Quelle nuit mes aïeux, quelle nuit ! ! !
Tout d'abord, merci à zooropop et Nanoloque qui m'ont permis de passer cette nuit de débauche aux côtés de gens que j'aime et qui, à présent, savent tout, tout en n'ignorant rien, de mes penchants déviants en terme de cinéphilie...
Concernant la nuit... Par où commencer?
Comme d'habitude, le kiosque de la cinémathèque est vraiment ze plaïsse tou bi pour tout les gens de goût souhaitant divorcer d'avecque leur papilles gustatives pour maltraitance. Cette année, j'ai pu arriver assez tôt, ce qui m'a permis de mettre définitivement un nom/pseudo sur presque chaque visage, contrairement aux années précédentes où, arrivant à un kiosque déjà bondé, j'avoue ne pas avoir osé demander à chaque personne rencontrée de décliner son identité forumique... Donc, tout d'abord, un salut fraternel à mes premiers interlocuteurs Jeff Hersson, Troglo et ses fulgurances calembourdines, Créature, Captain Beyond et Wilsonleyack qui a alterné discussions au kiosque sur Philippe Clair et séances de ciné mainstream à la Cinémathèque !
Puis, au fil de l'après-midi, ponctué d'apparitions de Greenpeaciens avec du lierre dans les cheveux et une pétition au bout des doigts (le stylo est fourni...), tournant autour de la cinémathèque comme des espèces marines carnivores protégées, la fine fleur de notre forum bien aimé s'est montrée, fidèle au rendez-vous et prêts à en découdre avec les célèbres grattons, un saucisson au goût de mousse de canard restée au soleil trop longtemps, une bière artisanale goût choucroute, un fromage à l'ail où on aurait oublié de rajouter le fromage, du cidre qui colle au palais et du fromage à tartiner qui pique (dont certaine prétendait que non, elle ne voyait pas ce qu'on lui trouvait de si rebutant, mais elle devait être immunisée...). Le tout s'est terminé comme il se doit par la désormais fameuse teurgoule kobalesque...
Sinon, dans la série "j'y étais" j'affirme que j'étais présent quand, pour la première fois, "ROTOR" (j'attends les conclusions de l'enquête du commissaire Jason pour ôter ces guillemets) a décliné son identité devant un parterre de réservistes ébahis avant de remettre à qui de droit une VHS flambante neuve de Benoît Voyou sortie tout droit de son sac à dos, sac tenant pour le coup lieu de Boîte de Pandore (jeu de mot pour initié !) tant il est vrai qu'après la remise de cette offrande mythique, le monde ne sera plus jamais le même (faudra vérifier ce qu'en dit Nostradamus...). Sinon, j'eus l'insigne honneur de servir un fond de verre de Punch maracuja à monsieur Fabien Gardon (oui, celui-là même...), grand moment qui me vaudra certainement l'admiration de mes arrières petits enfants...
Puis tel un peuple élu quittant son sol de résidence en route vers la Terre promise, ce fut l'exode vers la Cinémathèque. Dans la file d'attente, je devise joyeusement avec Skunkhead (
--------> QUI ECRIT TELLEMENT BIEN... <-------- ), Siry, Oph et La créature de l'opportunité de confier à Jean Jacques Rousseau (le cinéaste, pas le tâcheron du verbe) le poste de grand stratège de nos armées, discussion visant à tenter d'oublier l'angoisse qui grandit en moi alors que s'approche le guichet derrière lequel se trouve la fameuse et terrifiante LISTE DES INVITES. Et si mon nom ne s'y trouvait pas? Et si les organisateurs, tout à leur préparation d'un événement dont on sait d'emblée qu'il marquera durablement les mémoires, avaient, tels des Dieux de l'Olympe dont chaque action ou décision pèse lourdement sur la destinée des mortels, zappé ma misérable petite personne? L'angoisse grandit lorsque je vois qu'un forumeur au pseudo palindromique déjà cité plus haut n'est apparemment pas sur le tableau récapitulatif des membres conviés à cette soirée exceptionnelle. Son visage, digne et impassible (comme un cyborg, tiens tiens...), m'amène à penser qu'il s'agit d'une comédie mise en place à l'avance afin d'attirer les regards de l'assistance sur son cas et ne rendre plus éclatant l'instant de triomphe au cours duquel on lui signifiera que l'absence de son nom sur la liste n'est dû qu'au fait qu'il figure au tableau des supers VIP autorisés à siéger parmi la Team tout au long de la nuit. (quant à moi, j'étais bien sur la liste...)
