Titre original : Balkanskiy Rubezh
Réalisateur : Andrey Volgin
Année : 2019
Pays : Russie/Serbie
Genre : Fuck NATO! (
Catégorie : Guerre)
Durée : 2h10
Acteurs principaux : Anton Pampouchny, Milena Raduloviç, Milos Bikovic, Iouri Koutsenko, Aleksandar Sreckovic
Dès que défilent les sponsors, on sent qu'on va avoir droit à plus que de la finesse : de la dentelle. Film coproduit entre la 20th Century Fox, le Ministère de la culture de la Fédération de Russie et le Ministère de la culture de la République de Serbie ! Dire qu'on a affaire à de la bonne grosse propagande nationaliste et révisionniste tombe sous le sens. Et comme en matière de bourrinage nationaliste, les Russes sont des pros qui font de la propagande fun, on passe un bon moment et on est pris par l'histoire. Ce malgré l'abjection du propos qui résonne en plein avec l'actualité tant il exalte la fibre belliqueuse et revancharde de la Russie et de son indéfectible allié serbe autour d'un roman binational sur le fameux
"précédent" du Kosovo, brandi par Poutine pour justifier ses (ex)actions tour à tour en Tchétchénie, en Géorgie, en Crimée, dans le Donbass et aujourd'hui contre l'ensemble de l'Ukraine.

L'action démarre en 1995, en Bosnie Herzégovine. Une petite unité d'élite de l'armée russe, soumise à la tyrannie de l'OTAN, capture un criminel de guerre bosniaque et l'embarque en hélico. Le Bosniaque est bien sûr tellement evil que quand un soldat russe s'est interposé pour empêcher un compagnon d'arme de poignarder le
"terroriste" blessé, ce dernier a aussitôt poignardé son sauveur dans le dos tellement il est méchant. Alors quand un sale morveux de technocrate véreux de l'OTAN donne l'ordre de relâcher le
"terroriste" (qui nargue aussitôt les héros d'un air goguenard), le chef du commando balance le prisonnier de guerre bosniaque en plein vol. Son commandant les fait descendre de l'hélico lui et son commando pour leur sauver la vie et ils sont condamnés à mort par contumace.
1999 : Belgrade sous les bombes. La caméra s'attarde longuement sur les pancartes
"NATO = Nazis" et
"Clinton = Hitler" des manifestants serbes. La situation a changé à Moscou, la Serbie (qui attache beaucoup d'importance au respect des droits de l'Homme et au droit international) est contrainte d'abandonner le Kosovo et les renseignements russes retrouvent la trace des héros en Yougoslavie et les recrutent pour une mission secrète : en échange de l'amnistie, du retour en héros dans la mère patrie et d'un bon paquet de billets verts, ils doivent s'emparer d'un aéroport stratégique contrôlé par les
"terroristes" albanais au Kosovo pour permettre aux casques bleus de l'Armée rouge de sauver les civils serbes menacés par les seigneurs de guerre islamistes.
"La paix est notre métier !"Que les frappes de l'OTAN (qui ne s'est pas encombré de quelque chose d'aussi superficiel que demander un mandat de l'ONU) aient tué des centaines de civils innocents et que les indépendantistes kosovars de l'UCK aient commis de nombreux crimes de guerre sur lesquels les occidentaux fermèrent les yeux, ce n'est pas à démontrer. Mais évidemment, le roman national de la pauvre Serbie innocente et martyr, sans bien sûr une seule allusion à la politique raciste de Slobodan Milosevic qui mit le feu aux poudres, puis le nettoyage ethnique des Albanais, les camps de la mort, le fait que l'opération militaire de l'OTAN avait avant tout pour but de mettre fin au génocide (un vrai, celui-là) d'un dictateur qui foutait la merde dans les Balkans depuis dix ans, bref, tout ce récit binaire à mort ça ne pourra convaincre qu'un nationaliste serbe ou russe, ou un spectateur ignorant, ou encore un électeur RN ou Reconquête. Bref, le film est ultra-manichéen et sans aucune nuance du début à la fin, et nous délivre gravement son message avec une conclusion sur fond de musique larmoyante pour le "devoir de mémoire" à destination des générations futures.

Le héros…

… et l'héroïne. Leur amour triomphera-t-il de la folie génocidaire de l'OTAN ?
Pour autant, ça reste un bon film d'action, bien fait, bien joué et bien réalisé, avec un vrai sens du rythme et du spectacle. Les persos sont attachants même si ce sont tous des archétypes déjà vus cent mille fois : le héros russe, beau gosse, tête brulée, méga-viril, hyper-badass, indestructible, sa romance avec une infirmière serbe en détresse (blonde comme il se doit), le commandant russe paternaliste qui rouspète mais qui aime tendrement ses hommes, la snipeuse badass qui prouve à tout le monde qu'elle a la plus grosse paire de couilles (elle est brune of course), le comique de la bande (un Tatar gratiné), le Serbe qui ne vit plus que pour venger sa famille massacrée, le gentil Albanais-quota ethnique (mais blond aux yeux bleus, bien rasé et beau gosse, histoire de le différencier des sauvages basanés et hirsutes de l'armée ennemie), le mercenaire désabusé qui fait ça pour le fric mais qui se sacrifiera in fine pour sauver tout le monde, le vieux sage nostalgique de l'URSS… Et en face de ces Russes et Serbes courageux et altruistes, des Albanais vraiment très très très méchants commandés par l'ignoble Smuk. Aaah, Smuk… Une caricature vivante, moche, grimaçant, cabotinant à fond et sadique à souhait, qui jubile de tuer femmes et enfants pour la grandeur d'Allah. Un autre point de vue sur la guerre des Balkans (mouhahaha !), un rien partial (hum…), mais quand même sympa à regarder et qui n'a rien à envier aux blockbusters américains. A noter une petite apparition d'Emir Kusturica.

La snipeuse, badass à souhait. Elle débarque en lançant à ses compagnons d'arme
"Salut les gonzesses !" et elle se recoud elle-même son épaule déchirée par une balle sans anesthésie. Elle est certes clichée mais elle est vraiment cool.




Cette immonde raclure de bidet de Smuk. C'est-y pas du méchant terroriste de premier choix, ça ?