Perso, ça m'est arrivé deux fois de sortir de la salle avant la fin du film. La première, c'était pour Le Boulet, que j'avais déjà vu mais dont j'avais manqué les premières minutes. Comme je l'avais aimé à l'époque, un jour où j'avais deux heures de libre, j'y étais retourné. Mais il y avait des gros relous bourrés dans la salle, qui se promenaient dans les allées pour le fun et s'adressaient les uns aux autres d'un bout à l'autre de la salle en gueulant. N'ayant pas envie d'aller me prendre la tête avec eux, je suis parti dès la fin des dix minutes précédemment manquées. La seconde fois, c'était pour Avengers 1. Je m'étais fait une grosse journée ciné et, alors que je me fais ça souvent, cette fois, j'ai eu une grosse migraine au tout début de la séance (projection en 3D en plus). Donc je suis rentré chez moi et je suis retourné voir le film le lendemain matin.
Mais à ces deux exceptions près, je mets effectivement un point d'honneur à rester jusqu'au bout du film, même s'il est mauvais, agaçant de prétention, ou particulièrement long. Pour ce dernier cas, j'ai le souvenir de séances mémorables mais pour de bonnes raisons, qui valaient donc la peine de sortir de la séance sur les rotules après avoir passé quatre heures, voire plus, assis sur un fauteuil mal rembourré : le director's cut du Dernier Empereur sur l'écran gigantesque du défunt Grand Ecran de Place d'Italie (il y avait quand même un entracte) et, très récemment, A la folie, documentaire chinois qui suit pendant 3h50 les "pensionnaires" d'un hôpital psychiatrique chinois, sans commentaire, interviews ni fil narratif. Après, j'ai aussi eu droit à Lawrence d'Arabie, Tess, America America et Il était une fois en Amérique (version longue) à la séance de 22H du festival de Bologne où les 3-4 heures de projection sur des chaises en plastique qui te scient les omoplates sont compensées, bien sûr par les films, mais aussi par le cadre : une projection en plein air sous les étoiles, dans l'air frais d'un début d'été italien, où les musiques de Maurice Jarre ou Ennio Morricone se répercutent sur les façades historiques de la Piazza Maggiore.
Mais en général, le cinéma est l'idéal pour les films longs, et plus particulièrement des classiques, puisqu'il nous débarrasse d'emblée de la tentation de faire une pause et nous oblige à aller au bout de l'expérience, nous permettant alors de comprendre la façon dont une séance pouvait être vécue il y a plusieurs décennies (ah, les films épiques de quatre heures avec Ouverture orchestrale et entracte savamment placé à un moment clef du récit...)
Sinon, je ne me suis jamais endormi au cinéma, pas même à la Nuit Excentrique (vous connaissez?
) où je suis plutôt chargé de réveiller mes voisins qui piquent du nez (une amie me remercie encore régulièrement de l'avoir réveillé une fois juste à temps pour qu'elle puisse voir les seins d'Alice Sapritch dans Le Führer en Folie). Il peut m'arriver de fermer les yeux quelques secondes (genre pendant la seconde moitié du Festival de Bologne, après déjà plusieurs jours de cinéphagie intensive...) mais je n'ai jamais perdu le fil de l'histoire ni même manqué une scène. Sinon, il m'est souvent arrivé de me retrouver seul dans une salle de cinéma, en particulier parce que j'ai longtemps eu pour habitude de me rendre aux séances de 9h des cinés parisiens. La première fois, c'était pour A la dérive, le film de Guy Ritchie avec Madonna. Je me souviens aussi du récent Jane Eyre et, il y a deux semaines, Entre Amis.
Enfin, j'ai aussi souvent pu voir des gens se barrer pendant la séance, par exemple pendant Alexandre d'Oliver Stone : salle blindée un samedi soir, vidée au tiers à la fin du film. Pareil pour Irréversible de Gaspar Noé. J'ai surtout observé ça pendant la vague de remakes de classiques du cinéma d'horreur avec des salles blindées d'ados en couple, le gars entourant d'un bras protecteur les épaules de sa douce, laquelle le tirait vers la sortie après seulement une demi-heure de projection. Parce qu'on peut penser ce qu'on veut de ces films (Halloween de Rob Zombie, La dernière maison sur la gauche, Massacre à la tronçonneuse), n'empêche qu'ils ont quand même une ambiance plus pesante que le Teen-Movie horrifique classique à base de jump-scares... J'ai aussi souvent observé des vagues de sortie dans les cinés près de Montparnasse (notamment pour Hell Boy 2 où près de 10 spectateurs se sont barrés), et j'en ai déduis que, peut-être, aller au cinéma était une façon comme une autre d'attendre l'heure d'embarquement dans le train... Alors si le film ne leur plaisait pas, ils allaient flâner ailleurs...
Ca m'est déjà arrivé quelques fois de voir, dans un cinéma proche de Place d'Italie que je ne nommerais pas, des couples aller s'enfermer dans les toilettes auxquelles on avait accès directement depuis la salle, pour revenir à leurs fauteuils l'air de rien quelques minutes plus tard. Voilà voilà...