Nous entrons dans la salle. Skunkhead est à ma gauche, Greyhunter à ma droite, Snake Void devant, je suis plutôt bien entouré, surtout que les deux derniers se livreront tout au long de la soirée à des tournois de jeux de mots débiles (La créature est hors concours...) accueillis par de courts applaudissements des connaisseurs. Et comme un effet Battement d'aile du papillon très Samboïen (pour reprendre une précédente remarque), une visite impromptue de Snake Void à Beaubourg il y a quelques temps déchaînera un ouragan d'imitations de Patrick Sébastien par Snake et Ozy tout au long de la nuit. Il faut avoir subi le froid et le buffet du kiosque pour comprendre...
La nuit commence (ce résumé me fait penser au sketch de la revue de presse du dernier spectacle des Inconnus...). Au cours des cuts et B.A., j'ai appris :
- qu'un individu qui pète sur un lit déclenche un ouragan sous le sommier,
- qu'André Hunnebelle fut dans la première partie de sa carrière spécialiste des films dont le titre commence par un M (et il a persévéré après avec des titres comme Le Mossu, Le Mapitan et la fameuse série des Mantômas, lointain parent du terrible Mentofesse)
- qu'acteur porno, c'est un métier pas facile, surtout quand il s'agit de garder son sérieux dans les scènes de dialogue...
- que si Dieu a mis les Alpes entre la France et l'Italie, c'est pour incompatibilité d'humour...
- que Le jumeau est un film super, un film d'Yves et de Robert (cela dit, le film en lui-même est sympathique bien qu'Yves Robert lui-même dise après coup que caster Pierre Richard pour un rôle de séducteur prêt à donner de sa personne pour se taper des jumelles, c'était une erreur)
- que le racisme anti fesses blanche existe
... et je sais à présent dire
Opération Goldman en trois langues différentes.
Sinon, ce que j'ai trouvé vraiment cool, c'est que la Cinémathèque parvienne à retrouver EXPRES les B.A. des films de Cuneyt Arkin pour en faire la surprise à la Team Nanarland. Juste retour des choses envers ceux qui nous ont tant donné au cours de cette inoubliable nuit !
D'un autre côté, j'ai aussi apprécié les réactions de la salles déjà, comme ça a été signalé, lors de la BA de Rambo, mais aussi tout au long de la soirée où même les "allô !" ont trouvé grâce à Brigade anti-sexe une raison d'être en dépassant leur statut de meme. Il n'y a pas eu de surenchère graveleuse sous couvert d'humour, sauf dans les limites autorisées, tout comme les remarques bon enfant adressées tout au long de la soirée à Jean-François Rauger (à qui nous devons à la fois le concept de "jouissance oculaire" et sa concrétisation). Il arrive souvent que, quand une personnalité participe à des manifestations décalées et accepte avec bonne grâce les adresses directes, certains en profitent pour jouer la surenchère pour faire marrer leurs potes et ne réussissent qu'à créer un malaise. Ce n'est pas le cas ici, sans doute parce que JFR is GOD. Perso, j'ai adoré le "On a reconnu la cravate, Jean-François !".
Concernant les quizz, je commencerais par poser une question aujourd'hui sur toutes les lèvres : "whatever happened to Kevo42?". Si celui-ci a brillé par son absence lors d'un quizz final où il aurait une fois de plus fait sensation, il faut une fois de plus rendre hommage aux deux animateurs qui n'ont reculé devant rien, pas même les allusions les plus osées envers les sympathiques participantes, pour nous divertir, leur participation se concluant par des lancers de DVD n'ayant miraculeusement fait aucune victime, sauf le mur droit de la salle sauvagement agressé par Rico alors qu'il ne lui avait rien fait, le tout sous le regard ému d'un Jean-François Rauger dont les choix de cravates ont failli déclencher l'intervention de la brigade anti-sexe. C'est pas pour rien qu'il a prétexté une tradition de la N.E. pour s'en débarrasser discrètement au profit d'une spectatrice qui doit actuellement être cuisinée par ce voleur de cigare d'Orlando, secondé par Tiphanie qui a déjà réservé une table pour deux au réfectoire du Palais de Justice...
