https://www.nanarland.com/chroniques/na ... antis.htmlCONTRE-CHRONIQUEJ'ai toujours été surpris de la présence des
Sept Cités d'Atlantis sur Nanarland. Je ne vous cache pas que la chronique m'a tellement irrité à la première lecture que je ne l'avais jamais relue depuis ma découverte du site aux alentours de 2007-2008 (il y a environ 18 ans, ce qui ne nous rajeunit pas). A mon humble avis, c'est précisément le genre de critique qui donne du grain à moudre aux anti-Nanarland. A mes yeux, c'est exactement comme si un
Sinbad de Ray Harryhausen s'était retrouvé sur notre site préféré avec le label "gros nanar".
D'accord, j'ai découvert le film enfant, et il y a une dimension madeleine de Proust, mais pour l'avoir revu maintes fois depuis (et pas plus tard qu'hier soir), je ne vois pas en quoi il constituerait un "mauvais" film sympathique. C'est au contraire une très bonne série B d'aventures, témoignage d'un petit âge d'or des films de mondes perdus à l'anglaise dans les années 70, porté par ce brave Kevin Connor, un artisan passionné et compétent avec une patte bien reconnaissable. La superbe musique de Mike Vickers, la belle photographie d'Alan Hume, la mise en scène maîtrisée, l'atmosphère aboutie et prenante, l'interprétation impeccable des fidèles de Kevin Connor (que l'on retrouve dans tous ses films de cette période), le doublage français de grande qualité (assuré par des pointures comme Philippe Ogouz, Dominique Paturel, Bernard Tiphaine, William Sabatier et Evelyn Séléna), les effets spéciaux soignés, à commencer par la pieuvre géante grandeur nature qui attaque et coule le bateau (honnêtement, on a des doutes pour distinguer les plans où le navire est une maquette, car le montage rend la séquence très convaincante), le rythme haletant des péripéties, le bon mélange d'humour et de noirceur (comme souvent chez Kevin Connor, ça ne se finit pas très bien pour l'idylle de ce bon Doug McClure), les peintures sur verre et les transparences tout à fait crédibles la plupart du temps... Bref, pas grand-chose qui penche vers le nanar. Bien sûr, les monstres caoutchouteux en animatroniques ont aujourd'hui pris un coup de vieux mais demeurent tout à fait corrects pour l'époque (leur aspect peut parfois prêter à sourire mais leur animation et leurs interactions avec les comédiens sont soignées). Et les méchants portent des coupes de cheveux ridicules, mais c'est quand même un peu maigre pour faire de tout le film un nanar.
Quant au scénario délirant, il est tout à fait dans l'esprit des romans d'Edgar Rice Burrhoughs, dont ce film n'est pour une fois pas une adaptation (contrairement au
Sixième Continent, à
Centre Terre : Septième Continent et au
Continent Oublié). Outre les inspirations julesverniennes (
Voyage au Centre de la Terre et
20 000 Lieues sous les Mers notamment), le scénariste Brian Hayles s'est peut-être aussi inspiré du
Monde Perdu sous la Mer de Sir Arthur Conan Doyle, dans lequel trois explorateurs, deux savants et un marin, partaient explorer le milieu de l'Atlantique dans un bathyscaphe et étaient attaqués par un monstre marin préhistorique, qui coupait le câble de leur cloche sous-marine, les entrainant jusqu'à la cité de l'Atlantide, dont les habitants devaient lutter contre des monstres gigantesques. C'est en outre un des rares films, à ma connaissance, qui fasse le parallèle entre l'Atlantide et le fascisme, ce qui ne manque pas de pertinence. Et c'est probablement le meilleur des nombreux films qui ont été faits sur le Triangle des Bermudes dans les années 70 (certes, la plupart ne brillèrent pas par leur qualité).
S'il fallait à tout prix chroniquer une œuvre de Kevin Connor sur Nanarland, à la rigueur,
Centre Terre : Septième Continent aurait eu au moins quelques arguments convaincants (monstres notoirement grotesques, même au regard des standards de l'époque, habitants du centre de la Terre parlant un français impeccable...), même si, personnellement, je le considère plutôt comme une bonne série B gentiment kitsch, à la manière du
Continent Fantastique de Juan Piquer Simon (et puis l'immense Peter Cushing y livre l'une de ses prestations les plus attachantes en savant là encore très julesvernien).
Bref, je ne pense pas que ce cher Kevin Connor mérite nos lazzis pour ce divertissement charmant et très généreux, qui a certes vieilli, mais qui, de mon point de vue, ne vaut pas de se retrouver dans la même catégorie que
Le Retour du Capitaine Nemo et
Lorna la Lionne du Désert.
