JACK TILLMAN a écrit:
Je ne pense pas que rire des Nazis soit devenu plus difficile qu'à l'époque où Chaplin tournait
Le Dictateur. Les Hitler nanars seront toujours une valeur sûre de mon point de vue.

Disclaimer : en me relisant j'utilise parfois le "tu", ça vise personne, le lecteur peut être. Pensez plus "on". Merci
Certes, ce n'est pas plus difficile, et les horreurs de leur passé en font des méchants très facilement. Et c'est là que ça coince. Parce que ça rend les réalisateurs flemasses, voire dégueulasses, "parce que ce sont des nazis".
Alors on peut penser a cette phrase dans OSS117, "pourquoi c'est nous les nazis qui avons le mauvais rôle", et je vais tout de suite crever un abcès : vous aurez toujours le mauvais rôle (au moins dans mon cœur : le STO de mon papi vous emmerde, au passage, entre autres).
Cependant, la figure du nazi a tendance, et oui inglorious bastards, c'est à toi que je pense, à rendre le réalisateur flemmard et odieux, prêt à justifier toutes les avanies commises par ses protagonistes par le fait que c'est sur des méchants. Ce serait cathartique, je pourrai comprendre, dans un but de propagande post guerre, à une époque où les vaincus du nazisme en avaient encore le sale gout dans la bouche.
Cependant cela fait longtemps que cette époque est terminée, et aujourd'hui n'importe quel enfant ayant suivi un minimum ses cours d'histoire sait que celle-ci est plus complexe, et qu'elle ne se limite pas au camp du bien et celui du mal, et que de nombreuses zones grises ont existé, entre résistance et collaboration, entre divergences stratégiques entre membres des alliances. On pourrait par là regarder la guerre americano japonaise et sa conclusion affreuse. Car lorsque little boy est lachée, les USA ne sont pas vraiment dans la position de l'alliance rebelle dans l'épisode IV, et c'est dans le simple but de montrer à l'Europe et à l'Asie, Russie en tête, comment elle a travaillé ses dorsaux et ses pecs ces derniers temps (et pourquoi pas un test en tir réel par la meme occasion).
Au delà de cette nouvelle page d'horreur ouvert par "le camp du bien", la figure du nazi du siècle dernier permet d'occulter toute zone d'ombre, afin de ne choquer personne. En effet, quand tes méchants sont des terroristes du Moyen Orient, tu peux toujours toucher une partie de la population qui pourrait froncer les sourcils. Là tu as un méchant dont la mort ne fera réagir personne, et donc tu peux te lancer dans les pires trucs sans que cela soit choquant. C'est à dire, quelle est la morale de tout cela? Du moment que la personne est encartée "nazi" (et là encore, dans les films on peine généralement à distinguer la Wehrmacht, l'armée régulière, des SS, les forces spéciales très endoctrinées et fanatisées), tu peux te permettre n'importe quoi, en ne sachant même pas quel est son rôle réel dans cette guerre (il est peut etre juste secrétaire, simple garde, collaborateur industriel qui souhaite sauvegarder son entreprise,...) bref sans se poser la question de savoir quelle est son histoire, son origine et son arrivée dans cette histoire, son positionnement fais de toi le potentiel juge et bourreau, avec autorisation des pires tortures, celle que tu reproches à une partie des instigateurs des pires moments de cette époque. Par ailleurs on oublie dans tout cela le rôle en france de la gestapo, on oublie Vichy, on ne parle pas du rôle de la Russie dans tout ce bordel, des pactes et Alliances qui renvoient Game of Throne à la catégorie Bac à sable, et j'en passe. Bientôt, on se souviendra juste qu'en 33, des nazis ont poussé dans les champs allemands comme de la mauvaise herbe, et qu'ils ont voulu conquérir le monde en tuant tout le monde comme des démons de mauvais jeu de rôle.
Par ailleurs ici ce n'est pas tant le choix du nazi qui me pose problème, que celui du héros, qu on dira ici anti héros, passque oui c'est pas bien en effet ce qu'il fait,meme si c'est jouissif, et ohlàlà que j'ai inondé mon jean quand il met le doigt dans le trou de ball... Enfin le doigt dans la blessure de la fille (si si des gens ont ri dans la salle à ce moment), et que la salle entière s'est soulevée de joie lors du massacre final (moment finalement pas si climactique, mais cette joie soudaine a fait résonnance dans ma tete avec cette scène ou les nazis applaudissent sur le film du sniper dans le clocher : ce n'est pas tant l'écho d'une haine tenace et d'une vengeance filmique qui est vécue par cette foule hurlante, qui a fait une standing ovation dans la scène, qu'un éloge bouillant à ce déchainement de violence gratuit). Je conçois les films de vengeance, je conçois la détermination de la victime prise de cette folie liée au trauma, à cette cathartique revancharde. Mais pas à une bande de rigolards qui pensent que la violence c'est cool, alors allons tabasser des nazis, personne ne nous le reprochera si on leur coupe les couilles et qu'on en fait des sautoirs.
Voilà. La guerre c'est dégueulasse. Les armes, c'est dégueulasse. La violence, c'est pas drôle. Inglorious basterds et Tarantino me débectent, car ils justifient cette violence de la manière la plus facile et gratuite qui soit. Et Tarantino restera dans mon coeur une grosse merde incapable de faire un film qui ne soit pas une resucée de ce qu'il trouve dans sa vidéothèque.
Bon j'aurai pu me déchainer sur Kickass, Borderlands, la galaxie Marvel, et beaucoup d'autres, mais là on parlait nazis, alors voilà...