
C’est noté, nous pouvons donc commencer…
Le thème principal d’aujourd’hui sera donc MegaPiranha, la dernière production d’Asylum que l’on ne présente plus"[à l’évocation du titre, on entend plusieurs râles de peur, 2 candidats sortiront même de la salle d’examen avant la première diapo].
Réponse :C – En effet, ces 2 personnages sont des scientifiques.
Explications :Dans un nanar de qualité, le recours aux scientifiques est récurent, ils doivent en permanence secouer des béchers, transvaser des éprouvettes fluorescentes ou encore scruter leur microscope. De manière générale, ce sont eux qui découvrent la vérité avant tout le monde mais ont bien du mal à se faire entendre devant les intérêts des puissants.
Ici encore, on a droit à une jolie triplette de scientifiques dans du labo high tech 2.0 aussi grand qu’une pièce à photocopieuse.
Réponse :C – Effectivement, il explose, oui oui.
Explications :Non content de mesurer 10cm ou 20m, le MegaPiranha a ceci d’extraordinaire qu’il est instantanément inflammable dès lors qu’il est projeté dans les airs. Dis comme ça, cela peut paraître plausible ou du moins incroyable mais vrai dans de telles circonstances. Oui, sauf qu’ici nos amis characidés explosent à qui mieux mieux au moindre contact … avec un bâtiment ! Nous connaissons tous les voitures américaines qui s’enflamment au moindre impact de balle, mais ici, c’est un véritable festival pyrotechnique Mikit auquel nous assistons ! Nous pensons néanmoins que cette utilisation abusive de feux et flammes est en parti du à la découverte par le stagiaire-responsable des CGI de l’effet « fire » dans son logiciel de retouches.
Réponse :C – Il s’agit bien d’une base militaire
Explications :Nous avons ici un des poncifs du genre nanar, à savoir, la différence, voire souvent le fossé abyssal, qui se trouve entre le contenu et le contenant. De l’extérieur, les vaisseaux spatiaux/bases secrètes/Renault5 Surpercampus ont toujours un aspect plus ou moins travaillé, on voit qu’il y a eu un peu de boulot au niveau de la conception de la maquette. Malheureusement, les folles idées architecturales se heurtent violemment aux parpaings budgétaires et enfantent bien souvent des décors intérieurs d’une pauvreté et d’une banalité affligeante. La base militaire dans tout ça ? Un pauvre coin d’entrepôt et un simple bureau qui ressemble plus au service compta de la Cogip plutôt qu’à la tanière molletonnée d’un général des armées.
Mais je vois que dans la salle certaines têtes qui s’agitent, car certains d’entre vous, ceux qui ont bien révisés, se sont aperçus que ces roublards d’Asylum nous ont pondu un joli petit stockshot de leur propre catalogue, en effet, cette fameuse base militaire n’est autre que la base militaire du non moins célère MegaShark VS Giant Octopus, encore un beau travail d’archives.
Réponse :C – C’est bien évidemment notre héros, le bien nommé Fitch
Explications :Les scientifiques n’étant jamais vraiment des gens sur qui l’on peut compter pour aller tatanner du gredin, il faut toujours que le réalisateur d’un nanar possède dans sa besace la brute au grand cœur. Notre Ulysse se nomme ici Jason Fitch, Fitch tout court pour les intimes.
Cette vedette des forces spéciales est donc l’unique solution qu’envoie les USA pour déterminer la cause de la mort suspecte de l’ambassadeur au Venezuela. D’autres pays mollassons auraient fait confiance aux autorités locales ou bien auraient envoyé une armée entière d’experts, mais pas les Etats Unis qui misent tout sur un seul homme, Fitch.
C’est bien simple, cet homme sait tout faire, de l’analyse scientifique de morceau de bois à la plongée sous marine, en passant par le pilotage d’hélicoptère de combat, bref, un cador, un vrai.
Bon par contre, cette incroyable pluralité professionnelle ne s’étend malheureusement pas au jeu d’acteur de Paul Logan qui traverse l’intégralité du métrage avec seulement deux expressions faciales bien distinctes à son registre:
1 - la moue austère
2 - l’écartement accentué de mâchoire digne d’une attaque au tazer.
On serre,… on détend, on serre,….on détend…(...)
Autres diapos non-utilisées:
Spectateurs attentifs, saurez-vous retrouvez l'illustration d'une coupe budgétaire ?Des lunettes, des ponchos, Bruno Solo, bienvenido a Venezuela !
Voili