Catégorie Kitschs et bis sympasOpération Goldmand'Antonio Margheriti
avec Anthony Eisley, Wandisa Guida, Folco Lulli
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La bande-annonce fit sensation à la Nuit Excentrique mais cet eurospy 60's s'avère une très honnête bisserie. A priori, rien de neuf côté scénar (un mégalomane s'empare d'un rayon laser pour dominer le monde) mais la deuxième moitié du film est d'une fantaisie réjouissante. Un bon spectacle kitsch.
Grand souvenir de la BA qui nous apprenait à dire "Opération Goldman" dans quatre langues différentes lors de sa diffusion à la 9ème Nuit Excentrique. Bon, je me doutais qu'avec Margheriti à la barre, on tiendrait plus une bonne série B qu'un nanar, et ça n'a pas loupé. Après un démarrage un peu tranquille, le rythme va crescendo et le film finit par livrer un spectacle de bande-dessinée de plus en plus délirant et réjouissant. Le pitch est agréablement clichetonesque : un savant est kidnappé, et dans le même temps les fusées de la NAZA subissent des sabotages. Les services secrets font donc appel à leur meilleur agent, Harry Sennet, un super espion playboy qui tombe comme il se doit toutes les nénettes, à commencer par sa supérieure hiérarchique. Sauf que le scénario offre une originalité par rapport aux trouze milles autres jamesbonderies 60's... car notre héros ne se sert jamais d'armes, mais dispose d'un crédit illimité à la banque qu'il peut utiliser dès qu'il le juge utile pour mener à bien ses missions (à plusieurs reprises, on le voit proposer un chèque d'un million de dollars à un sbire le tenant en joue pour qu'il lui laisse la vie sauve, et ça marche !). Une sorte de MacGyver avant l'heure, mais en beaucoup plus onéreux pour les caisses de l'état. On le surnomme Goldman.
Goldman est joué par Anthony Eisley, héros de "The Mighty Gorga", célèbre à l'époque auprès du public américain pour avoir été l'une des vedettes de la série "Hawaiian Eye" qui passait alors sur ABC. Il était semble-t-il amusé par le recours au système D que déploya Antonio Margheriti pour reproduire James Bond avec dix fois moins de budget. A noter qu'il s'est teint en blond pour l'occasion. Cet acteur livre une très honorable prestation et confère une certaine épaisseur à son personnage, tout en la jouant décontracté, à l'image du reste du film qui ne se prend pas trop au sérieux.
Le film baigne en effet dans un joyeux délire à partir de mi-métrage, lorsque notre héros, progressant dans son enquête, est capturé par les sbires du méchant et conduit dans la base sous-marine top-secrète de ce dernier. Rehte, le mégalo de service, veut devenir "le seul et unique maitre de l'Univers" (mouhahaha !) et pour ce faire, il a mis au point un plan machiavélique : il oblige le savant kidnappé (mais si ! rappelez-vous, celui dont je vous ai parlé dans le premier paragraphe...) a fabriquer pour lui un rayon laser surpuissant qu'il compte installer sur la lune, d'où il aura la possibilité de "détruire et anéantir la surface de la terre". Ainsi, il tiendra à sa merci les gouvernements et pourra les faire chanter et exiger n'importe quelle rançon de leur part. C'est pour pouvoir installer tranquillement son laser lunaire sans être découvert qu'il détruisait les fusées de la NAZA, afin que ceux-ci ne puissent pas aller sur la lune et découvrir ainsi ses plans. Il est méchant, hein ? Et comme si ça ne suffisait pas, il cryogénise les scientifiques dont il a déjà utilisé les services afin de les garder en réserve pour plus tard, et il tente aussi de cryogéniser le héros. Mais évidemment celui-ci s'échappe et fait tout péter dans la base high tech du méchant avant que celui-ci ait pu s'enfuir à bord de sa fusée (celle qu'il comptait utiliser pour transporter le rayon laser sur la lune).
Le méchant, joué par Folco Lulli. Il faut reconnaitre que son QG a de la gueule.
Les otages avant...
... et après décryogénisation.Antonio Margheriti nous offre une jolie profusion de maquettes, d'explosions et de bastons sur un rythme soutenu, et avec une générosité qui fait plaisir à voir. Il y a cependant une séquence authentiquement nanarde, qui mériterait amplement un cut pour une Nuit Excentrique : le héros vient d'apprendre que les méchants veulent faire exploser en vol une fusée qui doit être lancée depuis Cap Kennedy. Ni une ni deux, il décide de foncer à tout allure avec sa voiture de sport rouge sur la rampe de lancement pour empêcher le décollage, en faisant exploser la fusée au sol !!!
Non seulement, cette idée est d'une débilité et d'un non-sens totales mais il faut vraiment voir la façon dont la scène est filmée pour le croire. Dans un montage complètement bordélique, Margheriti mélange n'importe comment et en l'espace de dix secondes des stock-shots de la NAZA, des plans d'une voiture jouet balancé hors-champ sur une fusée jouet, des gros plans tourbillonnants du héros dans sa voiture, des "Paré à déclencher l'opération dans cinq secondes." déclamés par les sbires préparant leurs sale coup, et conclue cet instant de folie pure par un plan de la main du méchant faisant sauter le bouchon d'une bouteille de champagne. Car oui, durant les deux tiers du film, on ne voit que les mains du méchant pianotant de temps en temps sur le clavier de son ordinateur "high tech" et donnant des ordres hors-champ, histoire d'entretenir le suspense sur son identité.
Une jolie surimpression à l'ancienne.
Un attentat à la voiture jouet (c'est infiniment plus grotesque en mouvement). On passera sur le fait que le héros survive à l'explosion d'une fusée à réacteur atomique en pleine poire sans une égratignure.
De la sbirette à choucroute et du sbire encagoulé à la "Danger Diabolik".Donc, au final, un sous-James Bond aux couleurs, décors et looks agréablement kitschs et bien sympatoche qui n'hésite jamais à donner dans le spectaculaire malgré ses carences budgétaires (qui ne se voient d'ailleurs pas tant que ça à l'écran, grâce au talent et au savoir-faire d'Antonio Margheriti). Du bon vieux cinéma bis au charme suranné à regarder avec de la nostalgie et un regard d'enfant.
La capsule spatiale ressemble quand même un peu à un étron.