Ah oui sinon, comment vous avez fait pour trouver au pied levé un doubleur nanar qui double qui prend l'accent chinois aussi bien pour doubler un hispanique qu'un américain pur-jus (qui s'exprime donc dans un français impeccable, comme de juste) ?
Même si le premier film diffusé a visiblement fait polémique, j'avoue que personnellement, je l'ai bien apprécié. Ses longueurs, ses dieux amorphes mettaient bien en condition et ne m'ont fait que plus apprécier la folie furieuse des films suivants. Pour moi, il avait sa place à la N.E. mais si on l'avait programmé à un autre moment de la soirée, le public, déjà à fond, n'aurait peut-être pas suivi. Perso, j'ai bien aimé les promenades décontractées de Vulcain dans la campagne, les longs plans séquences de marche servant l'histoire en rappelant au spectateur que tout cela se déroule dans un monde anté-euclidien, donc pas encore au courant pour aller d'un point à un autre, la ligne droite est sensée être le chemin le plus court (Pierre Desproges me contredira sur ce point, et c'est bien ce qui m'emmerde...).
Enfin, les poses lascives de Vénus, la tour en bois de Mars, le cabotinage éhonté de Gordon Mitchell qui te nanardise une scène en deux répliques et un rire, le jeu d'hallucination intériorisée de Neptune qui n'aura d'égal dans l'avenir que celui de Brian dans Spaced, le non-jeu bressonnien de Vulcain, le côté couteau suisse scénaristique de Géo, et le généreux tour de poitrine d'Etna, admirablement servi par la mise en scène (bizarrement, dans ces moments-là, personne n'a rien trouvé à redire à la durée des plans) m'ont fait tomber sous le charme de cette production transalpine...
Anecdote marrante : pendant la pause, j'ai discuté avec une suédoise qui, soi-disant, passait par là. Méfie-toi cinémathèque, ILS SAVENT QUE NOUS SAVONS !
Venons-en maintenant au second film. Au tout début, j'ai eu peur. Parce qu'un film au tempo lent, pour ouvrir doucement la soirée, ça va, mais deux d'affilée, ça aurait peut-être fait un peu trop. Mais très vite, à la faveur d'un plan très long clôturé par Tiphanie qui se cogne contre la porte automatique, scène suivie par le premier discours de Jason au cours duquel il leur dit qu'il n'a finalement rien à leur dire et qu'ils peuvent repartir, le ton est posé.
Ce film m'a intrigué au plus haut point. J'avoue avoir été très étonné par certains choix de mise en scène et notamment le long plan-séquence filmé par Tiphanie (bien qu'on voit l'équipe technique dans un reflet) qui commence dans la voiture (avec demi tour en trois temps), se poursuit par l'arrivée à la carrière où se trouve la victime, continue avec la découverte et le désentuyautage du corps, culmine avec l'apparition de Jason avant de se finir par une "levée du corps" qui a dû être assez éprouvante pour la comédienne, surtout la fin où les comédiens forcent visiblement pour la faire entrer dans la voiture pour ne pas avoir à refaire le plan...
De ce côté-là, les séquences de découvertes de corps sont les moments les plus attendus du film. Comme dans un Se7en où l'on est atteint d'une forme de curiosité malsaine qui nous donne envie de découvrir très vite quelle mise en scène macabre John Doe a imaginé pour le prochain péché capital, ici, on attend avec une certaine impatience le nouvel élément constitutif de véhicule motorisé qui sera employé par le chauve moustachu à chaussures blanches pour "tuer" sa victime, on se demande jusqu'où nos héros iront dans l'humour noir tellement décomplexé que j'ai franchement cru pendant une bonne partie de l'oeuvre que le tueur était l'un des trois et surtout, SURTOUT, SURTOUT ! ! ! !, on attend la nouvelle apparition en mode "il devait être planqué dans le coffre tellement il sort de nulle part" de l'inénarrable commissaire Jason. Cet homme est un mystère, dont les entrées de champs sont d'autant plus WTF que ses problèmes de coeur l'empêchent de se déplacer trop vite, sauf quand y a du couple sado-maso en serre de jardin au bout du panoramique...
