Pareil, c'est bien filmé, les acteurs sont bien dirigés et l'ensemble se laisse voir sans déplaisir, mais de là à en faire tout un foin...
CinephileFanatik a écrit:
J'ai bien aimé aussi, bien que je trouve le film un peu surestimé.
Rien à redire sur la magistrale performance des acteurs,ni sur la mise en scène.
Ce qui me dérange un peu, c'est qu'on veut nous "bouleverser" avec les tourments d'un roi dont la seule vraie préoccupation semble être de pouvoir tenir des discours à la foire du saucisson, alors que son pays fait face à une crise terrible et se prépare à la guerre. Son bégaiement n'est pas vraiment un handicap dans la mesure où il ne l'empêche ni d'accéder au trône ni d'avoir une vie de famille comblée. Pourquoi donc devrait-on s'émouvoir du faux problème d'un nanti qui ne dispose même pas d'autorité politique ?
La réponse se trouve peut-être dans l'attachement que le peuple britannique accorde à ses monarques (et qui m'étonne toujours), mais dans ce cas je ne prédis pas le même succès en France qu'outre-Manche.
Tout à fait, ce film fait figure d'exception culturelle chez nous, d'ailleurs y'avait qu'à entendre les commentaires indulgents des spectateurs à la fin du film: "mouais...pas mal"
Et c'est vrai que nous Froggies on se dit en voyant Colin Firth: "pauv' choute, il se fait conduire en Rolls, bouffe du chevreuil et de la langouste à tous les repas, à une femme exquise et deux filles polies et bien éduquées...ah mais merde c'est vrai, il a aussi un monarque castrateur de papa et un frangin supérieur et infect et le pire...le pire c'est qu'il doit faire des discours radiophoniques!!! Ouais dans ce cas on pige vite qu'il vaut mieux être un RMiste séropositif et cocu.
Alors oui, il peut bien se permettre d'être irascible et colérique, surtout avec un pécore d'Australien. Je sais pas pour vous mais moi j'ai toujours trouvé que colin Firth avait une tête-à-claque.
Et puis on passe trop vite sur le contexte historique...on fait passer le frère ainé pour un être immonde car il veut seulement mener une existence normale de mondain milliardaire et qu'il n'a pas de conscience politique, et en plus sa maîtresse est une salope, on nous présente Churchill comme un look-alike débonnaire de Hitchcock plutôt sympatoche alors qu'il était lui aussi à côté de ses pompes: il avait auparavant ruiné le pays en tant que ministre des finances et jeté des tas d'ouvriers à la rue en voulant absolument conserver la parité-or de la Livre Sterling en dépit du bon sens, et ce en réduisant les aides sociales, en ne faisant rien pour éviter les licenciements, en pratiquant des taux d'intérêt élevés...non, en somme on préfère nous le faire passer pour un papy goguenard un rien comique.
Rien sur l'Angleterre des cols bleus, des petites gens, sauf quand il s'agit de nous les montrer furtivement (était-ce seulement des ouvriers?) la larme à l'oeil au pub du coin, l'oreille collée à la radio pour boire en même temps que leur pinte de Guinness les paroles de leur souverain bien-aimé.
Rien non plus sur le Premier ministre Chamberlain dont le nom est mentionné une seule fois. Il a pourtant contribué à sceller le destin de la guerre en bradant la Tchécoslovaquie, croyant apaiser l'appétit d'Hitler. On a juste droit aux propos embarassés de son prédecesseur, Baldwin, qui s'excuse de ne pas avoir vu tout de suite qu'Hitler était très méchant. Mais bon, qu'à cela ne tienne, le super king est là pour rattraper le coup nous anonner pendant vingt minutes et sur un air de Beethoven (z'auraient pas pu mieux choisir pour la circonstance qu'un compositeur allemand?): "trrrrremblez, perfides Germains, honni soit qui mal y pense, l'Empire briton vous collera la pâtée" YOUHOU!!! Ca vaut bien un Hiroshima!
Bref, faut comprendre nos voisins britons, ils ont bien le droit à l'heure des délocalisations en Chine ou en Pologne et de leurs compagnie rachetées par des Indiens, d'être nostalgiques d'une époque où leur Empire faisait encore trembler la Terre, et s'étendait de Vancouver à Calcutta. Et pis qu'on ne vienne pas leur casser leur moral, alors il nous traiteraient de vils défaitistes pétainistes et planqués bouffeurs de frogs qui prennent jamais de bain et se rasent pas les aisselles!
Mais si ç'avait été moi, l'Oscar du meilleur film, je l'aurais refilé à
True Grit