Je me tape en ce moment tous les films dans l'ordre, grâce au coffret du cinquantenaire.
Les deux premiers avec Connery sont vraiment parmi les tout meilleurs. Bons Baisers de Russie a une efficacité dans la narration qui est impressionnante (rien que la scène de l'escale à la gare, muette et couverte par les bruits de locomotive).
Goldfinger démarre la ruée vers les gadgets. La scène où Goldfinger montre son plan aux mafieux avec des boutons qui servent à chaque fois à une opération et une seule, hyper-précise qui plus est, est au bord du ridicule. Mais le principal problème du film, c'est surtout que Bond est prisonnier (et passif) durant la moitié de l'histoire. En dehors de ça, c'est la classe.
Je reste mitigé devant Opération Tonnerre. Un début hyper impressionnant et ensuite plein de scènes d'action interminables (les combats en scaphandres) avec plein de doublures de Connery (parce que ça permettait d'accélérer le tournage avec plein de secondes équipes aux quatre coins du monde).
On ne vit que deux fois est à la fois luxueux et abominablement creux et barbant. Connery s'embête visiblement et il limite son jeu au minimum syndical.
J'aime beaucoup Au service secret de sa majesté. Lazenby est quelconque, façon doublure de Connery à qui on aurait donné une promotion mais qui n'aurait pas encore appris l'art de la nuance, il y a un ventre mou au milieu, mais à partir de la capture de Bond au Piz Gloria (quel décor !), c'est peut-être le plus bel enchaînement de séquences de toute l'histoire de la série. Et c'est le dernier film avant longtemps à être fidèle au livre d'origine (et quel dommage qu'on n'ait pas continué dans le même ton pour les suivants).
Les Diamants sont éternels démarre très fort puis retombe totalement une fois que l'action s'installe à Vegas et que le couple de tueurs gays démarre ses blagues à la con. C'est très kitsch, et Austin Powers n'a pas eu besoin d'y changer grand chose pour que ça devienne une parodie.
Vivre et laisser mourir reste au même niveau de médiocrité. Moore passe mieux en VO que je le craignais, mais le tout devient assez anecdotique assez vite, la poursuite en hors-bord dure des plombes et la façon dont le grand méchant est tué (surtout les trucages) confine au ridicule.
L'Homme au pistolet d'or ? Hervé Villechaize en acolyte. La James Bond Girl la plus conne de l'histoire (sans elle, le film serait terminé au bout d'une heure vingt). Roger Moore qui n'a désormais plus qu'à claquer des doigts pour qu'une fille couche avec lui (là où il fallait deux scènes pour Connery). Les scènes de karaté. La scène de poursuite en hors bord. Et les dix dernières minutes où l'action était déjà résolue et qui essayent d'instaurer un suspense bidon.
L'Espion qui m'aimait est en revanche une franche réussite. Bon, d'accord, c'est à dominante comique, mais c'est fluide, les scènes d'action sont spectaculaires (le pétrolier, la scène pré-générique), Moore trouve le bon équilibre, la chanson est réussie et il y a les moyens. Et un bon méchant mégalo.
Ce qui rend d'autant plus atterrant la grosse mélasse qu'est Moonraker, avec la même équipe. C'est un cas où le producteur s'est dit qu'il suffirait de mettre ce qui avait marché dans L'Espion qui m'aimait un cran au dessus avec en plus une histoire à la Star Wars pour que ça soit encore mieux. Mais j'ai saturé très vite, après un début qui était encore relativement honnête. Dès qu'on arrive à Venise, ça bascule dans un univers Panthère rose avec le combat contre Cato (le musée à Murano), des dizaines de gadgets qui servent une fois pour de la démo (l'attirail d'Holly Goodhead), la course-poursuite en gondole convertible en aéroglisseur. À ce sujet, regardez-moi cet extrait et certifiez-moi que ça n'est pas Philippe Clair qui a tourné tous les plans de réaction (dont ceux du pigeon et du clebs) :
http://www.youtube.com/watch?v=_0uCz7XdcN8Et il y a ensuite une deuxième course-poursuite en bateau (vraiment la signature de la période Roger Moore...), le final dans l'espace avec des rayons laser. Sans parler du retour de Requin joué uniquement sous l'angle comique (à part la scène du carnaval à Rio) et co-production française oblige (trop de taxes en Angleterre), Jean-Pierre Castaldi, Georges Beller et Blanche Ravalec (la copine à nattes et lunettes de Requin) au générique.
(Suite et fin quand j'aurai avancé)