A partir de là, on ne s'étonne plus de rien, ni de Tiphanie qui drague une victime de viol comme un gros lourd en boîte de nuit ("si personne veut de toi après ce que t'as vécu, moi je veux bien, hein...), ni du "running gag" du cigare qui laisse espérer, en vain, un règlement de compte final (que de la gueule !) mais j'avoue que Jason m'aura surpris jusqu'au bout vu qu'à la fin, bien que l'appelant comme tout le monde de mes voeux, je ne croyais qu'à moitié que le tueur à la queue sautée pour cents balles
s'écroulerait pile aux pieds du commissaire. MAIS ILS L'ONT FAIT ! ! ! Et le plan de la fleur clôt en beauté le métrage... Et au passage, ce film en remontrerait au Tarantino de Death Proof qui déclarait que son film était un giallo dont l'arme du crime était une voiture. Brigade anti-sexe est la preuve qu'il n'a que très superficellement développé cet aspect du film... Par contre, lui quand il reprend du Ennio Morricone, il ne tente pas d'enfumer la SACD en prétendant que c'est de la musique de chambre... Enfin si c'était pas du Morricone, c'était très bien imité...
Comme tout le monde, je trouve que Sambo était un choix idéal de troisième film, une oeuvre qui réserve son lot de surprises, commençant par un combat à la balle rebondissante sortie de nulle part et qui, après, ne s'arrête plus. On s'emmêle un peu au début entre les identités des deux Sambo girls, on a un premier fou-rire de dialogue non-sensique "Voici maintenant machine qui restera avec nous tant que son père n'aura pas payé la rançon...", on hallucine devant la cascade systématiquement raté de traversée de fenêtre (une utilisation astucieuse du hors-champ puisque ce qui fait rire, c'est surtout qu'on imagine bien l'acteur ou l'actrice se rétamer lamentablement de l'autre côté du mur)... Ajoutez à ça des sbires totalement incompétents vu le court délai entre le moment où ils sortent du champ et celui où Sambo y entre, une séquence de combat motorisé qui, bien que spoilé, contient son lot de moments forts, notamment une succession de plans d'accidents de motos ou de triporteurs non justifiés sur lesquels on imagine bien la musique de Benny Hill ou des commentaires à la Vidéo-Gag et une séquence sur la plage qui résume à elle-seule toute la nanardise du film : dans une mise en scène à la Eaux Sauvage, Sambo fait discrètement l'inventaire de ses muscles faciaux pendant toute la scène tandis que sa copine blablate à tout va, puis il va se baigner dans un magnifique slip noir qu'il a dû concevoir lui-même tandis que sa copine se fait enlever comme la première Isabelle venue. FAIL ! ! !
Note aux apprentis cascadeurs : si vous devez réaliser une cascade en voiture de nuit, évitez de mettre un casque rouge pétant.
Enfin, Ninja American Warrior, encore une fois attribuée à tort à Godfrey Ho, a fini la soirée en beauté. Si l'an dernier j'avais un peu eu du mal devant la ninjaterie proposée, jusqu'à un final mirifique, ici ce fut du tout bon et bien que les raccords de film à film soient moins fréquents qu'ailleurs, cela est pallié par leur outrance. Le coup du masque blanc, le dialogue dos à la caméra, le champ-contrechamp jour nuit lors de la mengeance du ninja envers la femme traitresse, c'est que du bonheur.
Si, comme on l'a déjà dit, le métrage hong-kongais est la partie nanardement faible de l'oeuvre (tout en contenant de bons passages) pour la partie avec le ninja blanc, c'est du tout bon avec notamment une séquence de bunker qu'on croirait destinée à rendre directement hommage au soutien des cinéphiles français envers le travail du réalisateur (c'est notamment ce que fit la production de Prison Break après avoir constaté que c'était en France qu'elle avait le plus de succès). Comme l'année dernière, le plus gros concentré de nanar se trouve dans la dernière séquence où c'est un véritable festival d'idées en mousse, de mannequins en bois et d'hommage conjoint au trucage Arrêt de caméra de Méliès et à la Belle Verte. La tentative de fuite du traumatisé du Viet-Nam (faut le comprendre aussi, c'était pas sa guerre) est magnifique et tout ça se termina par un serment d'allégeance du public envers la toute puissance américaine en matière d'efficacité guerrière.
Bref, la Nuit excentrique, c'est sympa.